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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 1,1): Collection de mémoires sur l'orfévrerie ... : 1 — Paris, 1849

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https://doi.org/10.11588/diglit.33560#0139
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DIVERS MONUMENTS D'ORFEVRERIE.

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il en jouit mieux encore grâce au fini du travail et à l'habileté du modelé. Les cristaux et les
pierres précieuses diaprent de leurs couleurs une végétation riante, des groupes pleins d'a-
nimation y font circuler la vie ; la lumière ruisselle, et les ombres fortement accentuées per-
mettent à l'œil de ne rien perdre de tout ce qui brille. C'est ainsi que le véritable artiste
trouve le secret de concentrer dans le cadre le plus étroit les divers éléments de beauté
épars dans la nature.
Sur les huit côtes de la base la sainte Vierge est représentée quatre fois, et les quatre
principaux protecteurs d'Oignies l'accompagnent. Ce sont S. Lambert de Liège, S. Servais de
Maëstricht, S. Augustin, l'auteur de la règle des chanoines, et S. Nicolas, le patron de l'église
du monastère.
Au dessous de ces saints personnages, dans les petits angles formés par les côtes, se voient
des chiens arrêtant des lièvres, de même qu'au milieu des rinceaux supérieurs on voit des
chasseurs donnant du cor, et des meutes poursuivant des lièvres et des cerfs. Ici le moyen
pour l'archéologue de ne pas s'adresser cette question? Cela a-t-il un sens? l'artiste en dessi-
nant par deux fois sur le même monument un sujet de chasse n'a-t-il obéi qu'au hasard de
ses caprices? ou ce motif d'ornementation aurait-il quelque rapport, aujourd'hui oublié,
avec la destination du vase ? Au milieu de la petite guerre inolfensive que se livrent de nos
jours dans les sociétés archéologiques les partisans et les adversaires plus ou moins ardents,
plus ou moins absolus, du symbolisme dans l'art chrétien, on ne me saura pas mauvais gré
d'essayer d'éclaircir le point qui s'olfre à nous.
Je commencerai par avouer qu'à mes yeux les adversaires du symbolisme peuvent se
trouver souvent dans le vrai en expliquant par des fantaisies ou des espiègleries d'artiste
certaines représentations bizarres de l'époque romane ou ogivale. J'avouerai surtout que l'on
s'est quelquefois trop aisément contenté dans le camp opposé de répondre à des négations
gratuites par des assertions qui ne l'étaient pas moins. Tant que nous nous bornons à deviner
les intentions d'après leur vraisemblance, exposés que nous sommes à prêter notre esprit
aux choses, nous ne pouvons guère songer à former dans cette région presque inexplorée de
la science ce que Leibnitz appelait si bien des établissements. Pour arriver à des résultats
inattaquables il faut, outre la comparaison des monuments analogues, l'appui des textes anté-
rieurs ou contemporains qui les expliquent; et comme les vues individuelles des écrivains
aussi bien que celles des artistes peuvent donner le change à l'observateur, il est bon de com-
parer et d'apprécier les textes comme on fait les monuments, pour s'assurer qu'une idée a fait
loi dans l'art.
Ici les monuments abondent. N'eussions-nous pas nos frises et nos chapiteaux romans où
les scènes de chasseurs se retrouvent encore, nous apprendrions de S. Nil et de S. Bernard
qu'elles étaient des sujets ordinaires de décoration pour les églises. Sans quitter l'atelier de
i'orfévre d'Oignies, nous trouvons une autre partie de chasse ciselée sur une magnifique cou-
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