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Le charivari — 60.1891

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Août
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https://doi.org/10.11588/diglit.23885#0846
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149

— Pas étonnant que tu n’obtiennes pas de prix! Toujours tu t’occupais de tout
autre chose que de tes devoirs. Où cela te mènera-t-il jamais?

— Au Conseil municipal, p’pa.

A la fin, il était devenu si fort sur la matière., qu'il
s’était institué le cicerone officieux des nouveaux
venus. Il leur faisait l’article comme un commis en
terreur.

Ce sera un des beaux souvenirs de sa carrière !

Mais on n’a pas toujours de ces choses-là... (Le mot
est de M. Vampire.)

Dans les temps ordinaires, il faut faire flèche de
tout bois. Le moindre incendie devient un but de
promenade alors. M Vampire assiste au déblai.

Quelles belles journées lui valut encore l’accident
de Saint-Mandé ! Ali ! monsieur !...

Pourtant il ne se consolera de sa vie, car il est ar-
rivé trop tard ; oui, trop tard ! On venait d’emporter
le corps de la dernière victime... 11

11 y a aussi pour lui les contingents imprévus.
Pour cela, il a la main assez heureuse... (Encore une de
ses expressions !)

Rarement il se passe une semaine sans qu’il ren-
contre un cheval emporté, un couvreur tombé d’un
toit, un homme pris d’une attaque d’épilepsie...
Et caetera.

D’ailleurs, les jours où il n’a pas d’itinéraire fixe,
il aide un peu la fortune, et se promène de préfé-
rence sur les quais (les noyés ne sont-ils pas là?...);

ou bien encore autour des monuments et colonnes, !
I du haut desquels on peut faire un saut dans l’éter-
| nité...

C’est comme Bicêtre et Charenton. Rien de plus
attrayant... à condition de ménager ses sensations.

Tous les trois mois, M. Vampire rend visite à
chacun de ces établissements, pour voir s'il y a du
neuf. Il en sait par cœur les pensionnaires ordi-
naires. Il connaît les fous agités par leur nom, et
tape sur l’épaule des gâteux avec un air de protec-
tion.

Charenton et Bicêtre, des voyages charmants!

M. Vampire a eu une joie encore.

Par son médecin,il a obtenu d’aller, à la Clinique,
assister aux opérations du matin.

C'était en été, par un temps radieux. Il arriva dès
six heures, tant il avait peur de manquer le rendez-
vous. On coupa beaucoup cette fois-là.

Je vous ai dit que M. Vampire est privilégié.

Les catacombes l'ont distrait au commencement ;
mais c’est bien monotone, ces piles d’ossements.

Les cimetières sont un pèlerinage qui a son mé-
rite à la Toussaint, quand il y a beaucoup de monde,
ou quand on reprend chaque année les terrains à
temps. . à cause des exhumations, vous concevez.

Ajoutez à cette nomenclature les bocaux du Mu-

séum, et vous comprendrez que M. Vampire a tou-
jours et au-delà l’emploi de sa journée.

Ami des arts, du reste.

Il a une collection très curieuse de portraits-car-
tes... ceux de tous les criminels qu’on a guillotinés
depuis l’invention de la photographie.

Il ne les montre qu'à ses préférés... L’avare et son
trésor!

***

Vivant doucement ainsi, M. Vampire s’endort avec
la lecture d’un volume de la collection des Causes cé-
lèbres, rêvant aux plaisirs du lendemain.

Comme je le disais en commençant, son portier le
vénère, les siens lui brodent des pantoufles pour sa
fête.

Et quand il aura rendu sa belle âme, on gravera
sur sa tombe la fameuse épitaphe : Bon père, bon
épouxy bon tout ce qu’on voudra.

***

C’est ainsi qu’on écrit l’histoire.

CASCADIO.
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