Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 1,1): Collection de mémoires sur l'orfévrerie ... : 1 — Paris, 1849

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.33560#0055
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
IVOIRES SCULPTÉS. PI. X.

35

modernes l'emploi d'une telle ressource; mais, sans en appeler aux époques classiques de l'art,
il semble qu'on a été plus d'une fois romantique avec moins de bonheur et de motifs. Classique
ou non, cette composition n'est pas d'un maître médiocre, et annonce une école où l'on peut
puiser des enseignements utiles si l'on sait ne pas s'arrêter à une certaine écorce d'exécution
maladroite ; car, encore une fois, on peut avoir beaucoup de ce qui fait le maître capable tout
en restant fort au dessous de ce qui fait l'élève habile; et, redisons-le bien des fois pour ceux
qui font semblant de le croire impossible, le moyen âge (sans parler des morceaux où il est
tout à fait supérieur) a produit un très grand nombre d'œuvres qui résolvent à divers degrés cet
étrange problème: K Avec une main inexpérimentée faire jaillir de la matière une pensée
« supérieure (élevée, délicate ou profonde). " Aujourd'hui, surtout en fait d'art religieux, on
dirait généralement que nous nous sommes posé la question inverse : K Maîtriser la matière
« de telle sorte qu'on la plie à tout, excepté à communiquer une impression haute. »
Prétendons-nous dans ce parallèle blâmer les études préparatoires? Non; mais nous pré-
tendons demander qu'on les relève d'abord, puis qu'on les franchisse, et qu'on ne s'arrête pas
au maniement de l'outil ou au pastiche des formes et des poses; mais nous prétendons dire
que si la forme et la pensée devaient être destinées à ne pas s'unir, la pensée impatiente qui
se fait jour sans attendre la forme vaut mieux décidément.
Laissons au lecteur le soin de remarquer avec quelle vérité line de sentiments ont été repré-
sentées l'affection inquiète du pauvre pour sa petite brebis, et l'indécision avare du riche qui
dans tout son troupeau ne réussit pas à s'arrêter sur une seule tête de bétail dont il consente
à se défaire. Nous ajouterons seulement quelques observations historiques qui termineront
cette appréciation du bas-relief.
Ce qui me donne lieu de penser que l'on a voulu représenter le temple (ou tabernacle)
derrière Nathan, c'est, outre la forme de voûte donnée au toit de cet édifice., le voile qui est
suspendu à la porte. Sans chercher bien loin les traces anciennes de cet usage que l'Italie
conserve encore,, et dont parlent souvent les écrivains ecclésiastiques, il peut suffire de renvoyer
aux témoignages rassemblés par l'éditeur piémontais du cardinal Bona *. Abstraction faite
même des costumes, le tabernacle et le palais indiquaient tout d'abord un envoyé de Dieu et
un prince, pour fixer le vrai sens de la scène. Le prophète est vêtu, si je ne me trompe, d'une
aube„ comme l'étaient souvent les prêtres, même dans la vie civile, à l'époque de ce monu-
ment 2 ; et cette coutume, avec les modifications énormes que les siècles ont fait subir à tant
d'autres vêtements, subsiste jusque aujourd'hui chez certains chanoines réguliers pour qui
l'aube portée tout le jour est devenue d'abord un rochet, puis enfin s'est changée en un simple
* Rer. liturgie, libr., t. H, p. 339, sq. " riori usu mduitur. H Léon IV vers le meme temps faisait la
2En 889Riculf, évêque de Soissons, défendait à ses prêtres môme prohibition: «Nullus in alba qua in suo usu utitur
de porter à l'autel l'aube dont ils étaient revêtus pendant le « præsumat missas cantare. " Cf. Muratori,
reste de la journée. <t Prohibemus ut nemo diss. xxv. — Thomass., U. N. EccL dtscùd., P. i, libr. H,
« ilia alba utatur in sacris mysteriis qua in quotidiano vel exte- c. ^5, n°17; et cap. â8, n° 3. — Bona, ed. cfL, t. n, p. 2j,j.
 
Annotationen