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BULLETIN DES MUSEES ROYAUX
LE TRIOMPHE DE LA RENOMMÉE.
remarque entre autres, dans celle-ci, quatre gentils-
hommes derrière le char, occupés à parler. Cicéron
est représenté mettant la main à son aumônière,
comme s’il se disposait à acquitter une dette à Ho-
mère, vers qui il semble se diriger. Les tapisseries,
au surplus, sont pourvues, à la partie supérieure,
d’inscriptions qui indiquent la signification de la
scène représentée.
Citons celle qui concerne notre sujet :
De terre vient la haulte renommée.
Pour Atropos et ses deux sœurs renger.
Car chasteté elle a voulu venger.
Par son pouvoir comme dame exstimée.
La suite de Vienne comprend le triomphe de
l’Amour, de la Chasteté, de la Mort, de la Renom-
mée, du Temps et enfin celui de la Trinité (i). A
certains égards, c’est le dernier triomphe qui est
peut-être le plus intéressant par. son mélange des
(i) Voir Jahrbucli der Kunstsammhingen des allerh.
Kaiser liait ses, etc., Wien, 1884, t. II, pp. 206-208.
Dr Ernest Ritter von Birk. Inventar der im Bezitze des
Aller h'ôchsten Kaiser hanses befindlichen niederlànder Tapeten
und Gobelins. —Cette suite a été trouvée dans les biens
délaissés par l’empereur François I, décédé à Inspruck,
(Tapisserie française. XVK siècle.)
traditions médiévales et des innovations de la Re-
naissance. Sur le char apparaît le Père Eternel
tenant son divin Fils attaché à la croix. Des séra-
phins entourent ce groupe, lequel est porté sur un
char tiré par l’ange, l’aigle, le bœuf et le lion, par
allusion à la vision d’Ezéchiel. Ce char est escorté
par saint Ambroise, saint Augustin, saint Jean et
saint Grégoire.On voit les vaincus : les Parques, le
Temps, la Renommée, la Chasteté et l’Amour
foulés sous les roues du char et les pieds des saints
docteurs. L’inscription nous renseigne le sens de
cette composition :
Soubz le pouvoir des puissances encloses
Crois indivis per divine unité
Régnant la hault au lieu de la trinité
Mectent afin et domptent toutes choses.
Pour le dessin, je trouve des analogies avec des
figures de la tenture de la légende de saint Remy
conservée à la cathédrale de Reims. Cette tenture,,
le 18 août 1765. Grâce aux gravures qui accompagnent-
cet inventaire, il est possible de compléter la composi-
tion de la tapisserie du Musée. Celle-ci a été reproduite
en grande planche dans le Catalogue des collections de
M. Léon de Somzée, 1902.
BULLETIN DES MUSEES ROYAUX
LE TRIOMPHE DE LA RENOMMÉE.
remarque entre autres, dans celle-ci, quatre gentils-
hommes derrière le char, occupés à parler. Cicéron
est représenté mettant la main à son aumônière,
comme s’il se disposait à acquitter une dette à Ho-
mère, vers qui il semble se diriger. Les tapisseries,
au surplus, sont pourvues, à la partie supérieure,
d’inscriptions qui indiquent la signification de la
scène représentée.
Citons celle qui concerne notre sujet :
De terre vient la haulte renommée.
Pour Atropos et ses deux sœurs renger.
Car chasteté elle a voulu venger.
Par son pouvoir comme dame exstimée.
La suite de Vienne comprend le triomphe de
l’Amour, de la Chasteté, de la Mort, de la Renom-
mée, du Temps et enfin celui de la Trinité (i). A
certains égards, c’est le dernier triomphe qui est
peut-être le plus intéressant par. son mélange des
(i) Voir Jahrbucli der Kunstsammhingen des allerh.
Kaiser liait ses, etc., Wien, 1884, t. II, pp. 206-208.
Dr Ernest Ritter von Birk. Inventar der im Bezitze des
Aller h'ôchsten Kaiser hanses befindlichen niederlànder Tapeten
und Gobelins. —Cette suite a été trouvée dans les biens
délaissés par l’empereur François I, décédé à Inspruck,
(Tapisserie française. XVK siècle.)
traditions médiévales et des innovations de la Re-
naissance. Sur le char apparaît le Père Eternel
tenant son divin Fils attaché à la croix. Des séra-
phins entourent ce groupe, lequel est porté sur un
char tiré par l’ange, l’aigle, le bœuf et le lion, par
allusion à la vision d’Ezéchiel. Ce char est escorté
par saint Ambroise, saint Augustin, saint Jean et
saint Grégoire.On voit les vaincus : les Parques, le
Temps, la Renommée, la Chasteté et l’Amour
foulés sous les roues du char et les pieds des saints
docteurs. L’inscription nous renseigne le sens de
cette composition :
Soubz le pouvoir des puissances encloses
Crois indivis per divine unité
Régnant la hault au lieu de la trinité
Mectent afin et domptent toutes choses.
Pour le dessin, je trouve des analogies avec des
figures de la tenture de la légende de saint Remy
conservée à la cathédrale de Reims. Cette tenture,,
le 18 août 1765. Grâce aux gravures qui accompagnent-
cet inventaire, il est possible de compléter la composi-
tion de la tapisserie du Musée. Celle-ci a été reproduite
en grande planche dans le Catalogue des collections de
M. Léon de Somzée, 1902.