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L’ÉGLISE DE SAINT-PIERRE-LE-JEUNE A STRASBOURG.
La fondation delà collégiale de Saint-Pierre-le-Jeune nous reporte dans
la première moitié du onzième siècle. Le terrain qu’elle occupe faisait
alors partie d’un faubourg situé hors de l’enceinte fortifiée et qui ne fut
réuni à la ville qu’un demi-siècle plus tard. Un hospice, selon les uns,
selon d’autres, une église paroissiale dédiée à sainte Colombe, y avait été
bâtie à une époque qu’aucune chronique ne précise. Il est permis de
croire que l’invasion des troupes du duc Hermann de Souabe, si désas-
treuse pour notre ville, ne ménagea pas plus ce petit sanctuaire qu’elle
n’avait épargné notre cathédrale et l’église de Saint-Thomas, qui devinrent
la proie des flammes. Ces circonstances peuvent nous expliquer sa recon-
struction.
Elle fut faite sur un plan plus vaste par l’évêque Guillaume Ier, oncle
de l’empereur Conrad le Salique. L’année même où la nouvelle église de
Saint-Thomas fut consacrée (1031) et pendant que notre basilique métro-
politaine se relevait lentement, ce prélat jeta les fondations de l’église de
Saint-Pierre, appelé le Jeune pour la distinguer de l’église plus ancienne,
placée sous le même vocable et située à une autre extrémité de la ville.
Elle fut achevée en moins de vingt ans, sous l’épiscopat de Iletzel, et con-
sacrée l’an 1050 par notre pape alsacien Léon IX, qui y laissa sa dalma-
tique en souvenir. En 1039 l’évêque Guillaume avait fondé huit canonicals
pour le service divin; Iletzel en porta le nombre à quatorze; au quinzième
siècle, l’évêque Robert de Bavière y ajouta un quinzième, chiffre main-
tenu jusqu’à la révolution.
Je ne puis en ce moment m’occuper de l’historique de cette collé-
giale, dont le rôle n’a pas été sans importance dans les annales de notre
ville et qui a compté dans son sein des hommes distingués, comme Pierre
Schott, Munthard, Jeanjean, etc., je me bornerai à un exposé succinct de
son développement architectural. A défaut de renseignements écrits, le
monument lui-même nous fournira les dates approximatives de ses recon-
structions, qui accusent deux époques distinctes.
Les étages inférieurs du clocher occidental sont les seuls restes de la
construction primitive. Les baies sont en plein cintre; les chaînes d’an-
gles et les chaînes intermédiaires ainsi que les arcadures romanes sont
en pierre de taille; le reste est construit en moellons. Un incendie arrivé en
1330 dévora toute la charpente du clocher, qui devait, d’après les termes
L’ÉGLISE DE SAINT-PIERRE-LE-JEUNE A STRASBOURG.
La fondation delà collégiale de Saint-Pierre-le-Jeune nous reporte dans
la première moitié du onzième siècle. Le terrain qu’elle occupe faisait
alors partie d’un faubourg situé hors de l’enceinte fortifiée et qui ne fut
réuni à la ville qu’un demi-siècle plus tard. Un hospice, selon les uns,
selon d’autres, une église paroissiale dédiée à sainte Colombe, y avait été
bâtie à une époque qu’aucune chronique ne précise. Il est permis de
croire que l’invasion des troupes du duc Hermann de Souabe, si désas-
treuse pour notre ville, ne ménagea pas plus ce petit sanctuaire qu’elle
n’avait épargné notre cathédrale et l’église de Saint-Thomas, qui devinrent
la proie des flammes. Ces circonstances peuvent nous expliquer sa recon-
struction.
Elle fut faite sur un plan plus vaste par l’évêque Guillaume Ier, oncle
de l’empereur Conrad le Salique. L’année même où la nouvelle église de
Saint-Thomas fut consacrée (1031) et pendant que notre basilique métro-
politaine se relevait lentement, ce prélat jeta les fondations de l’église de
Saint-Pierre, appelé le Jeune pour la distinguer de l’église plus ancienne,
placée sous le même vocable et située à une autre extrémité de la ville.
Elle fut achevée en moins de vingt ans, sous l’épiscopat de Iletzel, et con-
sacrée l’an 1050 par notre pape alsacien Léon IX, qui y laissa sa dalma-
tique en souvenir. En 1039 l’évêque Guillaume avait fondé huit canonicals
pour le service divin; Iletzel en porta le nombre à quatorze; au quinzième
siècle, l’évêque Robert de Bavière y ajouta un quinzième, chiffre main-
tenu jusqu’à la révolution.
Je ne puis en ce moment m’occuper de l’historique de cette collé-
giale, dont le rôle n’a pas été sans importance dans les annales de notre
ville et qui a compté dans son sein des hommes distingués, comme Pierre
Schott, Munthard, Jeanjean, etc., je me bornerai à un exposé succinct de
son développement architectural. A défaut de renseignements écrits, le
monument lui-même nous fournira les dates approximatives de ses recon-
structions, qui accusent deux époques distinctes.
Les étages inférieurs du clocher occidental sont les seuls restes de la
construction primitive. Les baies sont en plein cintre; les chaînes d’an-
gles et les chaînes intermédiaires ainsi que les arcadures romanes sont
en pierre de taille; le reste est construit en moellons. Un incendie arrivé en
1330 dévora toute la charpente du clocher, qui devait, d’après les termes