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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 12.1887

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Molinier, Émile: Le reliquaire de la vraie croix de la vrai Croix au trésor de Gran
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https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0281

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LE RELIQUAIRE DE LA VRAIE CROIX. 249

Ce document ne peut, en somme, que nous attester la présence du reliquaire en
Hongrie au commencement du xvie siècle. Je crois que le reliquaire de Gran est, lui
aussi, comme tant d’autres monuments byzantins, une épave du sac de Constantinople
en 1204. J’écarte donc l’hypothèse d’un envoi antérieur à cette époque, car l’ancien
trésor périt très probablement en 1196 dans l’incendie qui ruina l’église cathédrale.

Dans une lettre datée du 27 juin 1205, Innocent III se plaignait au roi de Hongrie,
André, de ce que plusieurs de ses sujets avaient enlevé par la force à l’un des clercs de
l’évêque de Porto, Benoît, cardinal de Sainte-Suzanne, une foule d’objets précieux qui
représentaient évidemment la part de l’évêque dans le butin de Constantinople. « Nous
avons su, dit le pontife, par la plainte de notre cher fils G., clerc de notre vénérable frère
Benoît, évêque de Porto, qu’à son retour d’outre-mer, Georges, frère de Sawin, Rodominus
et Gojan lui avaient enlevé par la violence cinq baudequins, deux samits, l’un rouge, Pautre
jaune un autre samit tissu d’or, deux tentures, cinq tapis, trois petites ampoules pleines de
baume, trois petits sacs remplis de bois d’aloës, cinquante-trois bougrans, cinquante-
deux camelots, des gants, des ceintures (?) et des pierres précieuses, des orfrois, des étoffes
sarrazinoises, un écrin où étaient des reliques et une croix d’or dans laquelle était du bois
de la vraie Croix, douze coffrets d’ivoire, deux couvertures d’évangéliaires en argent dans
lesquelles étaient des reliques, vingt-cinq anneaux dont l’un enchâssait une grosse
hyacinthe, cinq cents maymondins, d’autres étoffes et des livres1. »

Les réclamations d’innocent III eurent-elles l'effet qu’il en attendait? Nous n’en savons
rien d’une façon certaine, mais je crains bien que le clerc de L’évêque de Porto n’ait
jamais revu sa pacotille et que les Hongrois n’aient joué dans cette affaire le rôle du
troisième larron. Si l’on admettait cette hypothèse, pourquoi le reliquaire du Trésor de
Gran ne serait-il pas « la croix d’or contenant du bois de la Vraie Croix,» enlevée à
l’évêque de Porto? Il est certainement antérieur à 1204 et l’on ne pourrait élever
d’objections sérieuses contre cette hypothèse parce que le Pape parle d’une croix alors
que nous n’avons ici qu’un « reliquaire de la croix ». Il n’v aurait là qu’une licence
de langage fort acceptable. Pour ma part, l’opinion émise par mon regretté maître et
ami C. de Linas au sujet du reliquaire de Gran me paraît tout à fait acceptable, et je suis
heureux, en en publiant ici une bonne reproduction, de pouvoir rendre une fois de plus
hommage à sa science et à son flair archéologique.

Émile MOLINIER.

I. Cte Riant, Exuviae sacrae Constantinopolitanae, II,
p. 63 : « Accepimus aulem, dilecto filio, G., clerico vene-
rabilis fratris nostri B[enedicti] Portuensis episcopi., con-
querente quod Georgius, frater Sawin, Rodominus et
Gojan ei, de ultramarinis partibus redeunti : quinque
baldachinos, duo examita, unum rubeum, et alterum
ialinum, et aliud examitum auro contextum, duo pallia,
quinque carpetas, très ampullas balsami parvas, très sac-
culos de ligno aloes, quinquaginta et très buccararios,

quinquaginta et duos canielotos, chirotbecas, marsupia et
margaritas, grammata, pannos saracenicos, et unum
scrinium, ubi erant rcliquie, et crux aurea, in qua erat de
ligno Domini, duodecim vasa eburnea, duo texta Evangelii
de argento, in quibus erant reliquie, viginti et quinque
annulos, quorum unus magnum hyacinthum habebat,
quingentos mazamutinos, et alios pannos et libros, per
violentiam abstulerunt... »
 
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