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Cahier, Charles; Martin, Arthur
Mélanges d'archéologie, d'histoire et de littérature (Band 1,1): Collection de mémoires sur l'orfévrerie ... : 1 — Paris, 1849

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https://doi.org/10.11588/diglit.33560#0140
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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.

verture d'Évangéliaire qui porte et le nom et le portrait d'Hugo *. Dans ces choix se cachait-
il quelque mystère? ou bien étaient-ce là de simples souvenirs des sarcophages où les anciens
aimaient à représenter leurs morts illustres renouvelant dans l'Élysée les délassements de la
vie? Etait-ce une inspiration native des races belliqueuses du moyen âge dont les plaisirs les
plus vifs étaient ceux qui rappelaient les dangers et les victoires de la guerre ? Etait-ce un
hommage destiné à flatter les grands pour qui la chasse était un privilège de leur noblesse
aussi bien qu'un exercice de leur bravoure? assurément ces motifs n'ont rien d'invraisem-
blable; or, les admettre, c'est rejeter tout symbolisme. Il y a plus, si nous lisons dans leur
contexte les passages où S. Nil et S. Bernard parlent des scènes de chasseurs représentées
dans les églises ou les cloîtres, le moyen de supposer qu'ils y aient rien vu de symbolique?
Avec quel mépris l'un et l'autre s'expriment :
« Vous me demandez, écrit S. Nil à Olympiodore s'il est convenable... de charger les
murs du sanctuaire de représentations où figurent des animaux de toute espèce : de sorte que
l'on voie, sur la terre, cù?.? /2/c/g /cMdfMg^ &g ù'érray, &g cAcrrc.? c/ t/'MM/rcg àc/cg cAcrcAMM/ /<?Mr
.M/M? &3Mg /% /m/C,' /7M!*g &7g cAMggCMfg C/M/ gV/7M/g<?M/ & /A/à/MC /70Mf /cg C/ /<?g/70MfgMÙJCM/
g%Mg rc/AcAc %ccc /cM?-g cA/cMg; et ailleurs, sur le rivage, toutes sortes de poissons recueillis
par des pêcheurs... Je répondrai que c'est une puérilité d'amuser ainsi les yeux des fidèles. "
S. Bernard se prononce avec encore plus de force, et confond dans son indignation les
scènes de chasse avec les compositions les plus extravagantes. 11 parle des édifices de l'ordre
de Cluni. a Que signifient dans ces cloîtres où les frères vaquent à la lecture ces monstruo-
sités ridicules, ces je ne sais quelles beautés difformes ou belles difformités? Que font là ces
singes immondes? et ces lions féroces? et ces monstrueux centaures? et ces demi-hommes?
et ces tigres tachetés? et ces soldats qui se battent? c/ ccg cA%ggCM?'g </M/ t/oMMCM/ ^M
cor? Sous une tête, vous voyez plusieurs corps, et en revanche sur un corps vous
voyez plusieurs têtes! Voilà à un quadrupède une queue de serpent, et voici à un poisson une
tête de quadrupède? Ici c'est un cheval qui finit en chèvre, et là un animal à cornes qui
finit en cheval! En somme c'est de toutes parts une telle variété, une telle étrangeté de
formes, qu'on aime mieux faire la lecture sur les marbres que sur son livre et passer les
jours à étudier de pareilles choses qu'à méditer la loi de Dieu! s
Que dire après de tels anathèmes? Oserons-nous bien prendre aujourd'hui au sérieux ce que
des contemporains et des hommes tels qu'un S. Bernard traitaient avec un si profond mépris?
Qu'on me pardonne tant de témérité et l'espoir que je conçois de persuader mon lecteur.
Je ne m'attacherai pas à faire remarquer que S. Nil et S. Bernard étaient tous les deux
d'austères esprits, amants passionnés de la solitude et bien autrement préoccupés de la ré-
' Nous comptons la publier dans ccs Mélanges. a ^po?, ar? (Ed. Catimc, t. I, p. 1246.)
^ Kptsc CM? OEpup. (Max. Bibliotb. P. P. t. XXVII, p. 323.)
 
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