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Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Hrsg.]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 3.1903/​4(1904)

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No 4 (1904)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24673#0034
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28

BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX

vitreuse. Le verre a été légèrement attaqué par
places ; il porte çà et là, très limitées, du reste, ac-
cumulées surtout à la base, ces irisations caracté-
ristiques d’un commencement de décomposition.
La masse vitreuse présente un degré de dureté qui
la place au dessus du verre ordinaire de nos indus-
tries modernes. Au point de vue technique comme
au point de vue artistique, cette pièce est de toute
beauté.

Elle a été trouvée dans une riche sépulture à in-
cinération, datant de la première moitié du 11e siè-
cle de l’ère chrétienne (Frésin. Province de Lim-
bourg. Fouilles de M. le président Schuermans.
Septembre 1862). Cette sépulture, celle d’un
personnage de rang élevé, se trouvait protégée par
un amoncellement de terre de cinq à six mètres
de hauteur.

VASE EN FORME ü’üNE GRAPPE DE RAISIN.

Cependant, cette pièce ne peut appartenir à
l’industrie locale. Elle présente tous les caractères
du travail oriental ; elle pourrait se rattacher aussi
à la fabrication des verreries romaines de Cumes ou
des environs de Rome, où les anciens pratiquaient
les procédés techniques qu’ils avaient empruntés à
l’Orient. Nous verrons plus loin que des circon-
stances particulières et la nature de son contenu
pourraient conduire à l’attribuer, d’une façon plus

précise, au travail des verreries alexandrines.

Bien que l’emploi du moule et son invention
soient fort lointains, on ne croit pas que les ver-
riers l’aient employé avant le ive siècle. On sait,
d’autre part, que le moulage soufflé se faisait dans
des moules de métal. Les verres moulés en forme
de grappe de raisin ou en forme de fruits appar-
tiennent à la technique et au goût oriental. Cette
même tendance qui avait conduit les races sé-
mitiques à imiter, par leurs verres colorés, les
pierres précieuses les a amenées à imiter aussi les
formes naturelles et les fruits. L’Orient apporte
ces formes à la verrerie romaine et on les voit répé-
tées fort fréquemment alors que les vases de terre,
de fabrication locale, ne s’inspirent jamais des
mêmes modèles. La différence des techniques doit
être considérée comme la première cause de ce dé-
faut de pénétration, dans la poterie, des formes
naturelles empruntées à la verrerie orientale.

Les verres moulés en forme de fruits marquent
un important progrès dans l’industrie antique. On
connaît quelques exemplaires de vases de verre
moulés en forme de grappe de raisin. La collec-
tion Charvet en possédait plusieurs dont un en
pâte violacée, sans anses, considéré comme fort
beau par Froehner qui l’a décrit et publié (La Ver-
rerie antique, pl. iv); mais il est, cependant, infé-
rieur au vase de Bruxelles. Celui-ci ne paraît
avoir été mentionné que par Chalon (Plateau de
Couvry-le-Grand, p. 4), qui indique, sans plus
spécifier, qu'un vase de ce genre se trouvait au
Musée de Bruxelles.

Le vase de Bruxelles a été trouvé dans des cir-
constances qui permettent de déterminer plus ou
moins sa valeur symbolique. Il contenait, en effet,
quelques flocons d’une matière de couleur brune
noirâtre. D’après les documents du Musée du Cin-
quantenaire, que M. le baron de Loë a bien voulu,
fort obligeamment, nous communiquer, l’analyse
chimique a reconnu en cette matière des résidus
de sang desséché. Il est impossible de ne pas faire
un rapprochement entre le contenu du vase et sa
forme. On sait, en effet, que, dans la métaphy-
sique subtile qui envahit les anciens mythes de la
Grèce aux époques de décadence, la grappe de
raisin, consacrée à Bacchus, devient le symbole
de la vie renaissante ; écrasée dans le pressoir, elle
subit une première mort sous la forme du fruit
pour renaître en force féconde dans le vin que l’on
assimilait à un liquide de vie et, par conséquent,
au sang. Ces symboles, familiers à l’époque alexan-
drine, prennent leur origine dans cette hellénisa-
tion de l’Orient qui accompagne la décadence de
l’Empire romain. Nous trouvons donc, dans la
tombe de ce personnage de haut rang, mort dans
le nord de la Gaule, le témoignage d’une industrie
 
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