Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Hrsg.]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 3.1903/​4(1904)

DOI Heft:
No 7 (1904)
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24673#0056
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
50

BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX

ÉCHANTILLON DE POINT ROSE DE VENISE.

En attendant, M. Vittore Abolaffio a lui-même
prêché d'exemple. Possesseur d’un superbe échan-
tillon de Point Rose de Venise, dont il avait fait à
gros prix l’acquisition, en vue d’en reproduire le
modèle, il nous en a fait généreusement l’abandon.
Ce morceau ne mesure que 20 centimètres de lon-
gueur ; mais c’est un type parfait de la délicatesse
de travail et de l’élégance auxquelles Venise était
arrivée dans cet ordre charmant de productions. Il
constitue donc un document précieux et nous nous
faisons un devoir d’en reproduire ici la photo-
graphie.

La France et l’Angleterre sont évidemment
capables d’un élan semblable; mais combien cet
élan ne serait-il pas encouragé si l’on voyait les
dames belges aborder résolument l’œuvre des den-
telles pour ce qui les concerne.

Elles possèdent, elles aussi, dans leurs tiroirs,
beaucoup d’entre elles, du moins, l’un ou l’autre
morceau dont elles ne feront jamais rien. Pourquoi
ne pas nous l’abandonner plûtôt et lui donner
ainsi la seule destination vraiment utile qu’il puisse
encore avoir : l’enseignement. Il ne faut pas pour
cela, nous l’avons vu, de bien grandes pièces. Un
« bout » de 25 à 30 centimètres viendra déjà fort
bien à point. Chacun de ces bouts pris isolément
pourra parfois paraître un don insignifiant. Mais,
compris dans un ensemble, il y viendra souvent
combler très utilement une lacune.

Cette réunion de nombreux concours, petits et
grands, aura, du reste, encore une autre portée. Ce
n’est que par un effort collectif, en effet, et non
pas seulement par des initiatives isolées, quel-
que généreuses et opulentes qu’elles soient, qu’on
peut espérer un relèvement sérieux d’une industrie

Don de M. Vittore Abolaffio.

nationale, dont chacun en ce moment déplore la
langueur. Le groupement des spécimens dont nous
parlons sera quelque chose dans ce sens, en ce qu’il
affirmera des sympathies venant de partout et
qu’il entraînera, dès lors, des encouragements réci-
proques.

Nous n’avons parlé jusqu’ici que de simples spé-
cimens. Il va sans dire que les pièces plus impor-
tantes seront, en général, mieux venues encore.

Un obstacle peut se présenter ici : la valeur
marchande et plus encore la valeur de souvenir,
qui s’attacherait à de tels objets et ferait hésiter
leurs possesseurs à nous en faire le sacrifice.

En ce qui concerne le premier point, c’est natu-
rellement affaire de générosité, et celle-ci ne se
discute point : elle est ce qu’elle est. Quant à la
considération de souvenir, nous nous bornerons à
poser une question. Comment honorer mieux une
mémoire, en conservant pour soi tout seul et sté-
rilement, dans le fond d’une armoire que l’on
n’ouvre guère, une dentelle portée jadis par une
personne aimée, ou bien en plaçant cette dentelle,
comme un monument pieux et distingué, dans un
musée de la nation, où elle associera, aux yeux de
tous, le nom de cette même personne à l’objet
précieux et délicat qui nous viendrait indirecte-
ment d’elle ?

Reste, d’ailleurs, toujours la ressource du dépôt,
tel qu’il se pratique sur un si grand pied dans
nombre de musées étrangers, au South Kensing-
ton, par exemple, et qui, tout en conservant aux
détenteurs d’objets précieux la propriété et la libre
disposition de ces souvenirs, leur permet d’en faire
jouir le public pendant un temps qu’ils restent
libres d’apprécier. E. V. O.
 
Annotationen