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Le charivari — 58.1889

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Juillet
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CINQUANTE-HUITIEME ANNÉE

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LUNDI 1» JUILLET 1889

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Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

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Politique. Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Rédacteur en Ch*f

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, FERMIER DE LA PUBLIUT»

92, Rue Richelieu

LE CHARIVARI

LA SEMAINE DE LA BOURSE

Paris, le 30 juin 1889.

Monsieur le Directeur,

Les vendeurs n’ont qu’une chance relative, déci-
dément. Rien ne leur réussit pleinement. Cette se-
maine, ils ont eu un tas de circonstances dont, en
des temps plus heureux, -- je me place à leur point
de vue, bien entendu ! — ils auraient pu tirer un
parti énorme. Mais cette huitaine, bernique ! ils ont
tâché d’aboutir à un résullat, mais sans grand suc-
cès. Ils sont bien parvenus, un jour, à allonger
une telle tape aux cours, que ceux-ci ont perdu en-
viron un demi-point ; mais cela n’a pas duré. Le len-
demain, on reprenait un bon tiers du terrain perdu;
le surlendemain; on en regagnait encore un peu. Il
reste encore quelques petites différences en faveur
des broyeurs de noir; mais qu’est-ce, je vous prie,
qu’une douzaine de centimes, alors qu’on comptait
sur autant de décimes?

Non, décidément, pas de chance, les vendeurs.
Pas la plus petite catastrophe à se mettre sous la
dent. Rien ne s’est effondré. L’Europe ne flambe pas
d’un bout à l’autre. On cherche vainement les mon-
ceaux de cadavres, et le saug ne coule pas à flots.
Ils n’en demandaient pas plus, les pauvres vendeurs,
et le ciel a encore été sourd à leurs vœux.

Leur déconvenue est d’autant plus grande, qu’ils
ont, cette fois, pris les vessies de leurs espérances
pour les lanternes de la réalité. Cette agréable mé-
taphore .signifie qu’ils ont cru, un moment, qu’il
leur serait facile de répandre la panique. Ils comp-
taient sur l’appui des étrangers, qui ne leur a ja-
mais fait défaut. Or, savez-vous ce qu’ils ont fait,

Les tripatouilleurs internationaux ?

Ils ont tranquillement joué sur le dos de leurs pro-
tégés habituels. Les protégés habituels espéraient
que Berlin enverrait des cours épouvantables, et que
Gênes et Londres répondraient à. la couleur. Eh
bien, pas du tout. Londres a été calme, Gênes et
Berlin ont été sémillants.

Remarquez, s. v. p., que je n’ai pas dit un traître
mot de politique. Mais les lecteurs du Charivari sont
tenus jour par jour au courant de ce qui se passe,
et ils savent à quoi s’en tenir sur les questions qui
ont été agitées cette semaine, et les rumeurs qui ont
été mises en circulation. Ce sont ces questions, ce
sont ces rumeurs qui ont été le prétexte de tout ce
qui s’est passé.

Il est bon d’ajouter que jamais les baissiers n’au-
raient osé s’engager à fond si nous n’avions été à la
veille de la liquidation. Mais, l’heure du règlement
de comptes arrivant, ils ont voulu s’assurer une dou-
ble et triple victoire. Car ils se demandent si, le
mois prochain, ils auront la partie aussi belle.

Et ils en doutent!

monsieur le Directeur, ils en doutent! Car le mois
prochain sera marqué, s’il en faut croire les Mathieu

Lænsberg préposés aux observations de la météorolo-
gie financière, par une pluie diluvienne de coupons.
Tous les ans, du reste, au mois de juillet, c’est la
même histoire. Je ne sais si c’est la faute du soleil ;
mais il est certain que les coupons semestriels arri-
vent à maturité à cette époque de l’année.

Et qui est-ce qui récolte? Ce n’est pas la spécula-
tion, bien sur, puisque la spéculation ne sait point
du tout ce que c’est qu’un titre. Vous croyez que je
plaisante? Pas le moins du monde. J’ai montré un
jour un titre de rente à un monsieur qui opérait tous
les jours sur des six mille et des douze mille; il m’a
demandé à quoi ça servait, mon petit papier...

Non, ce n’est pas la spéculation qui récolte les
coupons de dividende et d’intérêt. C’est le comptant.
Et je vous banque mon billet qu’il ne les conserve
pas sous un globe. Il commence parles monnayer;
et quand il a des piles de pièces de cent sous devant
lui, vous vous imaginez peut-être qu’il les distribue
aux danseusesjavariaises?Pas du tout. Il se demande
Ce qu il fera de cet argent-là, et, invariablement, il
se fait la même réponse ;

— Tiens ! si je plaçais tout ça 1

Invariablement non moins, il fait comme il a dit.
C’est plus ou moins long, selon que la situation est
plus ou moins câline ; mais, en fin de compte, cela
finit toujours par des achats de valeurs.

11 en sera de même cette fois, vous verrez. A moins,
toutefois, que les rumeurs politiques ne se solidi-
fient; auquel cas, le comptant bourrera des bas de
laine avec ses écus et remettra à plus tard le soin
de transformer ceux-ci en papier. Mais si les rumeurs
s'éteignent, — et si tout finit en queue de poisson,
comme c’est l’habitude déjà, — alors, il est plus que
vraisemblable qu’il nous sera donné d’assister à la
contrepartie du mouvement qui s’est produit ce
mois-ci.

Cela serait d’autant plus naturel, que

L’heure est propice!

Regardez plutôt la cote. Vous y verrez que les
prix de toutes les bonnes valeurs sont à une distance
considérable des cours que l’on inscrivait il n’y a
pas deux mois. Savez-vous que certains titres ont
perdu de 1/2 à 2 0/0, — voire davantage? Savez-vous
que les chemins de fer, tout garantis par l’État qu’ils
soient, sont plus faibles qu’ils ne l’ont été depuis
plus d’une année? Savez-vous que deux ou trois
établissements de crédit, en possession depuis de
longues années de la confiance du public, ont reculé
d’une manière ridicule ?

Vous sentez bien que cela ne saurait durer.

S’il y a des micmacs politiques, tout baissera
plus ou moins. Ce qui baissera le moins, ce sera
naturellement les bonnes, fortes, solides valeurs. Et
c’est à celles-là qu’on ira, — même si on prévoit
des... choses politiques. Car, enfin, la rente française,
le Crédit Lyonnais, nos chemins de fer,

Le Crédit Foncier,

tout cela est facile à négocier, — tout cela représente
une valeur intrinsèque sérieuse. Une panique, quand
elle se produit, — et quand elle est justifiée en tout
ou en partie,— fait d’abord son effet sur les titres de

seconde catégorie; et quand elle est passée, les titres
de seconle catégorie ont toutes les peines du monde
à se relever. Elles en ont parfois pour des mois et
des mois. Tandis que les rentes, et les autres que je
viens de dire, ça se releve en un rien de temps.

Et pour cause.

Toutes ces valeurs ont une clientèle, une bonne
et vraie clientèle, composée de gens qui mettent du
titre en portefeuille. Une baisse arrive, soudaine et
violente : la clientèle s’en moque. Qu’est-ce que ça
lui fait? On peut bien faire baisser le Foncier à
1180 fr., comme il y a six mois : ce ne peut être que
momentané. Pendant que la bourrasque dure, on
D’en a pas moins un beau revenu et une valeur de
premier ordre. Ah ! si on avait de l’argent blanc !
Comme on profilerait des bourrasques de ce genre
pour augmenter son stock I

C’est ce qu’on fait quand on peut. C’est ce qu’on
fera le mois prochain. C’est ce qu’on fait, tenez, avec
les obligations du Crédit Foncier, chaque fois que
par suite des mouvements du marché, une petite
baisse se produit. Un mien ami m’avouait qu’il possé-
dait une centaine de ces titres. Comme je le féli-
citais :

— Oui, oui... Malheureusement, ça ne baisse pas
assez souvent...

— Je ne comprends pas...

— C’est pourtant bien simple... Si ça baissait, je
m’en paierais souvent de fortes tranches...

Malheureusement, donc, cela ne fléchit guère. Et
mon ami est obligé de payer le prix. Il n’est fichtre
pas le seul, d’ailleurs 1

Castorine.

ü

ÜIMD IL N’Y EN A PLUS...

... Eh bien, il y en a encore !

C’est tout à fait palpitant.

De quoi donc ?

De quoi ? mais des Congrès, mes chers amis !

Hélas ! les Expositions, surtout lorsqu’elles sont
internationales, ont de ces cruels inconvénients.

Ainsi, nous avons en ce moment à faire face à pas
mal de ces petites calamités.

Que de choses à supporter !

Ce n’est rien, hélas ! que de le dire.

Voici d’abord le Congrès très international du Droit
des femmes,au sein duquel—je pourrais écrire:
« aux seins duquel » — pérorent des dames que
nous connaissons bien, depuis Ilubertine Auclert
jusqu’à Aime Astié de Valsayre, en passant par
Mlle Maria Deraismes, l’âme de cette fumisterie;
puis le Congrès des électriciens, — excusez le rap-
prochement, je vous prie 1 — le Congrès des mania-
ques qui veulent réformer Yortografe sans se sou-
cier naturellement de Vétimologi (!) ; le Congrès de
la Paix — un leurre ! — le Congrès des Sociétés
savantes — de la patience, s. v. p. ! — le Congrès
des agriculteurs — faut de l’engrais ! — le Congrès
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