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La chronique des arts et de la curiosité — 1875

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No. 36 (20 novembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26613#0330
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322

LA CHRONIQUE DES ARTS

Une curiosité historique vient d’être mise
au musée des Invalides. C’est le harnais dont
Charles VII fit présent à la Pucelle, et que
celle-ci vint déposer à Saint-Denis après avoir
été blessée sous les murs de Paris. Cette ar-
mure, composée de lamelles d’acier, pèse en-
viron vingt-cinq kilogrammes ; elle est de tout
point semblable à l’armure qui se trouve dans
la collection de Pierrefonds, et qui apparte-
nait à Jeanne d’Arc au moment où elle tom-
bait au pouvoir de l’ennemi dans une sortie
qu’elle fit à Compiègne.

Voici, sur les travaux qui vont commen-
cer ou qui sont déjà commencés aux Tuileries,
quelques renseignements intéressants, publiés
parle Bulletin français :

La passerelle qui réunit, en face du pont
deSolferino, deux tronçons de la terrasse du
bord de l’eau, doit être supprimée et rempla-
cée par deux perrons par lesquels on accé-
dera à la terrasse. Sur ce point, pour aller du
quai au jardin, il existe une pente assez pro-
noncée : cette pente disparaîtra, et la grande
allée bitumée qui réunit le pont Solferino à
la rue Castiglione sera mise de-niveau avec le
quai.

En outre, afin d’assainir complètement le
jardin, dont quelques parties, à la suite de
pluies un peu prolongées, prennent parfois un
aspect marécageux, on va y construire un
grand égout.

Le pavillon de Marsan , actuellement en
construction, aura la même architecture que
le pavillon de Flore; il présentera trois façades:
une sur la mo de Rivoli, une sur le jardin et

une sur le Carrousel. Quant au pavillon de
Flore, on sait qu’il n’a encore que deux faça-
des : une sur le quai et une sur le jardin, et
que le côté par lequel il attenait au palais
brûlé est simplement fermé par un grand
mur ; ce mur va faire place à une façade du
même style que les autres.

Le Gaulois annonce qu’on va mettre en
vente le mobilier d’un ancien château, parmi
lequel se trouve une toile du xvnc siècle, œu-
vre d’un peintre anonyme, représentant, d’a-
près nature, une scène de l’Ecole des Maris.

Dans ce tableau, Molière, qui jouait Ariste,
est peint à côté d’Armande Béjart, jouant
Léonore.

L’Ecole des Maris date de 1661. Molière au-
rait dans le tableau, en le supposant fait lors
des premières représentations, trente-neuf ans
et sa femme vingt.

»*, M. le docteur Thomas Evans, dans une
lettre du 7 novembre, publiée en France et en
Amérique, a pris l’initiative de l’érection, sur
les bords de la Seine, d’un monument qui rap-
pellerait la reconnaissance de la nation améri-
caine pour la nation française.

La traduction en français de cette lettre lui
fait dire à tort que le montant total de la sous-
cription sera de 30.000 fr.

Dans le texte réel, le docteur Thomas Evans
dit seulement qu’en faveur de cette souscrip-
tion ultérieure il fait, dès à présent et per-
sonnellement, un premier versement de 30.000
francs.

Dans sa séance de samedi, le conseil mu-
nicipal de Valenciennes a voté la concession
gratuite d’un terrain pour l’érection d’un mo-
nument funèbre à la mémoire de Carpeaux, et
décidé qu’une souscription nationale serait ou-
verte immédiatement pour en couvrir les frais,
en môme temps que pour élever une statue à
Watteau.

Mme veuve Carpeaux a informé le maire de
Valenciennes qu’elle désirait contribuer à cette
souscription par le don d’une œuvre de Car-
peaux. On croit que le transfèrement des res-
tes mortels du grand sculpteur aura lieu le
lundi 29 novembre.

■-^Ste/è-

APHRODITE - ÉROS

ÉTUDE d’art ET DE MYTHOLOGIE

« Grande est l’Artémis des Ephésiens ! » Ce cri,
jeté par tout un peuple pressé sur les gradins du
théâtre d’Epkèse, au milieu de l’épouvantable
tumulte qu’avait soulevé l’orfévre Démétrios
contre l’apôtre Paul et les chrétiens, ce cri de
sainte colère contre les contempteurs de la déesse
que l’Asie, disait-on, adorait avec toute la terre,
— cette clameur formidable, répétée pendant plu-
sieurs heures sans que les magistrats de la cité
pussent parler, a retenti bien au delà des rives de
la mer Egée, et, après dix-huit siècles de christia-
nisme, après le triomphe de Jésus et de Paul,
après les ruines du monde antique et l’écrasement
du moyen âge, nous l’entendons encore comme
une voix lointaine, comme un vague soupir har-
monieux et doux, qui murmure en nous les noms
jadis aimés, les noms que nul n’oublie, des bonnes
divinités, si chères aux vieux pères de la race.

Si la science n’était qu’un catalogue de faits
isolés, sans rapport avec l’état actuel de notre ci-
vilisation, elle serait encore digne de piquer la
curiosité. Quoi qu’en dise l’Ecelésiaste, ce ne serait
peut-être pas la pire occupation qui ait été don-
née aux fils des hommes. Mais toute science
digne de ce nom n’est au fond qu’une étu-
de d’ordre historique. Rechercher et suivre les
transformations d’une substance, d’une idée, d’une
conception religieuse ou d’un type artistique :
voilà le but le plus élevé de la connaissance hu-
maine. Pour qui voit juste et loin, il y a dans ce
qu’on appelle le monde moral et la nature une
telle continuité, un tel enchaînement de faits et
de nécessités, que toute investigation sur un sujet
ou une époque quelconque, en modifiant notre
manière de penser, même dans les plus petites
choses, ne laisse pas d’avoir quelque influence sur
nos idées générales. A cet égard, l’étude des reli-
gions et des arts, c’est-à-dire des éléments essen-
tiels de la civilisation antique, parait digne d’at-
tention. C’est ici surtout, en ces études désinté-
ressées, que la qualité des doctrines importe peu ;
on n’a pas mission de promulguer de nouveaux
dogmes, on se contente d’expliquer les anciens.

I

Une des sœurs divines de l’Artémis d’Éphèse,
la Vénus deMédicis, est l’exemple le plus frappant
des transformations de l’idée religieuse incarnée
 
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