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VASES A FIGURINES DE LIEE DE CHYPRE
noir et rappelant exactement le même ornement sur les vases grecs à figures rouges de
style tout à fait libre, particulièrement sur les vases de la Cyrénaïque. Une bande plus
large au dessous est décorée au contraire d’un grand rinceau, dont chaque enroulement
donne naissance à une palmette, le tout dessiné sur un fond clair. Le reste du décor
consiste en rangs d’oves et de pétales noirs aigus. La figurine de femme, drapée avec
beaucoup de liberté, un sein découvert, a sa coiffure terminée en pointe, pour indiquer
soit un chignon très relevé', soit une sorte de bonnet ou de capuchon dont les terres
cuites d’une époque avancée, particulièrement à Chypre, gratifient volontiers les figures
auxquelles elles veulent conserver un caractère oriental. C’est tout à fait par erreur que
l’on a pris la seconde figure pour une autre représentation féminine1; il faut y
reconnaître certainement, malgré sa tête brisée, un Éros nu, dont les grandes ailes,
ouvertes en croissant, passent derrière la jeune femme.
Le vase n° 57, qui est le plus complet, est richement rayé de bandes d’oves, de
grecques, de pétales aigus, de larges parties treillissées de lignes noires. L’ornement
le plus apparent est un rinceau de feuilles de lierre cordiformes, avec grappes de fruits,
peint en rouge brun sur le fond et traité tout à fait dans le type libre et dégagé des
vases d’Astéas et autres du même temps, qui répondent, comme les vases de la Cyré-
naïque, à l’époque des successeurs d’Alexandre. C’est donc très probablement avec les
nouveaux habitants colonisés par les Ptolémées que ce type perfectionné et beaucoup
plus grec s’introduisit dans les nécropoles d'Arsinoê, mais sans abandonner la forme
traditionnelle et si particulière des anciens vases de Marion. Ici, le grand Éros,
associé à la figurine de femme, a ses bras tombants le long du corps, comme une idole
archaïque, ses grandes ailes repliées; sa tête est nimbée d’un large disque.
III.
Il faut avouer que l’addition d’une figure mythologique, introduite par les Grecs à
côté de la figure de la femme à la cruche, a bien un peu l’air d’une interprétation et
rend beaucoup moins simple P explication que bon peut donner de ce motif traditionnel.
Il est vrai qu’il est facile de dire, en se désintéressant de toute recherche du sujet, que
le groupe représente simplement Éros à côté d’une jeune fille1. On rencontre en effet
assez fréquemment, parmi les terres cuites grecques, des jeunes filles près desquelles
vole ou se pose quelque petit amour; mais ce sont des amours enfants et non des grands
Éros, comme ceux-ci, aussi hauts que leur compagne. Dans une île dont Aphrodite est
la grande déesse, on ne peut s’empêcher de soupçonner que sa religion et les mythes
qui s’y rattachent ne sont pas tout à fait étrangers à la formation d’un pareil couple.
p. 57, note 97.
2. « Eros und ein Madchen .» Hermann, p. 58.
1. « Gruppe von zwei bekleideten Madchen, das
eine mit màchtigen Sculterflügeln. » P. Hermann,
VASES A FIGURINES DE LIEE DE CHYPRE
noir et rappelant exactement le même ornement sur les vases grecs à figures rouges de
style tout à fait libre, particulièrement sur les vases de la Cyrénaïque. Une bande plus
large au dessous est décorée au contraire d’un grand rinceau, dont chaque enroulement
donne naissance à une palmette, le tout dessiné sur un fond clair. Le reste du décor
consiste en rangs d’oves et de pétales noirs aigus. La figurine de femme, drapée avec
beaucoup de liberté, un sein découvert, a sa coiffure terminée en pointe, pour indiquer
soit un chignon très relevé', soit une sorte de bonnet ou de capuchon dont les terres
cuites d’une époque avancée, particulièrement à Chypre, gratifient volontiers les figures
auxquelles elles veulent conserver un caractère oriental. C’est tout à fait par erreur que
l’on a pris la seconde figure pour une autre représentation féminine1; il faut y
reconnaître certainement, malgré sa tête brisée, un Éros nu, dont les grandes ailes,
ouvertes en croissant, passent derrière la jeune femme.
Le vase n° 57, qui est le plus complet, est richement rayé de bandes d’oves, de
grecques, de pétales aigus, de larges parties treillissées de lignes noires. L’ornement
le plus apparent est un rinceau de feuilles de lierre cordiformes, avec grappes de fruits,
peint en rouge brun sur le fond et traité tout à fait dans le type libre et dégagé des
vases d’Astéas et autres du même temps, qui répondent, comme les vases de la Cyré-
naïque, à l’époque des successeurs d’Alexandre. C’est donc très probablement avec les
nouveaux habitants colonisés par les Ptolémées que ce type perfectionné et beaucoup
plus grec s’introduisit dans les nécropoles d'Arsinoê, mais sans abandonner la forme
traditionnelle et si particulière des anciens vases de Marion. Ici, le grand Éros,
associé à la figurine de femme, a ses bras tombants le long du corps, comme une idole
archaïque, ses grandes ailes repliées; sa tête est nimbée d’un large disque.
III.
Il faut avouer que l’addition d’une figure mythologique, introduite par les Grecs à
côté de la figure de la femme à la cruche, a bien un peu l’air d’une interprétation et
rend beaucoup moins simple P explication que bon peut donner de ce motif traditionnel.
Il est vrai qu’il est facile de dire, en se désintéressant de toute recherche du sujet, que
le groupe représente simplement Éros à côté d’une jeune fille1. On rencontre en effet
assez fréquemment, parmi les terres cuites grecques, des jeunes filles près desquelles
vole ou se pose quelque petit amour; mais ce sont des amours enfants et non des grands
Éros, comme ceux-ci, aussi hauts que leur compagne. Dans une île dont Aphrodite est
la grande déesse, on ne peut s’empêcher de soupçonner que sa religion et les mythes
qui s’y rattachent ne sont pas tout à fait étrangers à la formation d’un pareil couple.
p. 57, note 97.
2. « Eros und ein Madchen .» Hermann, p. 58.
1. « Gruppe von zwei bekleideten Madchen, das
eine mit màchtigen Sculterflügeln. » P. Hermann,