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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
de faire connaître ie psautier qu'on appelle romain, à ceux qui ne connaîtraient que la vulgate,
je copie ce psaume sur le manuscrit de Londres comme on me l'a transmis.
« DAVID, QUUM FUGERET A FAGIE SAUL.
« Miserere mei, Deus, miserere mei : in te confidit anima
mea ; et in umbra aiarnm tnarnm spero, donec transeat ini-
quités.
« Ciamabo ad Deum aitissimum, et ad Dominum qui bene-
fecit mihi.
« Misit de cœio et liberavit me, dédit in opprobrium con-
euicantes me.
"Misit Deus misericordiam suam et veritatem suam, animam
meam eripuit de medio catuiorum ieonum ; dormivi contur-
batus.
Fi!ii hominum dentes eorum arma et sagittæ, et iingua
eorum machæra acuta.
« Exaîtare super cœios, Deus, et super ornnem terrain
gioria tua.
« Laqueos paraverunt pedibus meis, et incurvaverunt ani-
ma m mea ni ; foderunt ante faciem meam foveam, et ipsi inci-
derunt in eam.
H Paratum cor meum, Deus, paratum cor meum : cantabo
et psaimum dicam Domino.
« Exsurge gioria mea, exsurge psalterium et cithara ; exsur-
gam diluculo.
« Confitebor tibi in populis, Domine ; psaimum dicam tibi
inter gentes.
a Quoniam magnilicata est usque ad cœlos misericordia tua,
et usque ad nubes veritas tua.
K Exaitare super cœlos, Deus, et super ornnem terram
gioria tua.
Les deux lions dans l'un et l'autre monument retra-
cent clairement le quatrième verset, et l'espèce de lit
qui se voit sur le bas-relief de Charles-le-Chauve a pu
Être suggéré par les derniers mots.
L'enfant que l'ange soutient et abrite paraît repré-
senter l'âme du prophète ; car les âmes sont commu-
nément représentées au moyen âge par une ligure
d'enfant, ordinairement nue, mais vêtue aussi parfois,
surtout aux hautes époques. Quant à l'ange, il me pa-
raît correspondre surtout à cette expression du premier
verset : K Je me rassure à l'ombre de vos ailes, a Dans
l'ivoire, les deux anges placés à droite et à gauche re-
présentent peut-être la Miséricorde et la Vérité (v. A).
Les hommes armés figureraient la Calomnie et le
Murmure (v. 5), quoique dans le psautier de Londres
on n'aperçoive point de glaive entre leurs
mains.
Jésus-Christ, debout dans la accompagné de
la cour céleste, exprime le verset qui sert de refrain au
cantique (v. 6 et 12) : « Paraissez (éAvcz-voM^) sur les
cieux. Seigneur; et que votre gloire se manifeste à
toute la terre. H
Les hommes armés d'instruments à fouir la terre, et
le fossé où deux d'entre eux tombent à la renverse,
sont évidemment une traduction du v. 7 : «Ils ont tendu
des pièges sous mes pas... ; ils ont creusé sur ma route
un précipice, et eux-mêmes y sont tombés. )>
Désormais.donc, au point où ies choses en sont venues, il me semble que j'ai fait une assez
belle défense, et qu'il est temps de capituler. Non pas que je me reconnaisse très en faute
pour avoir tenu la place si longtemps, mais je ne suis pas soutenu par les gens que je préten-
dais protéger. Enfin, je me rends ;
K Victrix causa diis placuit.)>
Pour honneurs de la guerre (et je voudrais bien que l'honneur du moyen âge y fût sauf aussi)
j'aurai du moins la consolation de voir que cette discussion a servi à constater une sorte de
loi dans la science du moyen âge : ce pourrait bien n'être qu'un fait local, mais sa durée est
de quatre ou cinq siècles ; ce qui est quelque chose. De plus, cette durée est accompagnée
d^une persistance si curieuse dans certaines formes,, qu'on est presque conduit à admettre la
transmission de conservés dans les ateliers, et suivis dans les points fondamentaux
avec une fidélité exemplaire. Ainsi, sauf une sorte de style qui change, le psaume XXXI
est quasi le même dans les deux manuscrits de Paris et de
Londres. De part et d'autre ce sont trois anges tenant deux grands voiles étendus sur deux
MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
de faire connaître ie psautier qu'on appelle romain, à ceux qui ne connaîtraient que la vulgate,
je copie ce psaume sur le manuscrit de Londres comme on me l'a transmis.
« DAVID, QUUM FUGERET A FAGIE SAUL.
« Miserere mei, Deus, miserere mei : in te confidit anima
mea ; et in umbra aiarnm tnarnm spero, donec transeat ini-
quités.
« Ciamabo ad Deum aitissimum, et ad Dominum qui bene-
fecit mihi.
« Misit de cœio et liberavit me, dédit in opprobrium con-
euicantes me.
"Misit Deus misericordiam suam et veritatem suam, animam
meam eripuit de medio catuiorum ieonum ; dormivi contur-
batus.
Fi!ii hominum dentes eorum arma et sagittæ, et iingua
eorum machæra acuta.
« Exaîtare super cœios, Deus, et super ornnem terrain
gioria tua.
« Laqueos paraverunt pedibus meis, et incurvaverunt ani-
ma m mea ni ; foderunt ante faciem meam foveam, et ipsi inci-
derunt in eam.
H Paratum cor meum, Deus, paratum cor meum : cantabo
et psaimum dicam Domino.
« Exsurge gioria mea, exsurge psalterium et cithara ; exsur-
gam diluculo.
« Confitebor tibi in populis, Domine ; psaimum dicam tibi
inter gentes.
a Quoniam magnilicata est usque ad cœlos misericordia tua,
et usque ad nubes veritas tua.
K Exaitare super cœlos, Deus, et super ornnem terram
gioria tua.
Les deux lions dans l'un et l'autre monument retra-
cent clairement le quatrième verset, et l'espèce de lit
qui se voit sur le bas-relief de Charles-le-Chauve a pu
Être suggéré par les derniers mots.
L'enfant que l'ange soutient et abrite paraît repré-
senter l'âme du prophète ; car les âmes sont commu-
nément représentées au moyen âge par une ligure
d'enfant, ordinairement nue, mais vêtue aussi parfois,
surtout aux hautes époques. Quant à l'ange, il me pa-
raît correspondre surtout à cette expression du premier
verset : K Je me rassure à l'ombre de vos ailes, a Dans
l'ivoire, les deux anges placés à droite et à gauche re-
présentent peut-être la Miséricorde et la Vérité (v. A).
Les hommes armés figureraient la Calomnie et le
Murmure (v. 5), quoique dans le psautier de Londres
on n'aperçoive point de glaive entre leurs
mains.
Jésus-Christ, debout dans la accompagné de
la cour céleste, exprime le verset qui sert de refrain au
cantique (v. 6 et 12) : « Paraissez (éAvcz-voM^) sur les
cieux. Seigneur; et que votre gloire se manifeste à
toute la terre. H
Les hommes armés d'instruments à fouir la terre, et
le fossé où deux d'entre eux tombent à la renverse,
sont évidemment une traduction du v. 7 : «Ils ont tendu
des pièges sous mes pas... ; ils ont creusé sur ma route
un précipice, et eux-mêmes y sont tombés. )>
Désormais.donc, au point où ies choses en sont venues, il me semble que j'ai fait une assez
belle défense, et qu'il est temps de capituler. Non pas que je me reconnaisse très en faute
pour avoir tenu la place si longtemps, mais je ne suis pas soutenu par les gens que je préten-
dais protéger. Enfin, je me rends ;
K Victrix causa diis placuit.)>
Pour honneurs de la guerre (et je voudrais bien que l'honneur du moyen âge y fût sauf aussi)
j'aurai du moins la consolation de voir que cette discussion a servi à constater une sorte de
loi dans la science du moyen âge : ce pourrait bien n'être qu'un fait local, mais sa durée est
de quatre ou cinq siècles ; ce qui est quelque chose. De plus, cette durée est accompagnée
d^une persistance si curieuse dans certaines formes,, qu'on est presque conduit à admettre la
transmission de conservés dans les ateliers, et suivis dans les points fondamentaux
avec une fidélité exemplaire. Ainsi, sauf une sorte de style qui change, le psaume XXXI
est quasi le même dans les deux manuscrits de Paris et de
Londres. De part et d'autre ce sont trois anges tenant deux grands voiles étendus sur deux