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La chronique des arts et de la curiosité — 1875

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No. 26 (17 juillet)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26613#0244
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LA CHRONIQUE DES ARTS

236

L’EXPOSITION RÉTROSPECTIVE DE NANCY

J'arrive de Nancy, par le chemin des écoliers,
ayant poussé des pointes de chaque côté de la
ligne de Paris à... Avricourt... hélas ! Mais je ne
veux pas attendre la publication, dans la Ga-
zette des Beaux-Arts, d’un article écrit à loisir pour
faire connaître l’exposition que je viens d’étudier.

Cette exposition m'avait été surtout un prétexte
à visiter une ville qu’on vante pour un cer-
tain ensemble rococo d’édifices, de fontaines et
de grilles. Cet ensemble est des plus complets, en
effet, et des mieux réussis , mais l’exposition
installée dans la grand’salle et dans les salons de
l’ancien palais de Stanislas, aujourd’hui trans-
formé en Hôtel de ville, n’y gâte rien, au con-
traire.

De plus, le musée des tableaux est établi dans
une annexe du palais, de telle sorte qu’on peut
aller de l’un à l’autre et, au besoin, comparer.

La céramique, naturellement, occupe une place
importante dans l’Exposition. Mais ici cette im-
portance est justifiée. Niederviller est tout près, et
Strasbourg n’est pas loin. Les faïences peintes de
ces deux centres y sont représentées avec éclat,
mais surtout les terres-cuites de Cyfflé. La porce-
laine, tant de Sèvres (pâte tendre) que do Saxe,
compte plusieurs pièces hors ligne, et telles que
nous en avons rarement vu de plus importantes.

Les meubles, surtout du xvme siècle, sont en
assez grand nombre, et plusieurs à noter. On di-
rait un congrès de commodes. L’une d’elles préoc-
cupe même énormément les amateurs nancéens, à
cause du prix qu’elle vient d’être payée, prix
énorme par rapporta sa beauté.

Les coffrets de bois de poirier sculptés au xviic
siècle par divers membres de la famille Bagard,
forment un appoint considérable et absolument
local à la section des meubles.

Parmi les raretés les plus rares, nous citerons le
calice à anses, la patène ainsi que l’Evangéliaire
de saint Gozlin, œuvres d’orfèvrerie carolingienne
très-caractéristiques.

Quelques beaux bijoux mérovingiens montrent
à quelle tradition appartenaient ceux qui ont fa-
briqué ces pièces importantes.

Des bronzes émaillés mérovingiens et des bron-
zes romains, trouvés dans le pays, fournissent
également d'intéressants sujets d’études.

Quant à la section de la peinture, nombreuse
en portraits, comme d’habitude, elle en offre de
très-remarquables au milieu d’œuvres importantes
des écoles de France, de Hollande, des Flandres
et d’Italie.

L’ami Cliampfleury verrait se poser devant lui
un problème nouveau à propos des Le Nain.
Comme s’il ne suffisait pas des trois frères pour
embrouiller cette question d’œuvres où les criti-
ques commencent à dégager des personnalités
diverses, voici qu’un tableau, que nous aurions
attribué sans hésiter à l’un d’eux, est revendiqué
par les Lorrains , pour un certain François
Legrand.

Après l’exposition, après le musée, qui est loin
d’être à dédaigner, la cathédrale peut montrer,
aux érudits qui recherchent les origines de la

peinture française, une Notre-Dame du rosaire,
œuvre très-importante de la fin du xvic siècle.

Pour moi, après avoir visité les tombeaux des
ducs de Lorraine et celui qu’on attribue à Ligier-
Riebier, j’ai voulu pousser jusqu’à St-Mihiel, afin
d’étudier son célèbre groupe de la Mise au tom-
beau, puis m'arrêter à Bar-le-Duc pour voir sou
cadavre et compléter ainsi mes études person-
nelles sur les différentes écoles de sculpture de la
France. Puis, afin d’apprendre à ne point oublier,
j’ai eu le triste courage de pousser jusqu’à Metz,
et je suis revenu le cœur navré de cette ville jadis
si animée, dit-on, maintenant si déserte, que la
botte des soldats allemands y résonne comme
daus le vide.

La colonie de ses artistes l’a quittée. M. Maré-
chal est à Bar-le-Duc, où il continue de faire de
magnifiques pastels ; M. Devilly est à Nancy, où
il conserve le Musée; M. de Lemud, doublement
frappé, comme père et comme patriote, s’y réfugie
dans des compositions religieuses d’un grand
caractère, et M. E. Michel y peint, sur les bords
de la Moselle, de beaux paysages mélancoliques.

Alfred Daiicel.

CORRESPONDAN CE

ACADÉMIE Barcelone, 5 juillet 1875,

DES BEAUX-ARTS
de Barcelone

Secret, général

Monsieur le Directeur de la Gazette
des Beaux-Arts,

Plusieurs membres de cette Académie, qui avaient
lu dans la Gazette des Beaux-Arts, du Icr mars de
cette année, une assertion erronée au sujet d’un
épisode de la vie de Fortuny, la voient de nou-
veau reproduite dans l’ouvrage que M. le baron
Davillier vient de consacrer à la vie et aux œuvres
du regrettable artiste; ils vous prient de rétablir
les faits dans leur vérité.

On lit, en effet, aux pages 267 et 268 de voire
livraison, le passage suivant : « Pablo Milci don-
nait aux élèves un sujet de composition choisi
dans l’histoire, et discutait devant eux la valeur
des ouvrages qui lui étaient soumis. Ce fut dans
une de ces séances qu’ouvrant le carton qui a-vait
été déposé par le jeune Fortuny, il s’écria : « De
« celui qui a fait ces compositions, je puis dire
« ce que Haydn disait de Mozart : « En voici un
« qui primera tous les autres. » Le conseil acadé-
mique trouva cette louange déplacée en présence
des élèves, et le professeur d’esthétique dut, au
bout de peu de temps, renoncer à ses leçons. »
Dieu merci, la plupart des académiciens qui
assistaient à la séauce où D. Pablo Milci crut
devoir renoncer à son emploi, vivent encore, et
moi, qui suis l’un d’eux, je puis vous donner l’assu-
rance que ni les travaux ni la conduite de Fortuny
n’eurent rien, absolument rien, à voir dans la dé-
termination prise par l’honorable M. Milci.

Agréez, etc.

Le membre dk l’Académie, secrétaire général,
Andr.es de Ferran.
 
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