DOI Heft:
[Mémoires]
DOI Artikel:Fischer, Dagobert: L' abbaye de Saint-Jean-des-Choux
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19863#0143
L'ABBAYE
DE SA1NT-JEAN-DES-CH0UX.
Au commencement du douzième siècle, un noble descendant des Francs-
Saliens, Je comte Pierre de Lulzelbourg, fils de Frédéric, comte de Mon-
cion, marquis de Suze, et d'Agnès de Savoie1, était l'un des seigneurs les
plus puissants de l'Alsace; il jouissait de la plus haute considération et pou-
vait se glorifier d'une longue suite de nobles ancêtres et de son alliance
avec l'illustre et royale maison de Hugues Capet. Ses riches domaines s'é-
tendaient sur l'un et l'autre versant, des Vosges; le château féodal qui por-
tait son nom dominait la romantique vallée où la Zorn roule ses eaux
limpides. Ce seigneur, qui avait consacré, sur la fin de ses jours, son âme
à la foi et aux choses saintes, désirait faire vivre son nom dans la mémoire
des hommes par des fondations pieuses, et réparer ses nombreuses injus-
tices envers l'Eglise. L'un de ses domaines,.le village de Meyenheims-
willer, situé non loin de Saverne, dans un site agréable, sur le flanc d'une
montagne assez élevée, avait vu tomber en ruines son église, qui, sans
être paroissiale, percevait les dîmes de tous les colons du village; les
serfs dépendant de cette localité, quoique attachés à une paroisse étran-
gère, étaient à leur mort portés à celte église et y trouvaient leur sépul-
ture. Pierre conçut la pensée de la reconstruire pour le salut de son âme,
et de faire donation du village de Meyenheimswiller à Wernher, abbé du
monastère de Saint-Georges, dans la Forêt-Noire, au diocèse de Con-
stance2. Sa femme Itta et son fils Réginald ne s'opposèrent pas à ses vœux.
Cet opulent seigneur commença aussi la construction d'un monastère des-
tiné à abriter une colonie de religieuses de l'ordre de Saint-Benoît. L'abbé
Wernher soutenait, par tous les moyens qui étaient en son pouvoir, une
œuvre aussi sainte qu'utile au pays, et Pierre regarda comme le plus grand
1. Louis, comte de Moncion, époux de Sophie de Lorraine, fut l'auteur des comtes de
Montbéliard, de Ferrette et de Ltitzelbourg, et l'aïeul de Pierre; il mourut en 10G5.
2. L'abbé Wernher, qui présidait alors glorieusement aux destinées du monastère de
Saint-Georges, était un descendant de la famille des comtes de Zimbern; il mourut sainte-
ment le 14 décembre 1131. Le bourg de Saint-Georges est situé à deux lieues de Triberg
(grand-duché de Bade).
H' Série. — T. V. — (M.) i
DE SA1NT-JEAN-DES-CH0UX.
Au commencement du douzième siècle, un noble descendant des Francs-
Saliens, Je comte Pierre de Lulzelbourg, fils de Frédéric, comte de Mon-
cion, marquis de Suze, et d'Agnès de Savoie1, était l'un des seigneurs les
plus puissants de l'Alsace; il jouissait de la plus haute considération et pou-
vait se glorifier d'une longue suite de nobles ancêtres et de son alliance
avec l'illustre et royale maison de Hugues Capet. Ses riches domaines s'é-
tendaient sur l'un et l'autre versant, des Vosges; le château féodal qui por-
tait son nom dominait la romantique vallée où la Zorn roule ses eaux
limpides. Ce seigneur, qui avait consacré, sur la fin de ses jours, son âme
à la foi et aux choses saintes, désirait faire vivre son nom dans la mémoire
des hommes par des fondations pieuses, et réparer ses nombreuses injus-
tices envers l'Eglise. L'un de ses domaines,.le village de Meyenheims-
willer, situé non loin de Saverne, dans un site agréable, sur le flanc d'une
montagne assez élevée, avait vu tomber en ruines son église, qui, sans
être paroissiale, percevait les dîmes de tous les colons du village; les
serfs dépendant de cette localité, quoique attachés à une paroisse étran-
gère, étaient à leur mort portés à celte église et y trouvaient leur sépul-
ture. Pierre conçut la pensée de la reconstruire pour le salut de son âme,
et de faire donation du village de Meyenheimswiller à Wernher, abbé du
monastère de Saint-Georges, dans la Forêt-Noire, au diocèse de Con-
stance2. Sa femme Itta et son fils Réginald ne s'opposèrent pas à ses vœux.
Cet opulent seigneur commença aussi la construction d'un monastère des-
tiné à abriter une colonie de religieuses de l'ordre de Saint-Benoît. L'abbé
Wernher soutenait, par tous les moyens qui étaient en son pouvoir, une
œuvre aussi sainte qu'utile au pays, et Pierre regarda comme le plus grand
1. Louis, comte de Moncion, époux de Sophie de Lorraine, fut l'auteur des comtes de
Montbéliard, de Ferrette et de Ltitzelbourg, et l'aïeul de Pierre; il mourut en 10G5.
2. L'abbé Wernher, qui présidait alors glorieusement aux destinées du monastère de
Saint-Georges, était un descendant de la famille des comtes de Zimbern; il mourut sainte-
ment le 14 décembre 1131. Le bourg de Saint-Georges est situé à deux lieues de Triberg
(grand-duché de Bade).
H' Série. — T. V. — (M.) i