EiH CIÏABSVAÏII.
v ms voulez savoir que! est cet homme, comment s'ap-
pelle ce mystère. Sertz-vous plus avancés quand je vous
aurai dit qu'il se nomme Meyerbeer ?
Non assurément, car Meyerbeer est le plus grande le
plus profond, le plus incommensurable mystère qui ait
jamais existé. On viendrait me dire que Meyerbeer n'est
autre que le grand mage Philibofolé qui inventa la musi-
que en Perse trois mille ans avant l'ère vulgaire, que je
n'en serais pasélouné. J'ai lu dernièrement dans les jour-
naux que le roi de Prusse venait de nommer Meyerbeer
maître de chapelle de tous ses États, et je dois convenir
nue c'est la seule raison qui me fasse croire à l'existence
de l'auteur des Huguenots. Un souverain aussi sage et
aussi éclairé que le roi de Prusse ne choisirait pas un
fantôme, une ombre, un revenant, pour diriger sa musi-
que ordinaire et même extraordinaire.
Que fait donc Meyerbeer tons les soirs au fond de cette
loge mystérieuse? Ce qu'il y fait, je tremble de le dire,
j efrissonne de le révéler.... il.... écoute !
Il écoute les chanteurs et les chanteuses pour savoir
s'il pourra enfin livrer la partition du Prophète a l'im-
patience déjà, un peu émoussée du public. Il écoute tous
les acteurs, même ceux qu'on entend trop, et ceux qu'on
n'entend pas du tout, Saint-Deniset Raguenot, Molinier et
Octave.
M. Meyerbeer a fixé pour huit mois son séjour dans la
capitale. Il emploiera ces huit mois à écouter, et au bout
de ce temps, il s'expliquera au sujet du Prophète. Un
autre à, sa place s'expliquerait tout de suite ; pendant
deux ou trois ans, M. Meyerbeer a pu écouler Mmes Do-
rus, Stoltz, Nathan-Treiliet, MM. Duprez et Levàsseur.
Nous ne voyons pas trop pourquoi il éprouve le besoin
de les écouter pendant huit mois de plus. En attendant,
la Prophète, dûment étiqueté comme un dossier, se cou-
vre noblement de la poussière d'une étude. On dit que
l'auteur, ne le trouvant pas encore suffisamment en sû-
reté, veut déposer son opéra au greffe du tribunal civil.
S'il faut dire toute ma pensée, et pourquoi ne la dirais-
je pas? (je ne demande aucun rôle à M. Meyerbeer) je
croyais fort peu déjà à l'existence de M. Meyerbeer, je ne
crois pas du tout à celle du Prophète. On a beau être né
à Berlin et avoir connu Hoffmann, on ne laisse pas ainsi
une partition, quand elle est terminée, moisir parmi les
minutes d'un notaire.
Ce sont, dit-on, les acteurs qui manquent k M. Meyer-
beer. Alors qu'il l'avoue franchement, et qu'il ne laisse
pas ces malheureux s'égosiller dans l'espérance d'un rôle
qu'ils ne doivent point avoir. Il les écouterait pendant
seize mois encore qu'il ne les rendrait pas meilleurs. Au
contraire.
Ceci n'empêche pas M. Meyerbeer de faire parler du
Prophète dans les journaux, et de venir tous les soirs
jouer à cache-cache dans une loge de l'Opéra, où il s'en-
dort sous prétexte d'écouter Mines Drouard ou Wide-
mann !
MÉDITATION BE M. SAUZET
AU SUJET DE SON ÉLECTION
A I>A CÏIAMBJ3E EX A Ï.A S'IUKSIKEHïC®.
Si l'on croit que le rang, la puissance, la pompe,
Si l'on croit que l'honneur de s'asseoir au fauteuil,
Honneur qui flatte autant la bourse que l'orgueil,
Si l'on croit que ces biens qu'on vante à son de trompe
S'obtiennent en dormant, sur mon àme ! on se trompe.
Mon espoir est comblé, c'est là l'essentiel ;
Mais je portais au cœur un souci bien cruel ;
Tantalus.qui, saisi d'un appétit farouche,
Dardait sur des primeurs un coup d'œil de requin
Sans pouvoir s'en poser un morceau sur la bouche,
Auprès de moi faisait un fort heureux coquin.
Je descends à Lyon ; malgré quelques vétilles,
Je m'attendais à voir les filles d'électeurs
Açcourir l'œil riant, les mains pleines de fleurs...
Serviteur! Je n'ai vu ni fleurs ni jeunes filles,
Et Lyon m'a reçu comme un chien dans des quilles.
Bon ou mauvais, l'accueil me touche peu, ma foi!
Un sot peut y tenir, je m'en moque, pour moi.
Les dehors ne sont rien, c'est le fond qui fait l'homme.
Que l'on traite parfois ses amis en intrus,
Bien ! mais il ne faut pas pourtant qu'on les dégomme ;
S'il en est autrement, merci ! je n'en suis plus.
Eh bien ! Lyon rêvait à ce projet pendable ;
Ma dégoinmation dans l'ombre s'apprêtait ;
A quelques votes près, mon rival l'emportait.
Me retrouver Gros-Jean comme devant; ah diable !
Rions, messieurs, mais non d'une façon semblable.
Vous l'avez emporté, dira-t-on ; rien de mieux !
Mais qu'ést-ce qu'un mandat? Peu de chose à mes yeux.
Ma pauvre présidence, hélas ! était sapée ;
Mes'beaux appointerons allaient s'évanouir
Ah ! comme le disait un jiur l'illustre épée :
« Perdre son traitement ! mieux vaut cent fois mourir ! »
Quand on prend au budget une part un peu large,
L'amour-propre devient un vice bien mesquin ;
Les gens de rien toujours ont eu l'esprit taquin,
Supporter leurs clameurs semble une lourde charge;
Mais y regarde-t-on, mon Dieu! quand on émarge?
Pendant huit jours je fus dans le cas que voici :
Les uns me disaient zut ! et les autres, merci !
« Sauzet ! criaient ensemble et la gauche et la droite :
» Mais cet homme au fauteuil est peu propre, vraiment ! »
— Peu propre ! on a trouvé la pointe fort adroite ;
Je ne partage pas du tout ce sentiment.
Pourtant, j'ai conservé le ton parlementaire ;
Les Débats m'ont lancé maint rude quolibet,
La Presse m'a traité comme un vrai paltoquet ;
Mais, calme et- m'appliquantle mot du militaire,
J'ai dit : « Un président doit souffrir et se taire ! »
Dufaure m'enfonçait en prononçant un mot ;
Mais il trouve, dit-on, quelques torts à Guizot.
Quelques torts ! il se peut ; mais en somme, qu'importe?
Je le demande ici : lequel de nous a tort ?
Lorsque entre deux rivaux le moins puissant l'emporte,
Lequel est le plus fin, ou du faible ou du fort ?
J'en conviens, après tout : Dufaure se comporte
Comme je n'osais pas l'espérer d'un ami :
Me voir, grâce à ses soins, sur mon siège affermi ;
C'est trop beau ! Je veux bien que le diable m'emporte
Si dans un cas pareil j'agissais de la sorte !
Ce que j'aime beaucoup, ce sont les braves gens
Qui, masquant leur dépit de motifs obligeans,
Disent: « Ah ! devrait-on reprocher ce qu'on donne?
>< Ce pauvre président, on le place bien bas ;
» Ce n'est pas un mandat qu'il reçoit, c'est l'aumône. »
— Messieurs, tous ces propos ne m'influencent pas.
Lorsque comme une Altesse au front sérénissime
J'occuperai mon trône, et que de tous côtés
Ces doux mots sortiront du regard des beautés :
« C'est Sauzet de Lyon ! Muret est son intime,
» Et Fulchiron lui porte une puissante estime. »
Lorsqu'à mon bal, parmi le beau monde empressé,
J'apparaîtrai couvert d'un habit dégraissé,
Et qu'aux vingt lampions brûlant sur la pelouse,
Au plateau d'échaudés se carrant au buffet,
J'ajouterai l'accueil charmant de mon épouse,
Et quelque calembour d'un agréable effet ;
Lorsqu'à la cour, ainsi que pour un lord lui-même,
Los baltans devant moi s'ouvriront tous les jours,
Irais-je m'oecuper de quelques sots discours,
Et regarder si bas de ce faîte suprême ?
Allons donc ! ce serait une folie extrême !
J'ai su, faisant glisser ma barque sur l'écueil,
Répêcher à la fois et mandat et fauteui/ ;
La chambre m'a nommé, peu m'importe le reste !
« De sa faveur, dit-on, faites donc moins de bruit,
» Elle vous a frappé d'un dédain manifeste. »
— Ah! messieurs, ce dédain est d'un fort beau profit.
J'ai femme, enfans ; il faut songer à sa famille ;
Se ruiner n'est pas le moyen d'être grand.
Tout homme qui pouvant contenter son parent,
Marier son garçon et bien pourvoir sa fille,
N'en fait rien, selon moi, mérite qu'on l'étrille.
J'ai dit mon sentiment et fait voir au lecteur
Mes tracas à la chambre et devant l'électeur ;
J'ai dit comment la chambre, enfin, devint meilleure.
Se plaindre sans motif est se mettre en son tort,
Messieurs, j'avoûrai donc franchement qu'à cette heure
Je ne me trouve pas mécontent de mon sort.
Certifié conforme:
h. DEL
scctsc^iftioit
PLR LE HACHAI DU MANTEAU DU MARÉCHAL MOACEV,
VEHDU Ans ENCHÈRES PAR SES HERITIERS,
ET EXPOSÉ A Î.A DEVANTURE D'UH
MARCHAND FRIPIER DE LA
RUE BU PETIT-CARREAU.
( 5me LISTE.)
Des élèves de l'École Politechnique. 10 f.
Mme la baronne de Norguet. . . 2
MM. Larrieux, Danvers, Erard et
Butez, de Corbeil 8
M. Bègeron 2
Mme Pamier 2
Des compositeurs d'imprimerie. . G
Trois invalides 3
Pournot 1
JeL a su maintenir l'ordre et l'économie de son gouverne-
memeat. Il serait temps que l'on s'occupât un peu de l'é-
conomie du budget.
— M. de Lamartine a composé, en réponse au discours
de la couronne, une espèce d'élégie entortillée qui ne res-
semble guère à une adresse politique. On sait d'ailleurs
qu'en fait d'adresse politique, le poète maçonnais en est
encore à faire ses preuves.
— Tout académicien qu'il est, l'illustre poète ne s'en
est pas moins permis des phrases au moins fort singuliè-
aes. 11 a voulu faire de la prose triste, et il n'a fait que de
la triste prose.
— On remarque dans le projet d'adresse des phrases
comme celle-ci : « Il y aura sa place marquée par les lar-
mes d'une nation. » Voilà une manière de marquerla
place de quelqu'un qui, pour être nouvelle, n'en doit pas
être moins humide.
— Nous n'avions pas encore vu jusqu'à'présent, au
théâtre et ailleurs, personne marquer sa place en pleu-
rant dessus.
— On lit dans le même projet d'adresse, rédigé par M.
de Lamartine : « L'histoire tient compte des espérances;
elle a sa justice indépendante de la destinée. Ce prince)
aura sa place marquée, etc. » Récompense honnête à qi"
pourra dire où le prince aura sa place. Est-ce dans 1»
destinée? dans la justice? dans les espérances ou dans
L'histoire ?
QUESTIONS POLITIQUES.
11 août. |
M. Guizot, qui connaît l'Écosse aussi bien que l'Angle-
terre, a deviné sans peine « quels sont les montagndf 1
qui ne plaisantent pas quand ils vont dîner à leur l,l[
berge? » — Ce sout les montagnards écossais, a t-il dit
M. de Bondy, « parce qu'ils y vont sans bas dîner
badiner). »
M. Viennet a demandé h M. Vatout : « Quelles sont Us
personnes les moins crédules ? »
v ms voulez savoir que! est cet homme, comment s'ap-
pelle ce mystère. Sertz-vous plus avancés quand je vous
aurai dit qu'il se nomme Meyerbeer ?
Non assurément, car Meyerbeer est le plus grande le
plus profond, le plus incommensurable mystère qui ait
jamais existé. On viendrait me dire que Meyerbeer n'est
autre que le grand mage Philibofolé qui inventa la musi-
que en Perse trois mille ans avant l'ère vulgaire, que je
n'en serais pasélouné. J'ai lu dernièrement dans les jour-
naux que le roi de Prusse venait de nommer Meyerbeer
maître de chapelle de tous ses États, et je dois convenir
nue c'est la seule raison qui me fasse croire à l'existence
de l'auteur des Huguenots. Un souverain aussi sage et
aussi éclairé que le roi de Prusse ne choisirait pas un
fantôme, une ombre, un revenant, pour diriger sa musi-
que ordinaire et même extraordinaire.
Que fait donc Meyerbeer tons les soirs au fond de cette
loge mystérieuse? Ce qu'il y fait, je tremble de le dire,
j efrissonne de le révéler.... il.... écoute !
Il écoute les chanteurs et les chanteuses pour savoir
s'il pourra enfin livrer la partition du Prophète a l'im-
patience déjà, un peu émoussée du public. Il écoute tous
les acteurs, même ceux qu'on entend trop, et ceux qu'on
n'entend pas du tout, Saint-Deniset Raguenot, Molinier et
Octave.
M. Meyerbeer a fixé pour huit mois son séjour dans la
capitale. Il emploiera ces huit mois à écouter, et au bout
de ce temps, il s'expliquera au sujet du Prophète. Un
autre à, sa place s'expliquerait tout de suite ; pendant
deux ou trois ans, M. Meyerbeer a pu écouler Mmes Do-
rus, Stoltz, Nathan-Treiliet, MM. Duprez et Levàsseur.
Nous ne voyons pas trop pourquoi il éprouve le besoin
de les écouter pendant huit mois de plus. En attendant,
la Prophète, dûment étiqueté comme un dossier, se cou-
vre noblement de la poussière d'une étude. On dit que
l'auteur, ne le trouvant pas encore suffisamment en sû-
reté, veut déposer son opéra au greffe du tribunal civil.
S'il faut dire toute ma pensée, et pourquoi ne la dirais-
je pas? (je ne demande aucun rôle à M. Meyerbeer) je
croyais fort peu déjà à l'existence de M. Meyerbeer, je ne
crois pas du tout à celle du Prophète. On a beau être né
à Berlin et avoir connu Hoffmann, on ne laisse pas ainsi
une partition, quand elle est terminée, moisir parmi les
minutes d'un notaire.
Ce sont, dit-on, les acteurs qui manquent k M. Meyer-
beer. Alors qu'il l'avoue franchement, et qu'il ne laisse
pas ces malheureux s'égosiller dans l'espérance d'un rôle
qu'ils ne doivent point avoir. Il les écouterait pendant
seize mois encore qu'il ne les rendrait pas meilleurs. Au
contraire.
Ceci n'empêche pas M. Meyerbeer de faire parler du
Prophète dans les journaux, et de venir tous les soirs
jouer à cache-cache dans une loge de l'Opéra, où il s'en-
dort sous prétexte d'écouter Mines Drouard ou Wide-
mann !
MÉDITATION BE M. SAUZET
AU SUJET DE SON ÉLECTION
A I>A CÏIAMBJ3E EX A Ï.A S'IUKSIKEHïC®.
Si l'on croit que le rang, la puissance, la pompe,
Si l'on croit que l'honneur de s'asseoir au fauteuil,
Honneur qui flatte autant la bourse que l'orgueil,
Si l'on croit que ces biens qu'on vante à son de trompe
S'obtiennent en dormant, sur mon àme ! on se trompe.
Mon espoir est comblé, c'est là l'essentiel ;
Mais je portais au cœur un souci bien cruel ;
Tantalus.qui, saisi d'un appétit farouche,
Dardait sur des primeurs un coup d'œil de requin
Sans pouvoir s'en poser un morceau sur la bouche,
Auprès de moi faisait un fort heureux coquin.
Je descends à Lyon ; malgré quelques vétilles,
Je m'attendais à voir les filles d'électeurs
Açcourir l'œil riant, les mains pleines de fleurs...
Serviteur! Je n'ai vu ni fleurs ni jeunes filles,
Et Lyon m'a reçu comme un chien dans des quilles.
Bon ou mauvais, l'accueil me touche peu, ma foi!
Un sot peut y tenir, je m'en moque, pour moi.
Les dehors ne sont rien, c'est le fond qui fait l'homme.
Que l'on traite parfois ses amis en intrus,
Bien ! mais il ne faut pas pourtant qu'on les dégomme ;
S'il en est autrement, merci ! je n'en suis plus.
Eh bien ! Lyon rêvait à ce projet pendable ;
Ma dégoinmation dans l'ombre s'apprêtait ;
A quelques votes près, mon rival l'emportait.
Me retrouver Gros-Jean comme devant; ah diable !
Rions, messieurs, mais non d'une façon semblable.
Vous l'avez emporté, dira-t-on ; rien de mieux !
Mais qu'ést-ce qu'un mandat? Peu de chose à mes yeux.
Ma pauvre présidence, hélas ! était sapée ;
Mes'beaux appointerons allaient s'évanouir
Ah ! comme le disait un jiur l'illustre épée :
« Perdre son traitement ! mieux vaut cent fois mourir ! »
Quand on prend au budget une part un peu large,
L'amour-propre devient un vice bien mesquin ;
Les gens de rien toujours ont eu l'esprit taquin,
Supporter leurs clameurs semble une lourde charge;
Mais y regarde-t-on, mon Dieu! quand on émarge?
Pendant huit jours je fus dans le cas que voici :
Les uns me disaient zut ! et les autres, merci !
« Sauzet ! criaient ensemble et la gauche et la droite :
» Mais cet homme au fauteuil est peu propre, vraiment ! »
— Peu propre ! on a trouvé la pointe fort adroite ;
Je ne partage pas du tout ce sentiment.
Pourtant, j'ai conservé le ton parlementaire ;
Les Débats m'ont lancé maint rude quolibet,
La Presse m'a traité comme un vrai paltoquet ;
Mais, calme et- m'appliquantle mot du militaire,
J'ai dit : « Un président doit souffrir et se taire ! »
Dufaure m'enfonçait en prononçant un mot ;
Mais il trouve, dit-on, quelques torts à Guizot.
Quelques torts ! il se peut ; mais en somme, qu'importe?
Je le demande ici : lequel de nous a tort ?
Lorsque entre deux rivaux le moins puissant l'emporte,
Lequel est le plus fin, ou du faible ou du fort ?
J'en conviens, après tout : Dufaure se comporte
Comme je n'osais pas l'espérer d'un ami :
Me voir, grâce à ses soins, sur mon siège affermi ;
C'est trop beau ! Je veux bien que le diable m'emporte
Si dans un cas pareil j'agissais de la sorte !
Ce que j'aime beaucoup, ce sont les braves gens
Qui, masquant leur dépit de motifs obligeans,
Disent: « Ah ! devrait-on reprocher ce qu'on donne?
>< Ce pauvre président, on le place bien bas ;
» Ce n'est pas un mandat qu'il reçoit, c'est l'aumône. »
— Messieurs, tous ces propos ne m'influencent pas.
Lorsque comme une Altesse au front sérénissime
J'occuperai mon trône, et que de tous côtés
Ces doux mots sortiront du regard des beautés :
« C'est Sauzet de Lyon ! Muret est son intime,
» Et Fulchiron lui porte une puissante estime. »
Lorsqu'à mon bal, parmi le beau monde empressé,
J'apparaîtrai couvert d'un habit dégraissé,
Et qu'aux vingt lampions brûlant sur la pelouse,
Au plateau d'échaudés se carrant au buffet,
J'ajouterai l'accueil charmant de mon épouse,
Et quelque calembour d'un agréable effet ;
Lorsqu'à la cour, ainsi que pour un lord lui-même,
Los baltans devant moi s'ouvriront tous les jours,
Irais-je m'oecuper de quelques sots discours,
Et regarder si bas de ce faîte suprême ?
Allons donc ! ce serait une folie extrême !
J'ai su, faisant glisser ma barque sur l'écueil,
Répêcher à la fois et mandat et fauteui/ ;
La chambre m'a nommé, peu m'importe le reste !
« De sa faveur, dit-on, faites donc moins de bruit,
» Elle vous a frappé d'un dédain manifeste. »
— Ah! messieurs, ce dédain est d'un fort beau profit.
J'ai femme, enfans ; il faut songer à sa famille ;
Se ruiner n'est pas le moyen d'être grand.
Tout homme qui pouvant contenter son parent,
Marier son garçon et bien pourvoir sa fille,
N'en fait rien, selon moi, mérite qu'on l'étrille.
J'ai dit mon sentiment et fait voir au lecteur
Mes tracas à la chambre et devant l'électeur ;
J'ai dit comment la chambre, enfin, devint meilleure.
Se plaindre sans motif est se mettre en son tort,
Messieurs, j'avoûrai donc franchement qu'à cette heure
Je ne me trouve pas mécontent de mon sort.
Certifié conforme:
h. DEL
scctsc^iftioit
PLR LE HACHAI DU MANTEAU DU MARÉCHAL MOACEV,
VEHDU Ans ENCHÈRES PAR SES HERITIERS,
ET EXPOSÉ A Î.A DEVANTURE D'UH
MARCHAND FRIPIER DE LA
RUE BU PETIT-CARREAU.
( 5me LISTE.)
Des élèves de l'École Politechnique. 10 f.
Mme la baronne de Norguet. . . 2
MM. Larrieux, Danvers, Erard et
Butez, de Corbeil 8
M. Bègeron 2
Mme Pamier 2
Des compositeurs d'imprimerie. . G
Trois invalides 3
Pournot 1
JeL a su maintenir l'ordre et l'économie de son gouverne-
memeat. Il serait temps que l'on s'occupât un peu de l'é-
conomie du budget.
— M. de Lamartine a composé, en réponse au discours
de la couronne, une espèce d'élégie entortillée qui ne res-
semble guère à une adresse politique. On sait d'ailleurs
qu'en fait d'adresse politique, le poète maçonnais en est
encore à faire ses preuves.
— Tout académicien qu'il est, l'illustre poète ne s'en
est pas moins permis des phrases au moins fort singuliè-
aes. 11 a voulu faire de la prose triste, et il n'a fait que de
la triste prose.
— On remarque dans le projet d'adresse des phrases
comme celle-ci : « Il y aura sa place marquée par les lar-
mes d'une nation. » Voilà une manière de marquerla
place de quelqu'un qui, pour être nouvelle, n'en doit pas
être moins humide.
— Nous n'avions pas encore vu jusqu'à'présent, au
théâtre et ailleurs, personne marquer sa place en pleu-
rant dessus.
— On lit dans le même projet d'adresse, rédigé par M.
de Lamartine : « L'histoire tient compte des espérances;
elle a sa justice indépendante de la destinée. Ce prince)
aura sa place marquée, etc. » Récompense honnête à qi"
pourra dire où le prince aura sa place. Est-ce dans 1»
destinée? dans la justice? dans les espérances ou dans
L'histoire ?
QUESTIONS POLITIQUES.
11 août. |
M. Guizot, qui connaît l'Écosse aussi bien que l'Angle-
terre, a deviné sans peine « quels sont les montagndf 1
qui ne plaisantent pas quand ils vont dîner à leur l,l[
berge? » — Ce sout les montagnards écossais, a t-il dit
M. de Bondy, « parce qu'ils y vont sans bas dîner
badiner). »
M. Viennet a demandé h M. Vatout : « Quelles sont Us
personnes les moins crédules ? »