1587, on apprit à Strasbourg que quelques milliers d’hommes à cheval
avaient passé le Rhin et allaient envahir l’Alsace. La panique fut générale;
on se cache, on se sauve; l’évêque se réfugie dans le château de Haut-
Barr.
Du côté de la Lorraine s’avançait le duc de Bouillon; il s’empare de
Phalsbourg, descend dans le Kochersperg. Des dégâts sont commis sur
son passage. Deux cents fantassins allemands remontent le Rhin et oc-
cupent la Wanzenau; vingt mille Suisses entrent par la Haute-Alsace; les
Lorrains, qui occupent les défdés des Vosges, au nord de Saverne, des-
cendent aussi dans la plaine et dévastent les bailliages qui relèvent de
Hanau-Lichtenberg. La disette se fait sentir dans tout le pays.
Au commencement du mois d’août 1587, Wasselonne, Schiltigheim,
Bischheim sont dévastés par les troupes du duc de Bouillon. Alors M. de
Ségur-Pardaillan, l’envoyé de Henri, roi de Navarre, quitte Strasbourg et
décline, au nom de son maître, toute responsabilité avec cette invasion.
Lorsque les bandes se retirèrent d’un pays où elles ne pouvaient plus sub-
sister, on avait à déplorer la ruine de trois cents localités. Personne,
bien entendu, ne veut être coupable; les capitulaires luthériens de la
ville de Strasbourg protestèrent plus hautement que tout le monde; ils
ne voulurent avoir rien de commun avec les pillards, sous quelque dra-
peau que servissent ces derniers.
En janvier 1588, les lansquenets allemands revinrent de l’intérieur de
la France dans un état de délabrement complet; ils avaient été battus par
le duc de Guise. Campés sous les murs de Strasbourg, ils empruntèrent
des bateaux de la ville et s’éclipsèrent en descendant le Rhin.
En face de l’hostilité de l’empereur, de la Lorraine et de Bade, la ville
de Strasbourg jugea prudent de s’allier de nouveau avec une partie de la
Suisse. Dès que l’empereur apprit ces négociations préliminaires, il fit des
menaces; on lui répondit qu’on ne se prémunissait point contre l’empire.
Le 11 mai, les députés suisses arrivèrent; à leur tête était Gaspard
Thomann, de Zurich, déjà connu et apprécié chez nous, à l’occasion du
grand tir fédéral de 157C. Il arrivait maintenant, en compagnie de douze
hommes et de trente-quatre chevaux. Deux stettmeistres, deux ammeistres,
et une compagnie d’honneur de deux cents cavaliers étaient allés à leur
rencontre jusqu’à Graffenstaden. Dans la plaine de la Metzgerau, douze
cents miliciens de la bourgeoisie les attendaient; du haut des remparts
tonnait le canon. — Le surlendemain, les délégués suisses furent reçus
par le Sénat ou le Grand-Conseil; lecture fut donnée du traité d’alliance et
le serment prêté par les parties intéressées. Strasbourg ne pouvant en-
avaient passé le Rhin et allaient envahir l’Alsace. La panique fut générale;
on se cache, on se sauve; l’évêque se réfugie dans le château de Haut-
Barr.
Du côté de la Lorraine s’avançait le duc de Bouillon; il s’empare de
Phalsbourg, descend dans le Kochersperg. Des dégâts sont commis sur
son passage. Deux cents fantassins allemands remontent le Rhin et oc-
cupent la Wanzenau; vingt mille Suisses entrent par la Haute-Alsace; les
Lorrains, qui occupent les défdés des Vosges, au nord de Saverne, des-
cendent aussi dans la plaine et dévastent les bailliages qui relèvent de
Hanau-Lichtenberg. La disette se fait sentir dans tout le pays.
Au commencement du mois d’août 1587, Wasselonne, Schiltigheim,
Bischheim sont dévastés par les troupes du duc de Bouillon. Alors M. de
Ségur-Pardaillan, l’envoyé de Henri, roi de Navarre, quitte Strasbourg et
décline, au nom de son maître, toute responsabilité avec cette invasion.
Lorsque les bandes se retirèrent d’un pays où elles ne pouvaient plus sub-
sister, on avait à déplorer la ruine de trois cents localités. Personne,
bien entendu, ne veut être coupable; les capitulaires luthériens de la
ville de Strasbourg protestèrent plus hautement que tout le monde; ils
ne voulurent avoir rien de commun avec les pillards, sous quelque dra-
peau que servissent ces derniers.
En janvier 1588, les lansquenets allemands revinrent de l’intérieur de
la France dans un état de délabrement complet; ils avaient été battus par
le duc de Guise. Campés sous les murs de Strasbourg, ils empruntèrent
des bateaux de la ville et s’éclipsèrent en descendant le Rhin.
En face de l’hostilité de l’empereur, de la Lorraine et de Bade, la ville
de Strasbourg jugea prudent de s’allier de nouveau avec une partie de la
Suisse. Dès que l’empereur apprit ces négociations préliminaires, il fit des
menaces; on lui répondit qu’on ne se prémunissait point contre l’empire.
Le 11 mai, les députés suisses arrivèrent; à leur tête était Gaspard
Thomann, de Zurich, déjà connu et apprécié chez nous, à l’occasion du
grand tir fédéral de 157C. Il arrivait maintenant, en compagnie de douze
hommes et de trente-quatre chevaux. Deux stettmeistres, deux ammeistres,
et une compagnie d’honneur de deux cents cavaliers étaient allés à leur
rencontre jusqu’à Graffenstaden. Dans la plaine de la Metzgerau, douze
cents miliciens de la bourgeoisie les attendaient; du haut des remparts
tonnait le canon. — Le surlendemain, les délégués suisses furent reçus
par le Sénat ou le Grand-Conseil; lecture fut donnée du traité d’alliance et
le serment prêté par les parties intéressées. Strasbourg ne pouvant en-