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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 1.1922/​1923

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[juillet 1923]
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https://doi.org/10.11588/diglit.43073#0325
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Un peu d’archéologie.
Poussé par la curiosité autant que par l’in-
térêt qui s’attachait à la découverte de ce
coffret, je suivis le groupe et m’installai, sans
encombre, à proximité de la petite salle où se
conservent les antiquités chères au châtelain.
Les ouvriers tirent part de leur trouvaille à ce
brave homme fort réjoui de l’aventure et qui
demeura bientôt seul avec Chariot.
— Vous avez donc trouvé ce coffret au pied
du hêtre, à une très minime profondeur ?
— Oui, Monsieur le Comte ; à une profon-
deur d’un fer de bêche.
— C’est bien cela. Ce valet qui déroba les
antiquités de mon père a dû enfouir ces objets
à la hâte, en divers endroits. Il aura sans doute
oublié cette cachette. Depuis sa sortie de pri-
son il n’a plus reparu dans la région ; il est
mort à cette heure. Sa malheureuse femme et
ses enfants ont quitté le pays après l’aven-
ture. Us n’avaient pris aucune part à la faute
du chef de la famille, mais, braves gens, ils
ne pouvaient vivre ici dans la honte qui rejail-
lissait sur eux ; ils sont partis. Mon père les
a aidés pendant quelques années ; les enfants,
devenus grands, l’ont remercié de sa bienfai-
sance et n’ont plus accepté le secours qui leur
pesait. Au fond, ce valet était un bon servi-
teur; l’espoir et le désir d’une fortune le pous-
sèrent au vol. Faible et mal conseillé par des
amis de rencontre qui espéraient une large part
du butin, il accomplit sa mauvaise action ; elle
causa sa perte et le malheur des siens.
Peu après son arrestation, et sur les rensei-
gnements fournis par le voleur, on retrouva,
clans l’étang, des chenets que voici, avec ce
carquois d’or qui provient de l’armure de quel-
que Hun, et ces médailles gauloises. On a dé-
couvert ces médailles sous un autel druidique
aux environs de Bavai.

(Suite).
Plusieurs objets précieux n’ont jamais été
retrouvés, entre autres une gravure représen-
tant saint Christophe portant l’Enfant Jésus
sur ses épaules, et qui remontait au milieu du
XV9 siècle. C’était un rare spécimen des pre-
miers essais de la gravure. Il manque encore à
mes collections deux petits iécythes, ou vases à
parfums improprement nommés lacrymatoires,
et un buccin, sorte de trompette qui remontait
à une haute antiquité. Mais tout cela ne vous
intéresse pas, Chariot.
— Au contraire, Monsieur le Comte. J’ai
toujours aimé et vénéré les choses anciennes.
Elles portent en elles un peu de l’âme de nos
aïeux, comme je l’ai entendu dire par Mon-
sieur le Comte lui-même. Je suis heureux de
cette trouvaille qui vous remet en possession de
vos trésors disparus.
La conversation roula un moment sur l’ar-
restation du valet qui fut surpris chez un bro-
canteur peu honnête, au moment même où il
lui vendait les objets volés. Puis le châtelain
prenant en main la Madone, l’examina plus
attentivement.
— C’est bien la statue dérobée ! Tenez,
Chariot, elle était là, sur ce petit socle accro-
ché près de cette vitrine. Je l’ai souvent con-
templée dès mon enfance et son expression me
frappait. J’avais douze ans lorsqu’elle dispa-
rut ; j’en ai soixante-deux aujourd’hui. Un
demi-siècle écoulé ne m’a pas fait perdre le
souvenir de cette Madone que mon père ap-
préciait comme une véritable oeuvre d’art.
Et le châtelain évoquait des souvenirs dont
le récit l’animait. Chariot, debout, appuyé sur
la table, écoutait, heureux lui-même de la
joie de cet amateur d’antiquités qui vanta les
mérites de sa statuette comme s’il se fût trouvé
à la réunion de la Gilde des archéologues dont
il est le président.
— Voyez, Chariot, cette statuette représente

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