Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Hrsg.]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 3.1903/​4(1904)

DOI Heft:
No 10 (1904)
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24673#0080
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
74

BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX

FONTS BAPTISMAUX DE LIEGE.

l'étroit ; Jean d’Outremeuse pourrait donc être
parfaitement véridique S’IL DISAIT que Patras
mit toutes les bêtes « toute altour » du bassin ; les
bœufs seuls, en ce cas, auraient été placés de façon
à paraître soutenir la cuve ; car si le chroniqueur
liégeois dit dans ly Myreur que Patras « metit en
le forme de bachins les biestes toute altour »,
il a dit d’autre part dans sa Geste :

Vachcz et buefs y at
qui isseiit del bachin.

Mais, comme ly Myreur continue«si qu’ilh furent
le bachin tenantes ensi qu’ilh issent hors al moi-
tié », l'on peut conclure de ces deux textes réunis
que « les bêtes » ne désignent que les bœufs.

Mais revenons à l’explication de M. Ivurth.
Comment l’érudit historien peut-il admettre un
seul instant que l’artiste, ayant si admirablement
combiné et distribué les scènes de la cuve, exécute
ensuite les animaux du support au hasard, sans
mesure ni calcul, et s’aperçoive seulement au
moment de les placer que l’exubérance de vie dont
il les a doués ne lui permet pas de les employer
tous! C’est le comble de l’invraisemblance.

La thèse de M. Léon Béthune, partisan de
Patras, est infiniment plus logique : il n'a mis que
dix bœufs parce qu’il n’y en avait pas davantage
parmi les animaux fournis par Hellin, et, pourrait-
on ajouter, qu’il n’a pas voulu mêler deux bœufs
de sa main à ceux de l’artiste étranger. Mais il res-
terait toujours l’inscription qui mentionne douze
bœufs ; il faut la considérer comme apocryphe
pour admettre, avec M. Kurth, que les fonts de

Liège représentent la mer d'airain de Jéru-
salem.

Le nombre de dix bœufs ne peut être admis,
comme définitif que par les partisans de Patras
qui y trouvent, comme on vient de le voir,
un argument en faveur du texte de Jean
d’Outremeuse ; ceux de Renier ne devraient
pas l’accepter à la légère, car ils ne peuvent le
faire qu’en attribuant, comme l’a fait explici-
tement M. Kurth, une troisième erreur à la
Chronique de 1402, déjà prise en défaut sur
deux points importants ; et leur thèse se
réduirait à ceci : Jean d’Outremeuse sait quand
et par qui les fonts ont été commandés, mais
il invente le nom de leur auteur ; Jean de
Warnant ignore quand et par qui la,commande
fut faite, il ignore même combien de bêtes
supportent la cuve, mais lui seul pourtant con-
naît le véritable nom de l’artiste ; enfin cet
artiste, homme de génie dans la conception et
l’exécution de la cuve, montre une prodigieuse
étourderie dans celles de la base. Il faut bien,
avouer que tout cela ne paraît guère solide.

En disant, à propos de ces dix bœufs, un simple•
examen montre qu’il n'y en a jamais eu davantage,
l’éminent professeur semble bien faire allusion au
support tel qu’il se présente actuellement ; en
effet, le gradin de pierre auquel sont accolés les
animaux ne présente aucune trace des attaches des
deux bêtes disparues ; mais CE GRADIN EST
MODERNE ; les faits et la tradition sont d’accord-
pour l’établir.

Voyons d’abord les faits patents :

i° Les bœufs sont disposés autour du socle à'
intervalles inégaux, variant de 174 à 230 milli-
mètres ;

2° Pour les maintenir, un rivet scellé dans la
pierre traverse une plaque de métal fixée à leurs
pieds et, suivant toute apparence, ajoutée après
coup : à certains bœufs, l’opération a dégradé les-
pieds ; l’un d’eux les a même perdus complètement;
plusieurs de ces plaques métalliques dépassent le
bord de la pierre ; il en est une tellement saillante
que, sans elle, l’animal aurait un pied suspendu
dans le vide ; tout ce système d’attache paraît bâclé
par un maréchal ferrant ;

30 Chaque bête porte sur le garrot un tenon de
15 à 20 millimètres de hauteur; ces pièces, dont
on ne voit pas l’utilité dans l’état actuel des choses,
sont toutes visibles et dépassent le bord inférieur
du bassin ; presque toutes l’effleurent, mais il en
est qui ne l’atteignent même pas.

Ces dispositions illogiques, ces maladresses, cette
distribution négligée des animaux à des intervalles.
 
Annotationen