Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 12.1887

DOI article:
Müntz, Eugène: Pétrarque et Simone Martini (Memmi): à propos du Virgile de l'Ambrosienne
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0125

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
PÉTRARQUE ET SIMONE MARTINI. 101

qu’il y a de moins antique. L’artiste n’avait probablement jamais vu ou regardé une
statue grecque ou romaine; il devine cependant que les anciens portaient d’ordinaire
la barbe, et que leur costume se composait principalement d’une toge; bien plus, et
cette découverte mérite un bon point, il caractérise Virgile par une couronne de lierre,
ce qui n’est pas trop mal trouvé. Quant à la ressemblance des types, à la convenance des
gestes, à la vraisemblance de l’action, ce sont là raffinements qu’il ne faut point
demander à un peintre du xive siècle. Bornons-nous a constater que la facture montre
une rare délicatesse de touche et que, grâce à l’opposition des draperies blanches et
bleutées avec le bleu opaque qui forme le fond, le coloris est d’une rare distinction.

La miniature, je viens de le dire, se détache sur un de ces fonds bleus d’outre-mer
si chers à l’artiste siennois. Sous des arbres, d’une structure assez primitive, et devant
lesquels est tendu assez maladroitement un rideau, repose Virgile, représenté sous les
traits d’un sexagénaire; assis sur le sol, les jambes étendues, il tient de la droite une
plume ou un stylet, appuyant la gauche sur le volume étendu sur ses genoux; du
regard levé il semble chercher l’inspiration — lente à venir; — une couronne de lierre
ceint sa tête. C’est une figure peu heureuse, d’une expression morose, à mille lieues
de l’image que nous nous faisons du divin poète. Les draperies amples et tourmentées
ne sont pas non plus d’un effet satisfaisant. Enfin, dans ce bras maigre, dans cette main
comme atrophiée, on sent trop la préoccupation d’ascétisme de l’Ecole siennoise.

Près de Virgile, et formant le contraste le plus complet avec lui, se tient Servius, le
commentateur, brillant de jeunesse et de beauté, les cheveux blonds, le regard ardent, la
moustache et la barbe d’une souplesse juvénile, le teint animé; une des plus nobles
créations du moyen-âge; il porte une tunique blanche, un manteau bleuâtre doublé de
rouge et des brodequins : soulevant d’une main le rideau tendu entre les arbres, il
montre de l’autre main Virgile à un guerrier debout à côté de lui, la tête nue, un
poignard à la ceinture, la lance à la main, un manteau jeté sur son armure1 : le
lecteur a nommé Enée. Ici encore, dans cette personnification du chevalier du moyen-
âge, témoignant d’une surprise trop profonde, au visage disparaissant à moitié sous
une chevelure et une barbe trop épaisses, l’artiste n’a pas réussi à évoquer l’image du
héros de YEnéide.

Deux inscriptions tracées sur des banderoles, dont chacune est tenue par une main
ailée (motif très rare au moyen-âge), expliquent la scène qui vient d’être décrite. La
première se rapporte à Virgile, la seconde à Servius :

Itala præclaros tellus cdis aima poetas,

Sed tibi Græcorum dédit h ic attingere metas.

Servius altiloqui retegens arcliana Maronis
Ut pateant ducibus, pastoribus atc/ue poetis.

1. Je ne sais où l’abbé Bianconi a pu prendre que chez eccetua un pugnale « (apud délia Valle, Leltere sanesi, t. II,
Enée, 1’ « abito é totalmente all’uso antico romano, se si p. 101-106.)
 
Annotationen