Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 12.1887

DOI Artikel:
Molinier, Emile: Deux reliquaires provenant de la chapelle de l’ordre du Saint- Esprit au musée du Louvre
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0115

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
deux reliquaires provenant de la chapelle de l’ordre du saint-esprit. 95
France; sur ce point, on peut se livrer à mille conjectures dont une des plus raison-
nables attribuerait à la reine Catherine de Médicis l’apport des pièce italiennes en France.

Clairambault nous a laissé une description, accompagnée de dessins assez soigneuse-
ment exécutés, de toutes les pièces composant la chapelle du Saint-Esprit1. C’est un
document précieux qui permet de constater l’état de ce trésor au commencement du
xviiF siècle; il était à peu près tel qu’aujourd’hui et nous n’avons à déplorer que la
perte d’une seule pièce, une grande croix processionnelle en argent et en cristal de
roche1 2. Il nous permet aussi de constater que nous ne possédons plus dans leur état
primitif deux des pièces qui sont aujourd’hui dans l’une des vitrines de la galerie
d’Apollon. Les deux chandeliers en cristal de roche subirent, en 1700, une mutilation
que Clairambault a constatée; le fait est assez curieux pour qu’on s’y arrête un instant.
Le dessin qu’en donne Clairambault3 est accompagné d’une note qui a son intérêt
parce qu’elle rappelle un fait peu connu : ces chandeliers servirent de thème à des
prédicateurs pour s’élever avec fureur contre un roi auquel on pouvait reprocher tant de
choses qu’il semble étonnant qu’on ait songé à lui faire un crime de manger avec une
fourchette ou autre peccadille qui ne sauraient vraiment charger la conscience d’un
honnête homme. Je laisse la parole à Clairambault :

« 11 y avoit pour fond dans le pied de ces chandeliers une plaque d’argent doré sur
laquelle estoient des satyres nuds, masles et femelles, se tenant par la main et dansans
en rond. Il y en avoit un dans le milieu qui jouoit d’une flûte rustique. Ils ont esté ostez
par ordre du roy sur la représentation de monseigneur le marquis de Torcy, chancelier
de l’ordre en 1700. Je les portay à Versailles et monseigneur de Torcy les fît voir au
roy4. »

A la suite de cette note, Clairambault donne un certain nombre d’extraits d’auteurs
du xvie siècle qui ont parlé de ces chandeliers et surtout de ces satyres; je n’ai eu qu’à
me reporter à ces textes pou* m’apercevoir qu’ils avaient joué un rôle presque impor-
tant dans l’histoire du dernier roi de la maison de Valois.

Si l'on en croit les Mémoires de Lestoile, ces plaques d’argent, portant les satyres
gravés, défrayèrent les orateurs de la Ligue qui en firent un argument contre l’impiété
d’Henri III : « Le mercredi, jour des cendres (1589), Lincestre dit en son sermon qu’il
ne leur prescheroit pas l’Evangile, pour ce qu’il étoit commun et que chacun le sçavoit,
mais qu’il prescheroit la vie, gestes et faits abominables de ce perfide tyran, Henri de
Valois, contre lequel il dégorgea une infinité de vilainies et injures, disant qu’il
invoquoit le diable et, pour le faire ainsi croire à ce sot peuple, tira de sa manche un

1. Bibliothèque nationale, Collection Clairambault, 1111
(Saint-Esprit, I) f° 1 H et suiv. : Inventaire des ornements
et argenterie appartenant à l'ordre du Saint-Esprit et qui
sont à la garde du grand trésorier des Ordres ; 1701.

2. Ibid, f° LU b : « Grande croix d’argent doré et de

cristal de roche à porter à la procession , donnée à l’ordre

Gazette archéologique. •— Année 1887,

du Saint-Esprit par le roi Henri III. Elle a 2 pieds I
poulce de haut et un pied I poulce de large. »

3. Ibid., f° 115.

4. Ibid. La dernière phrase est de la main même de
Clairambault.

13
 
Annotationen