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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 12.1887

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Choisy, Auguste: Les fouilles de Suse et l’art antique de la Perse, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0019

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LES FOUILLES DE SUSE ET l’âRT ANTIQUE DE LA PERSE.

L’accès en était périlleux. Une seule mission européenne avait pénétré jusque-là, celle
du général Willams et de lord Loftus : encore la mission anglaise ne s’était-elle aven-
turée que sous un couvert diplomatique, à l’occasion d’une délimitation de frontières.
Mais pour ceux que possède le besoin d’explorer, le péril même est un attrait. A deux
reprises, il fallut rebrousser chemin. Il s’agissait de s’introduire dans des contrées occu-
pées par des nomades qui passent à volonté du territoire perse au territoire turc, et ne
reconnaissent de fait ni l’autorité du Chah ni celle du Sultan. Une troisième tentative
aboutit enfin. On chemine à travers les balles que des tribus rivales échangent entre elles ;
on traverse des marais pestilentiels infestés de fauves : on se fraye la voie, et Suse apparaît.

Figurez-vous, au milieu d’une plaine où serpente et croupit un filet d’eau, le Cliaour,
une butte à pic : une butte qui couvre plus de cent hectares et s’élève à 22 mètres, et
sur quelques points à 36 : un amas entièrement factice, formé des débris de maisons de
terre, que les siècles ont amoncelées les unes sur les ruines des autres. Tous les âges de
la civilisation sont là, représentés chacun par un témoin, un vestige. Suse fut bien des
fois ruinée, saccagée : Assourbanipal, après tant d’autres, « brisa les lions ailés et les tau-
reaux qui veillaient à la garde des temples ». Qu’importe ? Les envahisseurs brisent les
lions ailés et les taureaux, mais de ces taureaux et de ces lions il reste les débris : cette
butte recèle un résumé de l’histoire du vieux monde.

Pour se guider dans les recherches on possède, par la plus heureuse des rencontres,
un plan antique du site : un plan tracé par une main assyrienne et qui remonte à la
conquête même d’Assourbanipal, c’est-à-dire au septième siècle avant notre ère. Ce plan
indique une enceinte bordée sur une de ses faces par un cours d’eau, avec un monticule
saillant vers l’un des angles : un fort, une sorte de donjon.

Ces traits généraux, la butte les reproduit : on voit où les fouilles donneront les
restes d’un fort; on devine où il faut chercher les entrées de la ville; et des ruines par-
tiellement reconnues par Loftus montrent où se dressa le palais. De ce palais même, on
sait dès à présent la date : une inscription, interprétée par M. Oppert, nous apprend que
le fondateur fut Darius l’Ancien, et que le palais fut incendié puis rebâti sous
Artaxerxès Mnémon ; c’est l’édifice même où la relation biblique place la scène
d’Esther.

Malheureusement, le temps manque pour entreprendre des fouilles, les moyens maté-
riels font défaut; entre les accès d’une fièvre accablante, les voyageurs peuvent à peine
se traîner dans les crevasses du tumulus, prendre tant bien que mal quelques clichés;
la maladie et la fatigue ne leur permettent rien de plus. Force est de regagner la France.
M. et Mme Dieulafoy rapportent du moins cette conviction que Suse vaut une exploration
en règle, et s’offrent à la tenter.

Grâce à M. de Ronchaud, on organise une nouvelle expédition, on obtient du Chah
les firmans nécessaires, et l’on adjoint à la Mission deux membres dont les connaissances
multiples permettront d’élargir le champ des recherches et d’aborder la Susiane sous ses

GAZhTTB Alt'.TIROI.OGIQUiC. — ANNÉE 1887.

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