Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le charivari — 11.1842

DOI Heft:
Juillet (No. 182-212)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.17321#0834
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
M Cîï!AMIV ARE «

Mais sa gratitude ne s'arrête pas à ces mesquines dé-
monstrations ; il consacre ses colonnes et la fiae fleur de
sa rédaction à l'apothéose anticipée de tous ces préten-
dus amis.

L'un d'eux, à force d'avoir essuyé la poussière du bu-
reau, se réveille t il un beau matin homme de lettres et
publie-t-il à ses frais un informe et maussade roman , le
journal ne se contente pas d'en faire l'éloge, il en repro-
duit des échantillons, comme pour rendre sa débonnai-
relé plus saillante.

Un autre, avocat sans causes, a-t-il été chargé d'inter-
venir, en faveur de son portier, à l'occasion d'une de ces
contraventions aux ordonnances de police qui entraînent
un franc d'amende et vingt-cinq francs de frais, cette af-
faire usurpe, dans le journal ami, les vastes proportions
d'un grand débat judiciaire, et la puissante logique de
l'avocat est célébrée dans une phrase à trois périodes. Il
la corrige lui-même et l'amplifie modestement.

Le médecin aussi trouve souvent l'occasion de soigner
sa petite réputation dans son journal. Plût à Dieu qu'il
soignât aussi bien ses malades !

L'artiste méconnu, dont les tableaux soot régulière-
ment refusés au salon, l'acteur qu'on baffoue dès son en-
trée en scène, l'auteur qu'on siffle, sont toujours les amis
d'un journal. C'est en faveur du rapin privilégié qu'on
rompt des lances contre le jury d'admission qui accueille
trop de mauvaises peintures pour qu'on puisse raisonna-
blement l'accuser d'en repousser beaucoup de bonnes.

Le feuilletoniste fait diversion à sa mordante critique
qui n'épargne pas même les premiers sujets, pour s'in-
cliner devant le talent chimérique d'une méchante dou-
blure, et le vaudeville le plus chuté du théâtre Saint-
Marcel est proclamé une de ces délicieuses comédies que
M. Scribe savait si bien faire.

Avais-je-tort d'affirmer que les journalistes sont plus
bienveillans que taquins? Et pourtant, c'est là un genre
d'amitié dont l'entretien coûte cher. Rien ne nuit plus
que les réclames à l'autorité d'un journal : jugez si les
amis de cette sorte sont pour la presse un bienfait des
dieux !

Socrate disait dejsa maison, qu'on trouvait trop petite :
« Plut à Dieu qu'elle fût pleine d'amis ! » Il nVst pas un
journal qui, complimenté sur la commodité de ses bu-
reaux, ne fût prêt à s'écrier : « Ah ! s'ils pouvaient être
vides d'amis ! »

La Gazette deFrance vient d'être condamnée par défaut,
en cour d'assises, à deux ans de prison et 24,000 fr.
d'amende. Nous ne cesserons de demander pourquoi la
justice se plaît à étaler ce luxe par trop étourdissant de
pénalité. Est-ce pour montrer jusqu'où peut aller la ri-
gueur de la loi? Ce serait un bien mauvais calcul, car si
un article qui échelonne les peines devait souvent êlre
appliqué dans cette exorbitante mesure,, il résulterait
de l'arrêt, moins la condamnation de l'accusé que la con-
damnation de la loi.

Du reste, nous devons en remercier la magistrature,
car de pareils chiffres, deux ans de prison et vingt-qua-
tre mille francs d'amende, sont le meilleur argument
que nous puissions faire valoir contre le système har-
gneux et persécuteur qui nous régit, et notamment con-
tre les lois de septembre.

UNE SIMPLE INNOVATION

liEIiATIVÉ A FUSIJL§ DOUBLES.

11 arriva un jour que le maréchal Soult fut visité par
une idée.

La cervelle de l'illustre vainqueur de Toulouse étant
semblable ajl'île escarpée et sans bords dont parle Boileau,
les idées se hasardent rarement à pénétrer dans ces pa-
rages : il y aurait trop de difficultés à vaincre pour y en-
trer. Aussi, quand il arrive par hasard qu'une idée se four-
voie sous cette latitude, sa visite a toujours l'air d'une in-
vasion. Elle a eu tant de peine à entrer qu'elle ne négli-
ge aucune précaution pour résister k toute tentative qui
aurait pour but de la faire sortir. La malheureuse s'éta-
blit dans la cervelle en question comme dans une caser-
ne ; elle s'y construit des corps de garde, s'entoure de pa-
lissades, de meurtrières, de forts détachés et u'un double
mur d'enceinte. On ne la déloge pas facilement. C'est ainsi,
du moins, que les phrénologistes expliquent l'entêtement
bien connu de l'illustre Bas-de*cuir du ministère.

Donc il arriva un beau jour qu'une idée s'introduisit
de vive force dans la tête de M. Soult. Une fois n'est pas
coutume, et les exceptions ne servent qu'à confirmer la
règle.

Cette idée avait rapport à la garde municipale. M. Soult
a toujours pensé que ladite garde n'est pas assez nombreu-
se et a besoin d'être doublée; mais ses tentatives pour réa-
liser ce désir n'ont jamais eu de résultat, le conseil mu-
nicipal trouvant trop cher de nourrir quelques centaines
d'hommes de plus, au prix où est le beurre.

Or, les idées ne délogeant pas facilement de la tête de
M. Soult, comme nous l'avons dit, voici le raisonnement
qui est sorti tout armé de ce puissant cervelet.

« Le meilleur moyen de doubler la garde municipale, ce
serait de doubler le nombre des hommes qui la compo-
sent. Mais la chose n'étant pas réalisable de cette manière,
il y a un autre moyen, un procédé palliatif, lequel consiste
à doubler les armes de ce corps essentiellement policier.»

Encore faut-il savoir se servir de ce procédé.

Si je donne, par exemple, aux gardes municipaux
deux sabres, ce sera un double embarras, à moins de
leur donner en même temps quatre bras ou de les rendre
ambidextres, à l'exemple du roi de Perse Artaxerxès, dont
mon confrère Villemain m'a raconté l'histoire.

Mais je peux leur donner,aulieu d'une simple carabine,
des fusils à deux coups, ce qui me paraît un moyen assez
adroit de doubler les hommes autant que possible, entant
que cet axiome du sergent Bufïbn est vrai : « Le fusil,
c'est l'homme. »

Voilà comment a raisonné le maréchal Soult, et il
commencé son expérience, non point in animâ vili, com-
me défunts les médecins, c'est-à-dire sur les simples sol-
dats, mais sur les sergens et les caporaux. Quand il sera
prouvé que cette innovation n'offre aucun inconvénient
pour le service, le tour des simples gardes municipaux
viendra tout naturellement, comme le tour de l'Arabie est
à la fin venu.

A moins qu'auparavant le tour, n'arrive pour l'illustre
culotte de peau, de déloger du ministèrede la guerre; cela
pourrait bien avoir lieu ayant que les doubles fusils com-
mandés à Saint-Etienne soient achevés. On vient dé
les commencer ; mais espérons que le Vingt-Neuf-Octo-
bre sera remplacé à la première capucine.

SOTJSCIBJFTXOIT

POUR IE HACHAI DU MAÏTEAO DU HARÉCDALMUI

VENDIT AUX ENCHÈRES PAR SES HÉRITIERS
ET EXPOSÉ A LA DEVANTURE D'UN
MARCHAND FRIPIER DE LA
RUE DU PETIT-CARREAU.

Société des Canotiers.—Huit hommes.de
l'équipage du Barbillon,

Jules Dauvin,

Barody,

Piliet,

Darnaud,

Aubinaud,

Un grognard,

Un ex-pupile de la garde,

Un pair de France,

Aspasie Rigot,

Le comte de V...,

Un maître de poste,

Trois postillons,

P...., capitaine,

Un atelier de papiers peints,

40 f.

»c.

6

»

5

»

10

»

10

»

5

»

2

»

2

»

m

»

10

»

20

»

6

»

1

50

5

3)

7

50

5

3)

"Oiéàtoe «Ses Variétés»

Mon Rival, vaudeville en un acte, par M. Clairville.

Mon rival est un jeune homme blond, avec barbe de
bouc, gilet mirobolant, pantalon pharamineux et habit
ultra-ficelé.

Ce jeune homme, qui n'est pas jeune, se fait passer
pour homme de lettres ; tous les articles de journaux si
gnés Trois-Éloiles sont de lui. Il apprend par cœur le
journal des modes , afin d'en parler sciemment aux da-
mes. Doué d'une mémoire prodigieuse , il lui suffit de
lire un roman pour en retenir les passages les plus remar-
quables ; cette faculté lui fourn.it tous les élémens de sa

conversation : quand il ne sait que dire, ce qui lui arrive
souvent, il répète une page de roman apprise la veille
'est surtout la déclaration amoureuse qu'il possède {
fond : il en a étudié de toutes les nuances et ne se trouve
jamais à court, soit qu'il ail affaire à la grisette, à la
bourgeoise ou à la grande dame.

Du reste., Sigismond est le meilleur garçon du monde,
c'est un lion sans dents et sans férocité.

Or, ce Sigismond a la velléité de séduire une petite
femme que vous prendrez pour une princesse à son iaKv
gage et à son costume , mais qui n'est tout simplement
que la compagne d'un épicier.

Mme Dumoulin est une de ces organisations poétiques
que la nature avait créées pour la gloire, et que le hasard
a jetées dans les drogues.

Mme Dumoulin a épousé son mari sans l'aimer- elle
le lui dit franchement. Ce n'est pas un épicier qu'elle
avait rêvé, mais un poëte, une illustration, un génie.

Madame Dumoulin occupe ses loisirs d'épicière à é-
crire des romans historiques, sous le nom de Mme de
Beausire. Ces romans sont très courus, et quand ils ne
se vendent pas, l'épicière a la ressource d'en faire des
cornets.

11 est évident qu'entre une femme comme madame
Dumoulin et un lion comme Sigismond, il doit y avoir
sympathie; aussi le pauvre épicier Dumoulin doit vous
paraître fort à plaindre.

Rassurez-vous, Dumoulin est un particulier extrême-
ment distingué ; il ne s'appelle pas plus Dumoulin que
n'importe qui : Dumoulin est son nom d'épiceries ; mais
c'est d'Arembert qu'il se nomme en littérature ; car il fait
de la littérature en gros et en détail, ainsi que vous le
verrez tout à l'heure.

Sigismond, qui ne connaît Dumoulin que sous le nom
de d'Arembert, n'hésite pas à lui confier son amour pour
Mme Dumoulin.

Un épicier vulgaire se fâcherait d'un pareil aveu, il
accablerait son rival de mélasse et de coups de poing.
Mais l'épicier lettré, journaliste et poëte, se conduit d'au-
tre manière : il laisse le champ libre à son rival, persuadé
que sa femme reconnaîtra bientôt son erreur.

Eu effet, l'épicière interroge Sigismond sur le costume
des comtes de Toulouse au treizième siècle. Sigismond,
qui n'est ferré que sur les modes du jour, ne répond rien.

L'épicière désire savoir la date de la mort de Marie
Stuart ; autre embarras de Sigismond. Ma;s l'épicier Du-
moulin vient à son secours, et répond pour lui à toutes
les questions de sa femme.

Etonnement de l'épicière en écoutant son épicier rai-
sonner dates. Elle l'interroge et s'aperçoit que Dumou-
lin, son Dumoulin à elle, n'est pas seulement très versé
dans les denrées coloniales, mais qu'il est possesseur de
sciences infiniment variées. Bientôt elle apprend que son
mari est homme de lettres comme elle est femme de let-
tres. Elle fait des romans, et c'est son mari qui en rend
compte dans les journaux. Cette découverte bouleverse
les sentimfms de l'épicière historique, elle met à la porte
l'ignorant Sigismond et sent poindre la tendresse conju-
gale dans les cryptes de son cœur.

Ge vaudeville, qui est agréablement joué, surtout par
Mme Bressan, est une réhabilitation manifeste des dro-
guistes en gros et en détail. Il sera vivement applaudi par
tous ceux qui manipulent journellement le sucre, la can-
nelle et le clous de girolle. Il tend à prouver que les épi-
ciers peuvent être de remarquables hommes de lettres,
mais j'ai bien peur qu'il prouve seulement que les hom-
mes de lettres sont quelquefois de fameux épiciers.

CARIIXOH

La cérémonie d'aujourd'hui a été exclusivement mi
taire. Dans le deuil comme dans les fêtes, ce sera te
jours et partout le régime du sabre.

-—Des amnisties ont été accordées hier dans les pé..
tenciers militaires. En revanche, le gérant de la GaZe
de France a été condamné, le même jour, à deux anné
de prison, sans compter vingt-quatre mille francs d
mende.

(La suite à la 4e page.)
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen