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La chronique des arts et de la curiosité — 1875

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No. 33 (23 octobre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26613#0306
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298

LA CHRONIQUE DES ARTS

1° — « CHAP VI. — DANS LEQUEL IL EST PARLÉ

DES TABLEAUX ET ORNEMENTS MAGNIFIQUES

DE CETTE ÉGLISE.

... Outre les belles tombes faites de pierre de
touche, et celle de Gruytliuyse, dont nous venons
de donner un détail, et desquelles il sera encore
parlé ci-après, ce qu’il y a de plus curieux dans
cette église, c’est une statue de marbre représen-
tant la sainte Vierge Marie avec l’enfant Jésus,
placée à l’autel de la chapelle du Très-Saint-Sacre-
ment; elle est faite de la main du célèbre Michel-
Angelo de Bona Rota, d’autres l’appellent Bonaroto,
étant une pièce admirée au plus haut degré par
les connaisseurs.

M. Pierre Moscron, licencié ès droits et greffier
de cette ville, donna cette précieuse pièce à cette
église, immédiatement après qu’il avait fait ériger
fi ses dépens le grand autel de marbre en cette
belle et spacieuse chapelle. Sa sépulture est des-
sous ledit autel; c’est une pierre bleue avec cette
inscription en latin :

Ornatissimo Petro Mosa'onio J.-C. Brugensi, dum
viveret Assessori et rerum pupillarium scribæ.
Hæredes posuerunt, vixit annis 57, menses 5, diesÜ,
obiit postridié kal. Januarii anno à nato Christo
1571. »

2° —« ciiAP. xi. — Dans lequel on parle de
l’état présent de cette église et de

TOUTES SES CHAPELLES.

... Du même côté, un peu plus avant, est la
chapelle du Saint-Sacrement, qui est spacieuse et
belle, avec une place y jointe pour l’assemblée
des Confrères. Il y a là deux autel». Celui du-.tm -
lieu est fait de marbres de différentes couleurs,
très-bien ordonné et travaillé., dont la hauteur va
jusqu’à la voûte; c’est là qu’on a placé cette belle
et rare pièce de Mxchel-Angelo Bonaroto, qui est
une statue de marbre blanc, représentant la sainte
Vierge avec l’enfant Jésus... C’est M. Mouscron
qui en a fait présent à l’église, comme il conste
par les lettres de donation qu’on conserve à la
chambre de la Fabrique. »

A ces notes nous sommes heureux de joindre
une lettre que notre collaborateur et ami,
M. Anatole de Montaiglon, si compétent en
ces matières„ nous adresse au retour d’une
excursion qu’il vient de faire en Belgique.

Mon cher ami,

11 ne m’étonne pas qu’à Florence l’effet du mou-
lage en plâtre de la Vierge de Bruges ait confirmé
l’idée qu’elle ne pouvait être que de Michel-Ange.
Je l’avais vue autrefois. Je me trouve venir de la
revoir à vingt-cinq ans de distance, et non-seule-
ment mon impression est la même, mais elle est
plus forte. Le mouvement lier et charmant de l’en-
fant, l’austérité de la tête de la Vierge sont abso-
lument de Michel-Ange, et Condivi n’en dirait
rien, que l’œuvre parlerait d’elle-même. Pour Con-
divi, il faut remarquer qu’il écrivait longtemps
après que lastatue avait quitté Florence, et il a pu
se tromper en écrivant : il a fonda en bronze.
D’ailleurs qui prouve, bien qu’on ne connaisse pas
de lui de répétitions, qu’il n’en eût pas fait dans
sa première manière et qu’il n’ait pas exécuté

cette Vierge une fois en marbre et une fois en
bronze.

La concordance que Michel-Ange ait, d’après
Condivi, fait pour les Moscheroni, marchands des
Flandres, une Vierge avec l’Enfant Jésus, et, comme
l’a trouvé M. Weales et l’a si judicieusement répété
M. Reiset, en ajoutant à M. Weales le rapproche-
ment du Condivi, que Pierre Mouscron ait donné
à l’église Notre-Dame de Bruges, en 1510, le
groupe qu’on y voit encore, et qu’Albert Durer a
vu, en -1521, sous le nom de Michel-Ange, me
paraît décider la question.

Tu peux donc me compter parmi ceux qui ap-
prouvent et partagent, comme toi, l’opinion de
M. Reiset, mais je ne veux que signaler à ton at-
tention et à celles des lecteurs de la Gazette un
détail qui serait à éclaircir et une amélioration
qu’il serait facile de réaliser.

La Vierge de Bruges est sur un autel au centre
d’une magnifique décoration architecturale de
marbre noir et blanc, de l’extrême fin du xvie ou
du commencement du xvuc siècle, qui couvre
toute la muraille, et sur la plinthe de la statue
se trouve une armoirie dont voici le dessin
très-sommaire. Si, comme il est probable, elle
est relevée dans les histoires ou les descrip-
tions de Bruges, il conviendrait de la faire
intervenir dans la question ; elle n’aurait pas
d’importance si elle se rapporte à une autre fa-
mille qui aurait fait faire cette décoration posté-
rieure, mais il serait curieux de savoir si ce n’est
pas encore celle de Mouscron.

En même temps, la niche de marbre noir où la
statue est d’ailleurs admirablement encadrée, ne
permet de la bien voir que de face. Or, comme

la statue a. etc fait© eanc; condition de plan, lo

soin avec lequel elle est exécutée comporte néces-
sairement qu’elle soit terminée avec autant de soin
par derrière que par devant. Le moulage qui est
à Florence permet d’y voir cette face postérieure,
mais à Bruges elle est invisible. 11 serait bien fa-
cile d’établir le marbre original sur un plateau de
marbre noir qui permettrait de le tourner et de
le montrer sous toutes ses faces, ce dont il est
plus que digne. C’était là surtout ce que je voulais
dire par l’intermédiaire de la Chronique à ceux
de nos amis de Belgique qui peuvent demander
et obtenir cette petite appropriation, qui est ap-
pliquée sans danger aucun à plus d’un chef-d’œu-
vre antique ou moderne et qui serait bien dési-
rable pour celui-ci.

Anatole de Montaiglon.

A cette lettre, nous joignons un fac-similé
des armoiries qui se trouvent sculptées sur le
piédestal de la statue.

Nous demanderons enfin, à propos du mot
 
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