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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 12.1887

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Héron de Villefosse, Antoine: Anse d’amphore en bronze appartenant au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.25011#0302

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266 anse d’amphore en bronze appartenant au MUSÉE DU LOUVRE.

touchante que les efforts des Grecs avaient su fixer. Entre leurs mains il est devenu un
ornement courant. Tantôt ils en décorent les meubles ou les ustensiles ; tantôt ils le
placent au centre des mosaïques; on le voit paraître sur les cuirasses des empereurs
ou sur les boucliers des héros; on l’admire sur les camées, sur les lampes1 et jusque
sur les petites urnes sépulcrales déposées sous les voûtes sombres des tombeaux.
L’image de Méduse, en effet, a un caractère funèbre indéniable. Virgile place les
Gorgones dans les enfers2.

Ce caractère funèbre permet d’expliquer sa présence au milieu d’un fronton en granit gris
conservé au Musée de Clermont-Ferrand, dont l’interprétation a donné naissance à une
étrange idée. Il semble certain que ce fronton, mesurant|à la base à peine 2 m. 40, ne
peut provenir que d’un tombeau. Ses dimensions autorisent à le croire; le masque qui
en occupe le centre confirme cette hypothèse. La tête de Méduse y est représentée de face
sur un fond d’éeailles; deux ailes ombragent ses tempes; les yeux semblent éteints, et
de ce front assombri s’élancent des serpents dont les mouvements sinueux remplissent
les angles du fronton. L’effet de cette large sculpture est saisissant; on comprend l’im-
pression quelle devait produire, placée à une certaine hauteur, dominant l’entrée d’un
tombeau; la matière sombre dans laquelle le monument était taillé ajoutait encore à cette
sensation de tristesse.

Du temps de Symeoni3, ce fronton était encastré au dessus de la porte de l’hôpital de
Clermont; le savant florentin y reconnut sans peine une tête de Méduse. Il ne pouvait
y avoir de doute sur cette attribution. Mais cent ans plus tard, Mézeray4 s’avisa de voir
dans la même image « un abrégé de La théologie des Druides » ! Cet abrégé devait
trouver un commentateur : dom Martin5 déclara à son tour que « cette figure extraor-
dinaire était celle pTOnuava ou Vénus céleste ». Il faut lire les arguments qu’il déve-
loppe à ce sujet ! Tous les dieux de l’Orient viennent à son aide; il évoque tour à tour le
prophète Baruch, Sanchoniaton, Pliilon de Byblos et bien d’autres. Dès lors, c’est une
opinion reçue et, pendant un siècle (de 1727 à 1826), les Arvernes6 vénérèrent la pré-
cieuse image jusqu’au jour où l’antiquaire Jorand7 essayant de réagir contre cette
absurde croyance, en démontra l’inanité.

Je ne voudrais pas jurer qu’Onuava n’a plus d’adorateurs; les faux dieux trouvent
toujours des dévots.

ant. héron de villefosse.

1. On peut rappeler en particulier une superbe lampe
circulaire à six. becs de la collection Alessandro Castellani,
Catalogue de la vente de Rome, n. 280.

2. Aeneid. VI, 289.

3. Description de la Limagne d’Auvergne en forme de
dialogue, trad. Antoine Chappuys, 1561, p. -MO.

4. Abrégé chronologique de l’histoire de France, t. I,
p. 33.

5. La religion des Gaulois, t. Il, p. -MO, avec une

planche cpii reproduit le mauvais dessin de Symeoni.

6. Rabani-Beauregard et Gault, Tableau de la ci-devant
province d'Auvergne avec l’explication des monuments et
antiquités, p. M9, pl. i, n. 1. — L’abbé Delarbre, Notice
sur l’ancien royaume des Auvergnats et sur la ville de Cler-
mont, p. 7-9, etc.

7. De la nécessité d’être exact dans la représentation et
la description des monuments archéologiques [avec 3 dessins
de la Méduse de Clermont-Ferrand] (extr. des Mém. de la
Société royale des antiquaires de France, t. VII, 1826,
p. 237 à 273.
 
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