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ESPAGNE DU HAUT MOYEN AGE.

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dont la Liebana est une dépendance, échappé à ta rapacité des musulmans? C'est ce que je
me dispenserai d'examiner en ce moment. Ii suffira de constater que, vers le mifieu du
ix° siècle, c'est-à-dire moins de cent ans après saint Heatus, ces montagnes renfermaient
une population chrétienne indépendante, au sein de laquelle de nombreux et florissants
monastères entretenaient l'amour de la science et de la piété'. Dieu merci! la caWâya/MWi
de l'islam, ou n'avait pas pénétré jusqu'en ces confins reculés de la Péninsule, ou en avait
été assez promptement chassée pour n'y laisser sa trace imprimée dans aucune ruine. Aussi,
lorsque le glorieux martyr saint Euloge voulut donner cours au noble dessein de ranimer
l'étude trop négligée des lettres latines parmi les chrétiens opprimés de Cordoue, sa patrie,
ce fut à la Navarre et à ses religieux qu'il alla demander les moyens de le réaliser. Bien que
le motif de son voyage en cette province ait été complètement étranger au plan projeté
d'une renaissance littéraire parmi les Mozarabes, le saint ne le perdit jamais de vue dans
le cours de son excursion. Accueilli par les moines navarrais des diverses abbayes qu'il
visita, avec une charité et une cordialité dont, après dix années écoulées, le souvenir attendri
vivait encore au fond de son cœur", Euloge ne craignit pas de faire appel à leur libéralité
en faveur de ses frères malheureux. Les bibliothèques de ces monastères étaient abondam-
ment pourvues d'excellents livres. Il sollicita et obtint de ses hôtes le don d'un certain
nombre de leurs manuscrits, et les rapporta triomphant à Cordoue. La Cité de Dieu de saint
Augustin, l'Enéide de Virgile, les satires d'Horace et celles de Juvénal, les fables d'Avienus,
les opuscules de Porphyre, des hymnes catholiques d'une rare élégance de style — celles
du poète espagnol Prudence peut-être —, les inscriptions métriques (Æ/ityrairnTtafa)
d'Aldhelm, évêque saxon du vm° siècle\ entrèrent pour la plus large part dans le butin re-
cueilli par Euloge L La dîme ainsi prélevée sur les bibliothèques monastiques de Navarre
nous permet, on le voit, de nous faire une assez juste idée et de la générosité des religieux
de ce pays, et de la richesse des collections littéraires et,scientifiques qu'ils avaient formées
et conservées.

1. « Ego Cordubæ positus, sub !mpio Arahum gcmam
itnperio; vos auteni Pampilona locali, Christicolæ principis
tueri merembii dominio. a S. Eulogii, Æpzsf. ad Wz'fzesz'wdzzm,
n. 9 (Pafrof-, t. GXV). — << Cumque me uno residere toeo
multiplex dolor non sineret, libuit mihl loca visitare sanc-
torum... et maxime libuit adiré beati Zachariæ acisterium,
quod situm ad radices montium Pirenæorum, in præfatæ
Gailiæ portariis, quibus Aragus flumen oriens, rapido cursu
Seburim et Pampilonam irrigans.amni Cantabro infunditur;
quod famosissimis in exercitatione regularis disciplinai stu-
diis decoratum, toto refulgebat occiduo... Prius autem quant
ad cumdom locum accederem plurcs apud Legerense mo-
nasterium commorans dies, præcipuos in Dei timoré viros
ibidem mauere cognovi, etc. x Ïd.,z6zd.,n. 1 et n. 2. Au para-
graphe 133 de la même lettre, saint Euloge mentionne trois
autres monastères de ces mêmes contrées qu'il avait visi-
tés. La lettré est datée du 13 novembre 831. Le voyage du
saint en Navarre aurait eu Heu une dizaine d'années aupa-
ravant. Cf. Morales, not. 2 inhancepist., z&zd., col. 903.
2. Voir le magnifique éloge que le saint trace de ces reli-
gieux dans sa lettre à Fcvèque do Pampelune Wiliesinde,
n. 2-4 (Pafrot. wM szzpr., col. 846, 847).
3. Saint Aldhclm mourut en 709. Ces œuvres, publiées
de nouveau, il y a quelques années, par le docteur Giles,
en Angleterre, et reproduites dans le tome LXXX1X" de la

Pafrotoyze, ne renferment pas d'Æpzgrauwwata. Sous ce
nom, Alvaro de Cordoue désigne les Æwz'ywata du saint
évêque, insérés dans son grand traité de Sepfenarzo, et qui
ne sont en réalité que des inscriptions pour divers objets
plus ou moins curieux.
4. « Occasione fratrum suorum, qui ipsis diebus in Fran-
cise flnibus exulabant, indeptam viam arripuit (ÆufogzMs),
et in Pampiloncnsium territoria ultro progredicns, monas-
terium sancti Zachariæ ingressus, et aliorum cœnobia ipsa-
rum regionum gliscenti voto percurrens, multorum l'atrum
est amicitia dulcoratus... In quibus locis multa volumina
librorum repérions... indc secum librum Civitatis Beatissimi
Augustini et Æneidos Virgilii, et Juvenalis metricos itidem
libros, atque Flacci satyrata Poemata, seuPorphyrii depicta
opuscula, vel Adheleltni Epigrammatum opéra, neenon
Avieni Fabulas metricas, et Hymnorum catholicorum fulgida
carmina, cum multis minutissimarum causarum ex sanctis
quæstionibus multorum ingenio congregatis, non privatim
sibi, sed communiter studiosissimis inquisitoribus repor-
tavit. .Alvaro de Cordoue,Vzt.de ÆMfogzz, n.9(Æsp.sayr.,X,
apend., 6). — Par OpMSczzfa depicta PorpAyrzz, Alvaro, sans
doute, entend les dMafoyMes de ce philosophe traduits et com-
mentés par Boèce. La mise en couleur des quatre ou cinq
figures intercalées dans le texte aura, je suppose, valu ici à
ces opuscules le qualificatif joint à leur nom.
 
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