DOI Heft:
No. 25 (3 juillet)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.26613#0233
No 25. — i875.
BUREAUX, 3, RUE LAFFITTE,
3 juillet.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés il une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique “des Arts et de la Curiosité.
PARIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an.. 12 fr. | Six mois.. , 8 f 'r.
LES ENVOIS DE ROME
L’exposition annuelle des envois de Rome
a été ouverte dimanche à l’Ecole des beaux-
arts. Si elle ne présente aucun morceau de
l’ordre du Gloria victis, de M. Mercié, en 1873,
ou de la grande composition de M. Blanc, en
1871, l’ensemble cependant est des plus satis-
faisants, et il est impossible de ne pas recon-
naître que cette exposition est plutôt en hausse
iju’en baisse sur celles des précédentes années.
Elle témoigne, pour le moins, d’un grand
effort de travail à la Villa Médicis ; elle montre
aussi, quoi qu’en disent ses ennemis, que l’in-
stitution est encore, grâce à Dieu, pleine de
force et de vitalité.
Le temps et l’espace nous manquent pour
apprécier, comme elle le mériterait, cette im-
posante réunion d’œuvres d’art; nous ne pou-
vons faire qu’une rapide énumération.
Dans la peinture, nous avons particulière-
ment remarqué le grand tableau de M. Le-
matte, élève de 4° année, Oreste poursuivi par
les Furies, après le meurtre de Clytemnestre, La
scène, se passe dans le temple de Delphes, dont
les robustes colonnades servent de rideau de
fond. Cette architecture est peut-être un peu
théâtrale, mais elle encadre bien le jeu de la
figure d’Oreste et le beau mouvement des
Furies vengeresses. Il y a, dans cette vaste com-
position, avec de nombreuses inexpériences de
jeunesse et d’inévitables réminiscences d’école,
des audaces d’invention et des accents de des-
sin qui nous donnent grande opinion des tra-
vaux ultérieurs de M. Lematte. C'est aussi
l’histoire de la famille des Atrides qui a in-
spiré M. Toudouze, élève de 3e année. Sa Mort
d’Agamemnon est une œuvre bizarre et trou-
blante, qui est pleine de très-rares qualités,
mais qui .demande à être revue plus longue-
ment pour être bien jugée. 11 en faut dire au-
tant de sa curieuse esquisse du Samson tour-
nant la meule. M. Ferrier, élève de seconde
année et auteur très remarqué d’un Enlève-
ment de Ganymède, au Salon de cette année, a
envoyé une charmante Bethsabée, peinture
chaude, harmonieuse, ambrée, pleine de déli-
catesse et de transparence, d’une excpiise fraî-
cheur de coloris et d’une très-remarquable
habileté d’arrangement et d’exécution, mais
qui, à cause même de ses trop modernes sé-
ductions de couleur et de facture, nous in-
quiète pour l’avenir du talent de M. Ferrier.
M. Ferrier est trop bien doué pour n’avoir pas
tout à craindre de la voie où il semble vou-
loir entrer. Il a certes mieux à prétendre que
d’être une doublure affaiblie de M. Bougue-
reau. Fort intéressant aussi est l’envoi de
lro année, de M. Morot, une Etude de jeune fille.
Il y a, dans cette gracieuse peinture, des mor-
ceaux de modelé d’une valeur très-line.
Dans la sculpture, nous citerons : un bel
Achille assis, en marbre, de M. Lafrance,élève
de 4e année ; le l'ersce et la Gorgone, morceau
très-mouvementé, où l’on sent une évidente
préoccupation du faire de M. Mercié, par M.
Marqueste, élève de 3e année ; les quatre envois
dcM.Goutan, de 2e année : OEdipe et le Sphinx
(bas-relief), Bros, VAgriculture (bas-relief dé-
coratif) et une copie du Rémouleur, qui témoi-
gnent d’une facilité heureuse; enlin le Bon
Samaritain, œuvre fort distinguée de M. Idrac.
élève de lre année.
Dans la gravure en taille-douce, nous cite-
rons les noms de MM. Jacquet et Boutelié ;
dans la gravure en médailles, celui de M. Du-
puis ; dans l’architecture, celui de M. Thomas,
qui a envoyé une très-remarquable restitution
du grand temple d’Apollon Didyméen, à. Milet,
que les fouilles, exécutées aux frais de M. Ed-
mond de Rothschild, ont récemment mis au
jour, et dont on peut voir au Louvre les su-
perbes débris; et ceux enfin de M. Ulmann,
qui a envoyé un essai de restauration de
l’Acropole d’Athènes, et de MM. Bernier et Lam-
bert, qui tous deux exposent de curieuses étu-
des d’architecture antique.
L. G.
BUREAUX, 3, RUE LAFFITTE,
3 juillet.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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PARIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an.. 12 fr. | Six mois.. , 8 f 'r.
LES ENVOIS DE ROME
L’exposition annuelle des envois de Rome
a été ouverte dimanche à l’Ecole des beaux-
arts. Si elle ne présente aucun morceau de
l’ordre du Gloria victis, de M. Mercié, en 1873,
ou de la grande composition de M. Blanc, en
1871, l’ensemble cependant est des plus satis-
faisants, et il est impossible de ne pas recon-
naître que cette exposition est plutôt en hausse
iju’en baisse sur celles des précédentes années.
Elle témoigne, pour le moins, d’un grand
effort de travail à la Villa Médicis ; elle montre
aussi, quoi qu’en disent ses ennemis, que l’in-
stitution est encore, grâce à Dieu, pleine de
force et de vitalité.
Le temps et l’espace nous manquent pour
apprécier, comme elle le mériterait, cette im-
posante réunion d’œuvres d’art; nous ne pou-
vons faire qu’une rapide énumération.
Dans la peinture, nous avons particulière-
ment remarqué le grand tableau de M. Le-
matte, élève de 4° année, Oreste poursuivi par
les Furies, après le meurtre de Clytemnestre, La
scène, se passe dans le temple de Delphes, dont
les robustes colonnades servent de rideau de
fond. Cette architecture est peut-être un peu
théâtrale, mais elle encadre bien le jeu de la
figure d’Oreste et le beau mouvement des
Furies vengeresses. Il y a, dans cette vaste com-
position, avec de nombreuses inexpériences de
jeunesse et d’inévitables réminiscences d’école,
des audaces d’invention et des accents de des-
sin qui nous donnent grande opinion des tra-
vaux ultérieurs de M. Lematte. C'est aussi
l’histoire de la famille des Atrides qui a in-
spiré M. Toudouze, élève de 3e année. Sa Mort
d’Agamemnon est une œuvre bizarre et trou-
blante, qui est pleine de très-rares qualités,
mais qui .demande à être revue plus longue-
ment pour être bien jugée. 11 en faut dire au-
tant de sa curieuse esquisse du Samson tour-
nant la meule. M. Ferrier, élève de seconde
année et auteur très remarqué d’un Enlève-
ment de Ganymède, au Salon de cette année, a
envoyé une charmante Bethsabée, peinture
chaude, harmonieuse, ambrée, pleine de déli-
catesse et de transparence, d’une excpiise fraî-
cheur de coloris et d’une très-remarquable
habileté d’arrangement et d’exécution, mais
qui, à cause même de ses trop modernes sé-
ductions de couleur et de facture, nous in-
quiète pour l’avenir du talent de M. Ferrier.
M. Ferrier est trop bien doué pour n’avoir pas
tout à craindre de la voie où il semble vou-
loir entrer. Il a certes mieux à prétendre que
d’être une doublure affaiblie de M. Bougue-
reau. Fort intéressant aussi est l’envoi de
lro année, de M. Morot, une Etude de jeune fille.
Il y a, dans cette gracieuse peinture, des mor-
ceaux de modelé d’une valeur très-line.
Dans la sculpture, nous citerons : un bel
Achille assis, en marbre, de M. Lafrance,élève
de 4e année ; le l'ersce et la Gorgone, morceau
très-mouvementé, où l’on sent une évidente
préoccupation du faire de M. Mercié, par M.
Marqueste, élève de 3e année ; les quatre envois
dcM.Goutan, de 2e année : OEdipe et le Sphinx
(bas-relief), Bros, VAgriculture (bas-relief dé-
coratif) et une copie du Rémouleur, qui témoi-
gnent d’une facilité heureuse; enlin le Bon
Samaritain, œuvre fort distinguée de M. Idrac.
élève de lre année.
Dans la gravure en taille-douce, nous cite-
rons les noms de MM. Jacquet et Boutelié ;
dans la gravure en médailles, celui de M. Du-
puis ; dans l’architecture, celui de M. Thomas,
qui a envoyé une très-remarquable restitution
du grand temple d’Apollon Didyméen, à. Milet,
que les fouilles, exécutées aux frais de M. Ed-
mond de Rothschild, ont récemment mis au
jour, et dont on peut voir au Louvre les su-
perbes débris; et ceux enfin de M. Ulmann,
qui a envoyé un essai de restauration de
l’Acropole d’Athènes, et de MM. Bernier et Lam-
bert, qui tous deux exposent de curieuses étu-
des d’architecture antique.
L. G.