Bulletin de la Société pour la Conservation des Monuments Historiques d'Alsace (2.Sér. 5.1866-1867)

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logie, et nous ne risquerons guère de nous tromper. A peu de distance
du caslel impérial et simultanément avec lui, on construisait l'église parois-
siale de Saint-George, basilique romane tertiaire du milieu du douzième
siècle. Elle eut la bonne fortune de traverser les temps les plus difficiles, les
bombardements successifs de la ville la respectèrent et les brandons incen-
diaires de 1678 vinrent s'éteindre à ses pieds. Si, aujourd'hui, Saint-George
ne se présente plus dans son intégrité originaire, si divers siècles lui ont fait
subir certaines modifications, les trois nefs romanes attestent et son style
primitif et la valeur de ses formes magistrales. Vous la connaissez sans
doute, Messieurs, et nous n'avons pas besoin de vous dire quel en est le
mérite et combien elle nous est personnellement chère. En prenant pour
point de départ les particularités essentielles de ce style, en réduisant ses
proportions, en ennoblissant ses matériaux et en ornant de rinceaux ses
chapiteaux cubiques, vous arriverez à vous faire une idée nette et sûre de
la basilique de la Burg. Style roman du douzième siècle, colonnes de
marbre ou plutôt de granité rouge comme le revêtement, chapiteaux
cubiques couverts d'ornements, fûts de colonnes, se rétrécissant en ligne
droite, arceaux de plein cintre, telle a dû être l'ordonnance et le détail
de chaque travée. Toute pensée de style différent de celui en usage au
douzième siècle dans les régions rhénanes, doit être soigneusement, écar-
tée, et si nous avions à vous nommer une image assez fidèle de ce qu'a
dû être la basilique de la Burg impériale, nous citerions l'église d'Oltmars-
lieim, réduite à des dimensions plus modestes et exécutée avec une pureté
de formes plus parfaite.

Ces traditions semblent avoir laissé des traces dans la ville de Haguenau,
et lorsque, près d'un siècle après la destruction du château impérial et de
sa chapelle, on éleva l'hospice actuel, la chapelle fut établie sur un plan
dont les lignes principales rappellent la basilique octogonale de la Burg.

Voici les incidents qui marquèrent les dernières années d'existence de
la basilique et le sort réservé à ses ruines : Lorsque, en 1628, le magistrat
de Haguenau mit la chapelle à la disposition des Pères Jésuites, qui venaient
de transférer leur collège dans l'enceinte de la Burg, ce fut à la condition
que le caractère du monument ne serait pas altéré. Un document déposé
aux archives de la ville établit que le Père Becteur s'engagea formellement
à ne jamais la démolir, «puisque c'étoit l'église la plus ancienne de la ville
et de la chambre libre impériale de Haguenau », et de l'épargner dans les
changements qui pourraient devenir nécessaires dans la suite1. Ce contrat
honore également et le magistrat et les Pères. De 1628 à 1678, ces clauses
1. Archives municipales, liasse concernant le collège des Jésuites;