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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 14.1889

DOI article:
Durrieu, Paul: Une peinture historique de Jean Foucquet: le roi Louis XI tenan un chapitre de l'Ordre de Saint-Michel
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https://doi.org/10.11588/diglit.22133#0087
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UNE PEINTURE HISTORIQUE DE JEAN FOUGQUET

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mestier sera et que par le souverain ordonné lui sera ». Le premier chancelier de l’Ordre,
qui est ici représenté, est Gui Bernard, évêque de Langues depuis 1453, et en cette
qualité duc et pair de France, diplomate habile, qui devait mourir en 148L.

La ligure ouverte et florissante que nous trouvons ensuite plus à droite, est celle du
greffier de l’Ordre, Jean Robertet (n° 9 de la planche). Le gros livre ou registre relié de
rouge qu’il tient entre ses mains le désigne sûrement. Il rappelle une des principales
attributions du greffier, qui devait remplir le rôle d’une sorte de secrétaire dans les
séances du chapitre. « Il sera tenu, disent les statuts, de rédiger par escript en un livre,
toutes les prouesses louables et haults faicts que le souverain et les chevaliers auront
par cy devant faicts et aussi dont il sera informé par le héraut de l’Ordre. Et sera icelui
greffier tenu de rapportier et monstrer la minute de ses dits escripts aux chapitres
ensuyvans pour estre veue et corrigée et après grossoyée et leue avec la minute de l’œuvre
subséquent. »

Il faut s’arrêter à cette figure de Jean Robertet. Malgré ses dimensions presque
microscopiques, la tête du greffier de l’Ordre est, dans le tableau, après la tête du roi
celle qui a été peinte par Foucquet avec le plus de finesse et de soins. La lecture de
l’ordonnance qui créa l’Ordre de Saint-Michel nous paraît fournir une raison qui explique
ce fait. Un des articles, qui a déjà été cité plus haut, porte que c’est au greffier, par
conséquent à notre Jean Robertet, que reviendra le soin de faire exécuter ultérieurement
les deux copies officielles des statuts, dont nous avons établi l’étroite parenté, sinon
même pour une d’elles l’identité absolue, avec le manuscrit français 19819. Jean Robertet
se trouve donc être le personnage qui a donné ou transmis à Foucquet la commande de
la peinture que nous avons sous les yeux. On comprend dès lors que son image
introduite dans le tableau ait été l’objet d’une attention toute particulière de la part de
l’artiste.

Jean Robertet, né à Montbrison vers 1420, mort en 1490, cpii fut successivement
secrétaire de trois rois de France et de trois ducs dé Bourbon, comptait parmi les beaux
esprits de son temps. La Croix du Maine, en lui consacrant une courte notice clans sa
Bibliothèque francoise, va jusqu’à le traiter de grand orateur et de grand poète, et
nous possédons plusieurs écrits sortis de sa plume, dont l’un a eu encore il y a quelque
cinquante ans les honneurs de l’édition f tandis que d'autres avaient été imprimés dès
le xvF siècle1 2. Mais Jean Robertet ne se piquait pas seulement de vers et de littérature,
c’était aussi un connaisseur en matière de beaux-arts. Il nous est resté de lui un
épigramme contre un méchant peintre de son temps, Rogier de Saint Lô. On voit par

1. Les douze dames de rhétorique, publiées pour la
première fois d’après le manuscrit de la Bibliothèque

royale et précédées d’une introduction par M. Louis
Batissier, Moulins, Desrosiers, 1837, in-4°.

2. Voir sur Jean Robertet : La croix du Maine,
Bibliothèque françoise, I, p. 583; et Notices et extraits
des manuscrits de la Bibliothèque nationale, V., p. 167.

Gazette Archéologique — Année 1890.

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