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La chronique des arts et de la curiosité — 1875

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No. 37 (27 novembre)
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No 37. — 1875.

BUREAUX, ;, RUE LAFFITTE.

27 novembre.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LE SAMEDI MATIN

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la Chronique des Arts et de la Curiosité.

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EXPOSITION DES ŒUVRES DE BARYE

Nous sommes ainsi faits dans notre aimable
pays que nous ne sentons vraiment le prix de
nos grands hommes que le jour où nous les
perdons. Tel a été le cas de Gérieault et de
Delacroix, tel est aujourd’hui celui du grand
statuaire Barye, qui vient de mourir dans le
silence et presque dans l’oubli. Nous ne dirons
pas que l’Exposition de ses œuvres, organisée
à l’Ecole des beaux-arts, sera une révélation
pour ceux qui depuis tantôt quarante ans ai-
maient et suivaient l’artiste en ses sentiers so-
litaires aussi bien que pour ceux qui, plus
jeunes, ont eu la curiosité de regarder et d’é-
tudier, mais elle aura certainement servi à
mettre à son rang, pour la masse du public,
l’une des figures les plus remarquables de l’art
français. Il n’est pas plus grand que nous le
pensions, mais il le sera désormais pour tout
le monde,

A ne prendre que le sculpteur animalier,
personne ne contestera que Barye 11e soit un
artiste véritablement supérieur, un artiste de
génie. Ses bronzes d’animaux seront dès main-
tenant au nombre des œuvres d’arl les plus
rares et les plus dignes d’être recherchées.
Que vient-on crier à la décadence d'un siècle
qui, en cinquante ans, pour ne parler que
de la sculpture, espace des hommes comme
Rude, Barye et Carpeaux ! Comme les deux
autres, Barye a su imprimer à ses ouvrages un
caractère essentiellement moderne de vie et
d’originalité. Vivant, il l’est avant tout et avec
une énergie invincible. Mais ce qui, à nos yeux,
le rend si grand, c’est qu’à ce sentiment inné
de la vie, il joint la constante préoccupation
de ce qui seul fait les œuvres vraiment fortes,
du style. Comme les Egyptiens et comme les
Grecs, il cherche la grandeur dans la simplifi-
cation des formes. Ses fauves rugissent et ram-

pent, ils ont toute la souplesse câline, toute
l’élasticité de muscles, toute la férocité d’appé-
tits que leur a données la nature, mais ce qui
nous émeut en eux, c’est leur fierté monumen-
tale, c’est leur calme imposant. A la synthèse
sublime de l’art égyptien, Barye joint tout le
naturalisme des temps nouveaux. Voyez ses
grands lions du guichet du Louvre, son Thésée
combattant le Minotaure, son Tigre dévorant un
crocodile, ou cette admirable Lionne au repos
qui illustre le travail, si chaleureux et si sin-
cère, que M. Paul Mantz a consacré à notre
grand sculpteur dans le numéro d’avril 1867
de la Gazette des Beaux-Arts1.

Le catalogue de l’Exposition de l’Ecole des
beaux-arts ne comprend pas moins de 656 nu-
méros. Ce chiffre n’est point si énorme qu’il
en a l’air, puisqu’il est formé pour moitié de
peintures à l’huile, d’aquarelles et de dessins.
A vrai dire même, il y a trop de peintures et
pas assez de bronzes. Il y en a beaucoup,
parmi les meilleurs qu’il ait faits, que nous
n’avons pas retrouvés. En revanche, nous re-
grettons qu’on ait cru devoir exposer cette
masse d’études peintes, qui se répètent pour
l’œil avec une fatigante monotonie. On aura
beau faire, nous doutons qu’on prenne jamais
Barye pour un grand peintre. Il a fait de su-
perbes aquarelles, de facture et de coloration
absolunent originales, il a fait surtout d’ad-
mirables dessins au crayon, sortes de croquis
anatomiques in anima vili, qui témoignent
d’une conscience et d'une volonté à toute
épreuve; mais laissons, de grâce, sa peinture
pour ce qu’elle est, comme un passe-temps
qui ne tire pas à conséquence. Que nous im-
porte qu’il ait trouvé quelques colorations
étranges et robustes, exprimé çà et là une im-
pression vigoureuse ; il n’en est pas moins cer-
tain que sa peinture est effroyablement som-
bre, opaque, lourdement maçonnée, sans plans
et sans lumière et découpée par taches comme

1. Voir t. XXII, p. 107-127.
 
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