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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 1.1922/​1923

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[juillet 1923]
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https://doi.org/10.11588/diglit.43073#0326
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la Sainte Vierge assise sur une espèce de ca-
thedra; elle semble, au premier aspect, d’ori-
gine byzantine. Elle est pourtant de l’époque

romane, du siècle même qui vit s’élever notre
église.
— En effet, interrompit Chariot, la Madone
du portail me paraît avoir des ressemblances
avec celle-ci.
— C’est bien cela1. Voyez les draperies ;
elles ont la raideur et aussi l’élégance des sta-
tues byzantines. Cette tunique fixée à la taille
par une large ceinture, la zona, révèle son an-
tiquité comme ce manteau, cette chlamyde, que
retient, au haut de la poitrine, le fermaïl, une
broche de forme circulaire.
La figure de la Vierge n’est pas empreinte
de cette exquise beauté dont les artistes chré-
tiens feront rayonner, plus tard, le front de
la Heine des Vierges. L’artiste de l’époque
romane ne connaît qu’une beauté sévère, sou-
venir des impératrices d’Orient. Cette beauté
ne nous émeut pas ; elle s’impose et nous tient,
devant elle, respectueux. Elle exprime le di-
vin ; elle est un attribut céleste et semble ap-
partenir au culte, à la liturgie.
Au XIIIe et au XIVe siècles, la statuaire
gardera cette noble sérénité, mais les physio-
nomies rayonneront de douceur, de mélancolie,
de piété surtout ; les draperies, plus amples,
s’assoupliront; le geste, sans perdre sa-no-
blesse, prendra de l’élégance. La Madone
surtout se fera maternelle et les artisans la
revêtiront de tous les charmes. A cette épo-

que on compare la Sainte Vierge « à tout ce
qui s’élève, à la fleur, à l’oiseau, au rayon, au
miel, au chant de l’oiseau. Elle est la grâce,
la lumière, l’étoile du matin, le sou-
rire de l’aurore. On la retrouve sur
la terre où elle était l’herbe des
champs et le lys des vallées 1. »
Au XIVe siècle la Vierge se rap-
proche de nous. Elle se fart plus ma-
ternelle et plus secourable tandis
« qu’une grâce intense et recueillie
répand un charme tout-puissant sur
sa figure d’une candeur céleste. »
(Lamennais.)
Chariot, je m’égare en considéra-
tions hors de propos. Mais, vojrnz-
vous, ma joie est si grande de ren-
trer, d’une manière aussi imprévue,
en possession de ma statuette. Quant
à ce louis d’or que renfermait le
coffret, il a été trouvé à Onnaing,
près de Valenciennes, par un labou-
reur. C’est un double louis à l’ef-
figie de Louis XIII couronné de lau-
riers ; il porte la date de 1640, pré-
cisément l’année où les louis d’or
furent frappés pour la première fois. Voyez au
revers, ces quatre L rangées de manière à for-
mer une croix. Elle est surmontée d’une cou-
ronne. Au centre de la croix se trouve la marque
A, et dans chaque angle la fleur de lis.
La légende du revers signifie : Le Christ
règne, il triomphe, il commande. Celle de la
tête veut dire : Louis XIII, par la grâce de
Dieu, roi de France et de Navarre. Cette pièce
est très intéressante pour l’histoire de l’art
monétaire ; mon père regretta toujours sa
disparition.
— Peut-être, Monsieur le Comte, trouve-
rons-nous d’autres objets précieux au pied du
hêtre,Permettez-moi d’y continuer mon travail.
— Je ne crois pas qu’en dehors du coffret,
aucune trouvaille soit à espérer. Mais, allez
Chariot. Ce matin je passerai chez mère Sé-
raphine ; je veux vous récompenser dignement
de votre honnêteté.
— Monsieur le Comte est bien bon, reprit
Chariot ; il salua et sortit.
Je le suivis à quelques pas. J’étais fatigué
de cette séance qui ne m’intéressait qu’à demi.
J’aurais préféré, à ces discours, un rayon de
soleil, une fraîche rosée de printemps épandue
sur le trèfle et le serpolet. Hélas ! une neige
fine commençait à tomber; j’avais froid et je
résolus de rentrer au terrier.
(A suivre) Jeannot.

1. L. Gillet. Hist. artist. des Ordres mendiants, Laurens.


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