126 FIGURINE DE BRONZE COIFFÉE d’üN CASQUE CORNU.
Les légions qui ont eu le Taureau pour emblème étaient1 la V Macedonica cantonnée
en Dacie, la VII Claudia en Mésie, la III Italica en Rétie, la X Gemma en
Pannonie Supérieure, la X Fretensis en Judée avec un détachement en Grande-Bre-
tagne au temps de Victorin, et la VIII Augusta en Germanie Supérieure; c’est du moins
ce que nous apprenons par les noms de ces légions inscrits autour de l’image d’un tau-
reau sur des monnaies de Gallien et de Yictorin2 et aussi par l’umbo d’un bouclier de
bronze trouvé en Grande-Bretagne ; on voit sur ce dernier l’image de Mars casqué et
celle d’un taureau avec l’inscription3 :
LEG VIII AYG
0 1VL MAGNI IVNI DVBITATI
c’est-à-dire (bouclier) de Junius Dubitatus, soldat de la légion VIII Augusta, centurie de
Julius Magnus.
Il ne pouvait y avoir aucune confusion entre les légions qui portaient le même
emblème, car elles appartenaient à des armées différentes. Parmi celles que je viens de
citer, mon choix se fixe nécessairement sur la VIII Augusta, cantonnée à Argentoratum
(Strasbourg) et Moguntiacum (Mayence), en Germanie Supérieure, depuis le principat
de Yespasien jusqu’à la fin de l’Empire.
lime reste à expliquer l’ornementation cornue du casque. Diodore de Sicile, parlant du
costume et de P armement des Gaulois4, dit: « Leurs casques de bronze sont garnis de
grandes saillies et donnent à ceux qui les portent un aspect fantastique; à quelques-
uns de ces casques sont fixées des cornes, et à d’autres des figures en relief d’oiseaux
ou de quadrupèdes. Ils ont des trompettes barbares d’une construction particulière, qui
rendent un son rauque approprié au tumulte guerrier. » Ce passage est confirmé d’une
manière remarquable par les monuments numismatiques et statuaires ; toutes les fois
que les Romains ont représenté un trophée d’armes gauloises, ils l’ont caractérisé en le
surmontant d’un casque à cornes, et en y disposant des carnyx en sautoir; c’est ce que
l’on constate sur les bas-reliefs des arcs d’Orange et de Saint-Remy5, ainsi que sur
quelques deniers de Jules César6. Les cornes constituent donc l’attribut typique du
casque national des Gaulois; il est vrai que d’autres exemples se rencontrent ailleurs,
mais je n’ai pas à m’en occuper ici; je les indiquerai plus loin. Si cette coiffure est donnée
à Postume, c’est évidemment par une ingénieuse allusion à la création de l’empire gau-
lois dont il fut le fondateur dans des circonstances que je crois utile de rappeler.
4. Cli. Robert, Les légions du Iilün, 1867, in-4°, p. 16
et 44.
2. Cohen, Monn. imp., t. V, -1885, p. 390-392; t. VI,
1886, p. 95.
3 Corp. insc. latin., t. VII, n. 495.
4. Diod. Sicil 1., V., 30 : xpxvrj os yaXxx TispixdBvxai,
[xEyâXaç IÇoyàç sç aùxwv syovxa xai 7ïaij.asys0rjv (pavxaaiav
ETTtcDspovTa xot? ypwpivotç. Totç [jlsv yàp 7tpd<rx£ixai aupepu-rj
xspaxa, xotç SI opvswv r] XEXpajxdotov Çcocov sxx£TU7ua>p.Evai.
5. Aug. Caristie, Monuments antiques à Orange, in-fol.,
1856. pl. xx, f. 6. Il en existe des moulages au Musée de
Saint-Germain (S. Reinach, Catalogue du Musée de Saint-
Germain, 1836, p. 22-23).
6. Cohen, Monn. de la Rép., pl. xx, nos 11-16; le
même, Monn. imp., t. I, 18^0, p. 4 0, 41 ; Babelon, Descr.
des monn. de la Rép., t. II, p. 4 4.
Les légions qui ont eu le Taureau pour emblème étaient1 la V Macedonica cantonnée
en Dacie, la VII Claudia en Mésie, la III Italica en Rétie, la X Gemma en
Pannonie Supérieure, la X Fretensis en Judée avec un détachement en Grande-Bre-
tagne au temps de Victorin, et la VIII Augusta en Germanie Supérieure; c’est du moins
ce que nous apprenons par les noms de ces légions inscrits autour de l’image d’un tau-
reau sur des monnaies de Gallien et de Yictorin2 et aussi par l’umbo d’un bouclier de
bronze trouvé en Grande-Bretagne ; on voit sur ce dernier l’image de Mars casqué et
celle d’un taureau avec l’inscription3 :
LEG VIII AYG
0 1VL MAGNI IVNI DVBITATI
c’est-à-dire (bouclier) de Junius Dubitatus, soldat de la légion VIII Augusta, centurie de
Julius Magnus.
Il ne pouvait y avoir aucune confusion entre les légions qui portaient le même
emblème, car elles appartenaient à des armées différentes. Parmi celles que je viens de
citer, mon choix se fixe nécessairement sur la VIII Augusta, cantonnée à Argentoratum
(Strasbourg) et Moguntiacum (Mayence), en Germanie Supérieure, depuis le principat
de Yespasien jusqu’à la fin de l’Empire.
lime reste à expliquer l’ornementation cornue du casque. Diodore de Sicile, parlant du
costume et de P armement des Gaulois4, dit: « Leurs casques de bronze sont garnis de
grandes saillies et donnent à ceux qui les portent un aspect fantastique; à quelques-
uns de ces casques sont fixées des cornes, et à d’autres des figures en relief d’oiseaux
ou de quadrupèdes. Ils ont des trompettes barbares d’une construction particulière, qui
rendent un son rauque approprié au tumulte guerrier. » Ce passage est confirmé d’une
manière remarquable par les monuments numismatiques et statuaires ; toutes les fois
que les Romains ont représenté un trophée d’armes gauloises, ils l’ont caractérisé en le
surmontant d’un casque à cornes, et en y disposant des carnyx en sautoir; c’est ce que
l’on constate sur les bas-reliefs des arcs d’Orange et de Saint-Remy5, ainsi que sur
quelques deniers de Jules César6. Les cornes constituent donc l’attribut typique du
casque national des Gaulois; il est vrai que d’autres exemples se rencontrent ailleurs,
mais je n’ai pas à m’en occuper ici; je les indiquerai plus loin. Si cette coiffure est donnée
à Postume, c’est évidemment par une ingénieuse allusion à la création de l’empire gau-
lois dont il fut le fondateur dans des circonstances que je crois utile de rappeler.
4. Cli. Robert, Les légions du Iilün, 1867, in-4°, p. 16
et 44.
2. Cohen, Monn. imp., t. V, -1885, p. 390-392; t. VI,
1886, p. 95.
3 Corp. insc. latin., t. VII, n. 495.
4. Diod. Sicil 1., V., 30 : xpxvrj os yaXxx TispixdBvxai,
[xEyâXaç IÇoyàç sç aùxwv syovxa xai 7ïaij.asys0rjv (pavxaaiav
ETTtcDspovTa xot? ypwpivotç. Totç [jlsv yàp 7tpd<rx£ixai aupepu-rj
xspaxa, xotç SI opvswv r] XEXpajxdotov Çcocov sxx£TU7ua>p.Evai.
5. Aug. Caristie, Monuments antiques à Orange, in-fol.,
1856. pl. xx, f. 6. Il en existe des moulages au Musée de
Saint-Germain (S. Reinach, Catalogue du Musée de Saint-
Germain, 1836, p. 22-23).
6. Cohen, Monn. de la Rép., pl. xx, nos 11-16; le
même, Monn. imp., t. I, 18^0, p. 4 0, 41 ; Babelon, Descr.
des monn. de la Rép., t. II, p. 4 4.