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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 1,1): Collection de mémoires sur l'orfévrerie ... : 1 — Paris, 1849

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https://doi.org/10.11588/diglit.33560#0073
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TYPE CHARTRAIN. Pl. XII ET XIII.

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Leur titre est d'une pureté remarquable, et leur poids surpasse de plusieurs grains le poids
des pièces à tête, qui contiennent toutes de l'alliage.
2° Il est reconnu que le territoire du type que nous étudions a pour limites le diocèse de
Chartres. Chartres doit donc en être le centre et le point de départ. A aucune époque on n'y
trouva de pièce à tête humaine : l'espoir d'en rencontrer un jour ne peut être donné comme
preuve; nous nous engageons d'ailleurs à démontrer qu'aucune pièce de Chartres, de Ghâ-
teaudun et du Perche ne peut présenter l'apparence d'une tête. Quoique les pièces à tête
touchent aux plus anciennes chartraines par leur style et par la forme des lettres, leur petit
nombre et les localités qui les frappèrent indiquent qu'elles sont le produit d'un monnayage
transitoire et secondaire.
3° A l'époque où ces pièces ont été fabriquées les graveurs savaient faire une tête, et Chartres
était précisément le foyer d'une grande activité artistique. Sa cathédrale allait devenir une
des merveilles inimitables du moyen âge. La sculpture surtout se préparait à l'embellir de
statues où la beauté de l'exécution le dispute à la grandeur du style ; et les monétaires cepen-
dant auraient imaginé pour marquer leurs monnaies une tête si informe et si barbare que
M. Lelewel n'a pu trouver rien de semblable parmi les gauloises et les mérovingiennes les
plus grossières. Si on examine les baronales contemporaines, on ne trouvera pas dans les plus
petites localités des têtes aussi mal faites ; les têtes royales ou épiscopales de Bourges, de
Laon, de Meaux, de Senlis, par exemple, les vierges de Verdun ou de Clermont, Saint-Maurice
de Vienne, Saint-Maiol de Souvigny, Jules César de Sancerre sont des chefs-d'œuvre auprès de
la tête chartraine. La tête de S. Valérien de Tournus peut seule s'en rapprocher. Tous ces types
d'ailleurs sont entourés de légendes, et pour rencontrer des têtes qui occupent seules le champ
d'une pièce il faut remonter jusqu'aux mérovingiennes du Gévaudan, qui sont probablement
des imitations antiques.
Ainsi nous pouvons conclure pour l'honneur de notre art monétaire qu'une tète n'est point
le type primitif des monnaies chartraines, mais seulement que, par caprice ou par d'autres mo-
tifs, on y a composé un profil avec des éléments hétérogènes, c'est à dire avec d'autres choses
qu'un nez, une bouche, des yeux et des oreilles. En niant une tête véritable nous ne faisons
tort à l'iconographie de personne; M. Lelewel nous avait donné à choisir entre un Dieu, une
ville, un évêque, un saint, un roi, un chef gaulois ou normand. Les artistes peuvent s'inspirer
ailleurs.
Il nous semble avoir réfuté suffisamment l'opinion généralement admise sur l'origine du
type chartrain ; nous aurions pu le faire plus longuement, mais nous suppléerons bientôt à
ce que nous avons évité de dire. Si quelque lecteur n'était pas convaincu, qu'il nous accorde
au moins le doute méthodique de Descartes. Faisons table rase du passé pour commencer un

examen nouveau.
 
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