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Le charivari — 47.1878

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Septembre
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https://doi.org/10.11588/diglit.25492#1073
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AC TUA

215

— J’ai cette oreille-ci un peu dure !

— Je le sais bien. C’est pour vous parler en faveur de la Grèce 1

pies la laisserait là, principalement pour cette chose-

là! »

Et dire qu'une créature douéo de pareilles facultés,
qui correspond avec des sénateurs , et qui les charge
d’ètre son interprète auprès du roi et de la reine, vend
des légumes à la halle !

Il n'est pas possible que le roi laisse dans cette si-
tuation obscure et précaire une légitimiste des 4 sai-
sons quj fait de la propagande gratis (elle l’a affirmé
au tribunal), qui connaît- tous les maraîchers, a-t-elle
dit, et qui s-est offerte pour répandre dans les campa-
gnes les brochures de M. de Beaurepairc, toujours à
l’œil, et, dans le seul intérêt d’un parti dont elle est
le plus bel ornement.

Après tout, comte pour comte, j’aime encore mieux
celui qui distribue des brochures à la halle que celui
qui vole des cigares dans les bureaux de tabac. Hâ-
tons nous ne dire que ce dernier est un comte espagnol,
don Vico de Losada, et ajoutons même que M. le doc-
teur Legrand du Saulle a été chargé de l’examiner.

En effet, un noble hidalgo qui reçoit de sa famille
une pension de 400 francs par mois, et qui vole des
cigares pour les distribuer à son coiffeur et aux gar-
çons de celui ci, il y a là quelque chose à faire pour un
aliéniste.

J’ai dit garçons au risque d’offenser ces artistes ca-
pillaires; mais tant qu’ils auront un petit monument

en fer blanc, invitant les clients à y jeter deux sous,
je ne vois pas bien pourquoi les gens qui nous servent
au café ou au restaurant, et reçoivent généralement
plus de deux sous pour le tronccommun, seraient seuls
qualifiés de « garçons.. »

Royaliste, du reste, autant que la marchande de
choux do M. de Beaurepaire, notre comte espagnol a
lutté pour le triomphe du roi Alphonse et a été au ser-
vice de la reine Isabelle, et quand M. le président lui
demandait pourquoi il était venu en France, il répon-
dait pour des raisons politiques !

Ce qui est certain, c’est que depuis trois ans qu’il ha-
bite Paris, il allait tous les matins acheter deux ciga-
res ; qu’il appuyait son! parapluie entr’ouvert, le long
du comptoir et qu’en choisissant ses deux cigares quo-
tidiens, il en laissait tomber dans son parapluie, dix,
douze, quinze, également quotidiens.

Et cet escamotage aurait pu aller longtemps encore
comme cela, sans le diable de coiffeur de notre person-
nage politique, qui était aussi le coiffeur du marchand
de tabac et qui lui raconta un beau jour les distribu-
tions de cigares faites à lui et à ses garçons (je main-
tiens le mot). De là, cette réflexion, pleine de bon sens,
du marchand de tabac : s’il en achète deux tous les
jours, comment en distribue-t-il autant que cela? —
Bref, il le surveilla et le pinça.

L’éminent aliéniste, terminait ainsi son rapport:
« Je ne saurais conclure que Vico de Losada a commis,
sans en avoir conscience, les actes dont il est inculpé;
nais j’afiirme que la névrose convulsive dont il est

atteint, a altéré, dans une certaine mesure, l’intégrité
de ses facultés intellectuelles et mentales, et qu’il y a
lieu d’en tenir compte dans l’appréciation de sa'con-
duite. »

Voilà comment, sans doute, le tribunal a condamné
à 18 jours de prison seulement le rempart lézardé de la
monarchie espagnole.

*

* * *

A ce soutien du trône, opposons un ennemi do l’au-
tel. C’est un petit jeune homme do dix-sept ans ; pré-
venu d’outrages à des ministres de la religion catho-
lique.

Il en a trouvé une bien bonne pour tenter de se tirer
d’affaire. Un agent racontait qu’au moment où passaient
une cinquantaine de prêtres, ce petit jeune homme avait
fait à plusieurs reprises : Coâlcoâ! coâi... façon d’imiter
le corbeau.

Et voilà la justice saisie de cette gaminerie.

— Monsieur l’agent s’est trompé, répondait le grand
criminel : c’était un de mes camarades qui me parlait
de loin ; alors, moi, n’entendant pas ce qu’il me disait,
je lui criais : Quoi? quoi? quoi?

Le tribunal n’avait pas besoin de partager l'h luùé
de l’auditoire pour être désarmé; il s’est contenté d’ap-
pliquer une amende de 16 francs à maître Corbeau, qui ne
la payera jamais de la vie.

Et le clergé dira qu’on ne le soutient pas 1

JULES MOINAUÏ.
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