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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 14.1889

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Durrieu, Paul: Une peinture historique de Jean Foucquet: le roi Louis XI tenan un chapitre de l'Ordre de Saint-Michel
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https://doi.org/10.11588/diglit.22133#0092
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UNE PEINTURE HISTORIQUE DE JEAN FOUCQUET

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la Vie du Christ, par Ludolf le Chartreux1. Le portrait en question, sans être une
production d’une valeur supérieure, a été tracé avec beaucoup de soin, et certainement
d’après nature. Il nous montre, il est vrai, l’amiral de France tourné de profil à droite,
au lieu d'être de face. Néanmoins, on reconnaît parfaitement la même coupe de visage,
accompagnée du même air de fraîcheur et de jeunesse.

Quel est le personnage, vêtu d’une robe noire, sous le manteau de l’Ordre, et aux
cheveux déjà grisonnants, que Foucquet a placé à la droite du duc de Bourbon? Par un
geste familier, il passe son bras derrière le prince et vient poser sa main sur son épaule
gauche. Il y a là une nuance de sentiment délicatement indiquée, qui ne doit pas être
indifférente. Parmi les chevaliers de la première promotion, je n’en vois qu’un qui lut
assez qualifié pour se permettre d’en user ainsi avec un aussi haut personnage que le
duc de Bourbon, prince du sang, à la fois cousin et beau-frère du roi. C’est le connétable
de Saint-Pol, l’infortuné Louis de Luxembourg, dont la tête devait, cinq ans plus tard,
rouler sur l’échafaud (n° 14 de la planche). Il est le seul, en effet, avec le duc de Bourbon,
qui, dans l’ordonnance de création de l’Ordre, soit qualifié du titre de cousin du roi.
J’ajoute que dans la liste de promotion il prend rang, comme notre personnage dans
le tableau, immédiatement à la suite du duc Jean IL Ces remarques constituent assuré-
ment des présomptions assez fortes. Néanmoins, pour oser me prononcer définitivement,
je voudrais une preuve plus décisive qui manque encore.

C’est au contraire en toute certitude que nous pouvons saluer dans l’homme qui vient
ensuite, et dont on ne voit que la tête fine, aux yeux clignottants, sur un plan un peu
plus reculé, un grand bibliophile du xve siècle, Louis de Laval, seigneur de Ghâtillon,
successivement gouverneur du Dauphiné, de Gènes, de Paris, de Champagne et de Brie
et grand maître des eaux et forêts de France (n° 13 de la planche). L’amour de Louis de
Laval pour les beaux livres à images est attesté par de somptueux volumes enluminés à
ses frais que la Bibliothèque nationale a recueillis. Le plus remarquable est un livre
d’Heures connu sous le nom d’Heures de Laval, que le seigneur de Chatillon légua, à sa
mort, en 1489, à la dame de Beaujeu, duchesse de Bourbon (ms. latin 920). Ce qu’il y a
de piquant à noter, c’est que la décoration de ce livre d’Heures, orné par différentes
mains de milliers de figures dans les grandes miniatures et dans les encadrements, est
indubitablement un produit de l’atelier fondé par Foucquet2. Peut-être même, certaines
pages ont-elles été peintes par le maître en personne. L’auteur du frontispice des statuts

1. Bibliothèque nationale, manuscrit français 179,
f° 125 verso. — Conf. Paulin Paris, Les manuscrits
françois cle la Bibliothèque du roi, II, p. 77.

2. Deux des miniatures de ce manuscrit, représen-
tant l’adoration des bergers et l’épisode de saint Mar-
tin donnant la moitié de son manteau à un pauvre

(ffos 98 et 300 verso du volume), sont des imitations
flagrantes des deux compositions analogues peintes
par Jean Foucquet dans le livre d’Heures de maître
Etienne Chevalier ; mais l’exécution trahit un prati-
cien de talent secondaire.
 
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