LES FOUILLES DE SIVERSKAIA.
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pomme que cette femme tient de la main gauche est l’attribut de Vénus. Sa main
droite levée est placée derrière la tète de Minerve. Sa chevelure est rejetée en arrière.
Chacune de ses jambes et même ses bras sont entourés d’anneaux. Sur la partie droite
de son corps semble apparaître un serpent dont la tète est à la hauteur du sein. Les
bracelets des bras et des jambes sont-ils les anneaux du serpent qui enroulent cette
femme? L’examen, quelque méticuleux qu’il soit, ne nous amène à aucune conclusion.
Tous les fonds sont obtenus au moyen du ciselé et forment un pointillé en creux. En
dessous de la plaque, il existe quatre attaches, ce qui démontre que cette phalère
devait être appliquée soit sur un vêtement, soit plus vraisemblablement sur un harnais
de cheval.
Le sujet, nous l’avons vu, est encadré par un cep de vigne aussi grossièrement
exécuté que les figures ; cette décoration pourrait peut-être nous donner quelque indi-
cation sur la provenance et l’époque de l’objet. En effet, nous connaissons une pièce,
également en or massif, sur laquelle des sarments de vigne identiques sont reproduits
et sont traités dans le même style, et en quelque sorte de la même façon, quoique le
procédé ne soit pas le même. Il s’agit de la grande coupe d’or de la trouvaille de Pétrossa
décrite par M. Odobesco.
Ce savant a lui-même fait ressortir les ressemblances qui existaient entre la reproduc-
tion du cep de vigne dans les deux objets. Sans affirmer que les deux objets d’or soient
contemporains et l’œuvre d’un art identique, il est certain qu’il existe entre eux un rap-
prochement qu’il y a lieu de constater. Malheureusement, on ignore encore exactement
l’origine de la grande coupe de la trouvaille de Pétrossa. Elle était évidemment dans le
trésor d’un chef ou d’un roi barbare vers le ive siècle de notre ère, mais comme elle est
dissemblable de tous points des autres objets de ia trouvaille, on ne peut que tirer la
conclusion que nous avons déjà formulée au sujet de la phalère de Siverskaïa, c’est
qu’elle est l’œuvre d’un barbare, copiée grossièrement sur des bas-reliefs à sujets reli-
gieux de peuples civilisés. C’est ce qui s'est fait longtemps et ce qui se fait encore chez
certaines populations de l’Orient, particulièrement de nos jours au Daghestan.
Deux médailles de Pairizadès III(?) trouvées avec ces différents objets, donneraient
comme date la dernière partie du 11e siècle avant notre ère pour les pièces de cette
trouvaille, excepté pour la phalère d’or qui est assurément postérieure au reste des
objets1.
Faut-il voir dans ces ouvrages le travail de Grecs à la solde des rois du Pont, ou bien
au contraire ces pièces sont-elles l’œuvre de quelque orfèvre cimmérien? On ne peut
répondre affirmativement à ces questions; il est vraisemblable, toutefois, qu’il ne faut
pas chercher là l’œuvre de quelque artiste barbare, mais plutôt celle de ciseleurs grecs
d’un réel talent. Germain BAPST.
!. Voir Imhofl-Blümer, Portrælkœpfe aufantikenMünzen
hellenischer Vœlker, Leipzig, I8S5. Oreschnikow (Alex.),
Zur Münzkunde der Cimmerischen Bosphorus, Moscou,
1883. Oreschnikow (Alex.). Der Cimmerische Bosphorus zur
Zeit der Spartokidendynastie, 1884. Voyez aussi les Comptes
rendus de la commission impériale d'archéologie publiés
par Stephani, 1880. Atlas, pl. n , page 63. On sait que les
médailles de Pairisadès III (?) se trouvent en grande quan-
tité dans le sud de la Russie et au Caucase. Il en a été
trouvé un certain nombre dans un tombeau de femme et
d’homme avec des bijoux dont un diadème en feuilles de
laurier.
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pomme que cette femme tient de la main gauche est l’attribut de Vénus. Sa main
droite levée est placée derrière la tète de Minerve. Sa chevelure est rejetée en arrière.
Chacune de ses jambes et même ses bras sont entourés d’anneaux. Sur la partie droite
de son corps semble apparaître un serpent dont la tète est à la hauteur du sein. Les
bracelets des bras et des jambes sont-ils les anneaux du serpent qui enroulent cette
femme? L’examen, quelque méticuleux qu’il soit, ne nous amène à aucune conclusion.
Tous les fonds sont obtenus au moyen du ciselé et forment un pointillé en creux. En
dessous de la plaque, il existe quatre attaches, ce qui démontre que cette phalère
devait être appliquée soit sur un vêtement, soit plus vraisemblablement sur un harnais
de cheval.
Le sujet, nous l’avons vu, est encadré par un cep de vigne aussi grossièrement
exécuté que les figures ; cette décoration pourrait peut-être nous donner quelque indi-
cation sur la provenance et l’époque de l’objet. En effet, nous connaissons une pièce,
également en or massif, sur laquelle des sarments de vigne identiques sont reproduits
et sont traités dans le même style, et en quelque sorte de la même façon, quoique le
procédé ne soit pas le même. Il s’agit de la grande coupe d’or de la trouvaille de Pétrossa
décrite par M. Odobesco.
Ce savant a lui-même fait ressortir les ressemblances qui existaient entre la reproduc-
tion du cep de vigne dans les deux objets. Sans affirmer que les deux objets d’or soient
contemporains et l’œuvre d’un art identique, il est certain qu’il existe entre eux un rap-
prochement qu’il y a lieu de constater. Malheureusement, on ignore encore exactement
l’origine de la grande coupe de la trouvaille de Pétrossa. Elle était évidemment dans le
trésor d’un chef ou d’un roi barbare vers le ive siècle de notre ère, mais comme elle est
dissemblable de tous points des autres objets de ia trouvaille, on ne peut que tirer la
conclusion que nous avons déjà formulée au sujet de la phalère de Siverskaïa, c’est
qu’elle est l’œuvre d’un barbare, copiée grossièrement sur des bas-reliefs à sujets reli-
gieux de peuples civilisés. C’est ce qui s'est fait longtemps et ce qui se fait encore chez
certaines populations de l’Orient, particulièrement de nos jours au Daghestan.
Deux médailles de Pairizadès III(?) trouvées avec ces différents objets, donneraient
comme date la dernière partie du 11e siècle avant notre ère pour les pièces de cette
trouvaille, excepté pour la phalère d’or qui est assurément postérieure au reste des
objets1.
Faut-il voir dans ces ouvrages le travail de Grecs à la solde des rois du Pont, ou bien
au contraire ces pièces sont-elles l’œuvre de quelque orfèvre cimmérien? On ne peut
répondre affirmativement à ces questions; il est vraisemblable, toutefois, qu’il ne faut
pas chercher là l’œuvre de quelque artiste barbare, mais plutôt celle de ciseleurs grecs
d’un réel talent. Germain BAPST.
!. Voir Imhofl-Blümer, Portrælkœpfe aufantikenMünzen
hellenischer Vœlker, Leipzig, I8S5. Oreschnikow (Alex.),
Zur Münzkunde der Cimmerischen Bosphorus, Moscou,
1883. Oreschnikow (Alex.). Der Cimmerische Bosphorus zur
Zeit der Spartokidendynastie, 1884. Voyez aussi les Comptes
rendus de la commission impériale d'archéologie publiés
par Stephani, 1880. Atlas, pl. n , page 63. On sait que les
médailles de Pairisadès III (?) se trouvent en grande quan-
tité dans le sud de la Russie et au Caucase. Il en a été
trouvé un certain nombre dans un tombeau de femme et
d’homme avec des bijoux dont un diadème en feuilles de
laurier.