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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 1,1): Collection de mémoires sur l'orfévrerie ... : 1 — Paris, 1849

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https://doi.org/10.11588/diglit.33560#0119
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CHANDELIERS EN CUIVRE.

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III.
POURQUOI UN DRAGON AU HEU D'UN LOUP? — NiDOGGR.
Si l'on me demandait pourquoi sur nos monuments le loup des textes est remplacé par un
dragon, je pourrais répondre qu'il ne faut peut-être pas tenir à se rendre compte de tous
les détails dans des œuvres d'art où la fantaisie de l'imagination peut n'avoir pas renoncé à
tous ses droits ; mais n'éludons pas la diûiculté. Pour peu que l'on se soit occupé de la poésie
Scandinave, on doit savoir que le mot àw/? est un nom générique exprimant par une méta-
phore populaire tout agent destructeur grandement redouté, et à ce titre l'image du loup pou-
vait être remplacée par celle du dragon sans modification du sens et sans méprise possi-
ble h Ajoutons que quand ces deux noms ne se seraient pas échangés indifféremment dans le
langage mythologique d'un même peuple, il est certain qu'ils ont indiqué des êtres semblables
chez des peuples divers. Depuis la Gaule et l'Italie jusqu'aux Indes c'est un dragon au lieu
d'un loup qui poursuit la lune. En Arménie c'était un dragon que combattait Tiranes (Tyr?),
appelé par Moïse de Korêne a le fils du ciel et de la terre, le vainqueur des dragons, a
Au reste, sans quitter les traditions du nord nous trouvons parmi les représentants du mai
un monstre dont la figure répond exactement à celle de nos monuments. Je veux parler du
dragon Nidoggr.
Selon l'Edda, il est un arbre immense remplissant l'univers, ou plutôt qui est l'univers lui-
même. Ses branches touffues protègent la terre, et pendant que sa tête s'élève au dessus des
cieux, ses racines s'enfoncent jusqu'aux dernières profondeurs des abîmes : tel est l'arbre de
vie, l'arbre du monde, la colonne de la création, le frêne Igdrasili (attirant la rosée?). A l'extré-
mité de sa dernière racine, au fond de la région infernale, se tient le dragon ailé Nidoggr, dont
l'unique occupation, durant la longue nuit du gouffre, est de ronger les racines de l'arbre et
de dévorer les cadavres des méchants, en attendant le jour suprême appelé le r/r,s-
où, s'élançant de l'abîme avec les autres monstres de ténèbres, il viendra prendre sa
part du divin carnage.
Nidoggr signifie : celui qui mord dans les ténèbres, ou même — et cette étymologie est
celle du savant Magnussen — celui qui forme par sa morsure les phases lunaires. G'est dire
assez qu'à ses yeux Nidoggr est identique à Fenris ; qu'il ne diffère que par les fonctions des
loups Skoel et Hati, Géri et Fréki, Garmur et Monegarmur, les perpétuels ennemis des astres
T Nous avons vu le nom de Garmur donne à un et à un fHcroai'ar .Sapa, les ténèbres s'avancent comme un mons-
c/aan, et les ûls de Fenris appelés indifféremment des A?aps trc menaçant, ou drapaa, qui parcourt la terre, ab-
et des pea?Us. Ainsi, dans rinpAuya Napa^ le feu est-il sorbe les eaux, engloutit les bois et provoque le soleil au
nommé le loup dévorant des maisons. Ainsi encore, dans combat.
 
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