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Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Hrsg.]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 3.1903/​4(1904)

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No 8 (1904)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24673#0063
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3e ANNÉE. N° 8

PARAISSANT TOUS LES MOIS

MAI 1904

B U L L E TI N

DES MUSÉES ROYAUX

DES ARTS DÉCORATIFS ET INDUSTRIELS

(Antiquités, Industries cPArt, Art monumental et décoratif, Armes et Armures, Ethnographie)

A BRUXELLES

ABONNEMENTS :

Pour la Belgique ...... 5 francs. | Pour ^Etranger.6 fr. 50.

Le numéro : 50 centimes.

TAPISSERIES FRANÇAISES DES
MUSÉES ROYAUX (i).

LE spécimen de Bruxelles n’a pas, sous le rap-
port du dessin, la finesse et la distinction du
morceau entré au Louvre, mais il mérite d’être
étudié à fond non seulement par les chercheurs et
les érudits, mais aussi par ceux qui, par nécessité
professionnelle, se passionnent pour l’étude des
procédés techniques.

Abordons maintenant la grande tapisserie de la
Passion.

Lors de la vente des tentures appartenant à feu
M. de Somzée (2), elle fit sensation sur le public bru-
xellois, et, aux enchères, elle provoqua un véri-
table enthousiasme quand les représentants de nos
musées s’en rendirent acquéreurs pour le compte
de l’État.

On sait que cette tapisserie vient d’Espagne,
comme beaucoup d’excellentes choses, du reste.
Mais ce n’est pas un motif pour la considérer
comme ayant une origine espagnole. Tout d’abord,
j’avais pensé, en présence de l’intensité des colora-
tions, à en faire une production d’un atelier bruxel-
lois ; mais la composition et les types des person-
nages révèlent des préoccupations et des tendances
toutes différentes de celles de nos artistes. Certain
amateur suggérait une provenance allemande ; seu-
lement on ne trouve pas d’analogies qui justifient

(1) Voir Bulletin des Musées royaux, 3e année, n° 7,
avril 1904.

(2) Voir le Catalogue de la collection de Somzée.

cette conjecture. Aujourd’hui qu’il me soit permis
de donner les motifs qui nous font songer à une
origine française.

Il importe, avant de produire les arguments que
je crois avoir réunis, de faire une remarque d’ordre
général. En matière d’art, il faut admettre le prin-
cipe de l’influence et de la persistance des courants.
A la fin du xme et dans une très notable partie
du xive siècle, c’est l’art français qui règne dans
une bonne partie de l’Europe, non seulement par
l’autorité de ses maîtres, mais par les imitateurs
qu’il fait surgir sur une foule de points. La réac-
tion ne se fera sentir que pendant la seconde moitié
du xive siècle, et un centre de cette réaction se
manifestera dans les contrées néerlandaises, dans
des centres tels qu’Harlem et Utrecht. Le nom qui,
historiquement, domine toute la pléiade est Claux
Sluter, l’auteur du puits de Moïse à Dijon.

Le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, favo-
risa, comme il a été dit plus haut, cette tendance.
L’action du Nord grandit encore au début du
xve siècle, grâce aux événements de la guerre de
Cent ans. Rien de surprenant que, dans la suite,
des maîtres français aient pris leurs inspirations
chez des artistes de nos anciennes provinces.

M. G. Hulin, dans un article des plus intéres-
sants, montrait naguère que Nicolas Froment, si
aimé du bon roi René, avait imité un Néerlan-
dais, fait qui, certes, ne s’expliquerait point sans
la vogue dont jouissait, en France, l’art réaliste
que le génie des Van Eyck n’avait pas peu contri-
bué à populariser.

Le génie de nos voisins du Sud adoucira, il est
 
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