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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 12.1887

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Geymüller, Henri de: Bramante et la restauration de Sainte-Marie-des Grâces, à Milan
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https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0191

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BRAMANTE.

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tion. Elle fut même si forte que, très occupé alors à l’achèvement de notre Raffaello
architetto, nous l’enfermâmes sous clef, et n’y jetâmes plus le regard pendant plusieurs
semaines. Nous étions choqué surtout par des incorrections de perspective, excusables
dans un croquis, mais étranges dans une pièce lavée, d’une certaine dimension, puis
le trait fin et sec du tire-ligne ne faisait que mieux accuser le peu d’habileté du dessina-
teur en trahissant pour le moins une main encore peu expérimentée dans l’architec-
ture1. Rien ne semblait devoir révéler la main de Bramante auquel le comte Pompeo
Gherardi, l’ancien possesseur, attribuait le dessin, et jamais le maître illustre ne se
serait amusé, en l’année 1492, où nous le savons particulièrement occupé 2, à exécuter le
mesquin travail de hâcliures fines et croisées au tire-ligne que l’on voit dans les toits de
la nef.

Voulant toutefois, avant de renvoyer le dessin à Urbino, apprendre de lui tout ce que,
éventuellement, il était capable de nous enseigner, nous nous mîmes à le regarder
attentivement, à l’examiner, comme le font tous ceux qui ont l’habitude de vivre avec
les dessins anciens et en comprennent le langage. Pendant cet examen, nos yeux furent
attirés par quelques traits d’un autre caractère, non plus au tire-ligne, mais d’une
plume plus large, qui avait retouché certaines lignes, ajouté quelques traits de force
pour détacher les trois tribunes du tambour de la coupole, ou mieux marquer la ren-
contre des pilastres de la nef avec la corniche. Notre attention étant éveillée par cette
constatation, nous recherchâmes avec grand soin toutes les retouches de cette nature,
et il ne nous fut plus difficile, dès lors, de reconnaître que tout l’hémicvcle qui tient lieu
de transept, avait été redressé par cette autre main, ainsi que le montre la figure 1 où
nous avons calqué, sur l’original même, celles de ces rectifications sur lesquelles aucun
doute n’était possible3. La raison de cette modification ne tarda non plus à se manifes-
ter; c’était une erreur de perspective du dessinateur, dont les courbes horizontales
tombaient trop vers la droite, en sorte que l’impression de saillie de la tribune était
insuffisante; dans la figure ci-jointe, on voit la direction primitive de l’une de ces lignes
indiquée en pointillé.

Le nombre croissant de ces retouches augmentait en nous la curiosité de savoir si,
quelque part, elles nous fournissaient le moyen de reconnaître la main, à nous bien
connue, de celui qui, seul à nos yeux, pouvait avoir eu la haute direction dans l’invention
du monument : Bramante d’Urbin.Un examen scrupuleux des candélabres du transept fit
graduellement disparaître tous les doutes à cet égard. On y sent déjà une certaine
lourdeur, et quelques avant-coureurs de ce tremblement de la main chez Bramante,
dont parle Vasari, intermittent d’abord, croyons-nous, et dont un nombre suffisant de

1- Voyez surtout les fenêtres à frontons du tambour, les
chapiteaux des pilastres du rez-de-chaussée, etc.

2. Voyez pages 44-52 de notre étude.

3. Dans la partie à droite, assez sombre, quelques traits

Gazette archéologique. — Année 1887.

ont pu nous échapper, mais ceci n’a pas la moindre
importance, vu qu’il ne s’y trouve que des répétitions des
motifs parfaitement nets sur la partie éclairée de la planche
ci-jointe.

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