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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 14.1889

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Molinier, Émile: La collection Spitzer
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https://doi.org/10.11588/diglit.22133#0127
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LA COLLECTION SPITZER

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les boîtiers de montre. A dire vrai, si cette décoration gravée appliquée à de grandes
pièces d’orfèvrerie est quelquefois condamnable, ici, dans des objets de si minimes pro-
portions, elle n’a rien de choquant. Les scènes tirées de l’histoire d’Abraham et de Jacob
se lisent bien, et les personnages, d’une élégance un peu maniérée qu’on y rencontre,
font bon ménage avec les décors repoussés et les fines arabesques qui entourent le
saleron.

On a souvent reproché à la Collection Spitzer de ne pas renfermer davantage de monu-
ments appartenant à ce que l’on appelle communément le grand art, et Spitzer lui-
même, fort sensible à ce reproche, vers la fin de sa vie, songea à développer son musée
dans ce sens. Y serait-il parvenu? peut-être, étant donné le rare.bonheur qu’il a toujours
eu dans ses acquisitions; mais cependant il était bien tard pour former une série de
sculptures hors ligne et de tableaux de choix. Aussi bien, pour ma part, je trouve ce
reproche peu fondé, et j’estime qu’en y prenant garde, il risquait de dénaturer sa
Collection, formée primitivement avec l’idée bien arrêtée, le but bien défini de faire un
musée d’art industriel. Et en adoptant cette ligne de conduite, la sculpture était bien
suffisamment représentée dans sa Collection pour faire comprendre les applications du
marbre ou de la pierre, du bronze ou de la terre-cuite. Des chenets tels que ceux qui
flanquent la grande cheminée du cabinet de travail de la rue de Villejust, des statuettes
comme le portrait de Peter Yischer, le Cavalier antique d’Andrea Riccio, des bustes
tels que le portra it d'un jeune hom me ou le portrait d'une femme âgée, et beaucoup
d’autres bronzes, figures, groupes, encriers, lampes ou flambeaux, sont-ils vraiment tant
à dédaigner et à reléguer dans les productions de l’industrie, dans le sens que l’on
attache d’ordinaire à ce mot? Non, vraiment, toutes ces pièces appartiennent au grand
art, et au plus grand. Pour un musée d’art décoratif, pouvait-on trouver meilleur
exemple de décoration en marbre que ce grand ensemble que M. W. Bode a restitué à
Antonio Lombardi? Cette série de bas-reliefs (pl. 32-33) exécutés en 1508 pour le duc
Alphonse de Ferrare, pour décorer une salle de sa résidence, transportée plus tard au
château de Sassuolo, constitue une série de modèles du meilleur goût et de la plus grande
finesse. Les reproches que l’on peut adresser aux deux bas-reliefs principaux, La lutte
de Minerve et de Neptune, La forge de Vulcain, n’atteignent pas la partie purement
décorative. Si on peut trouver que les figures sont d’une facture sèche et trop précieuse,
si on peut les considérer comme de froides imitations de la sculpture antique, on ne
saurait méconnaître la grâce et la fantaisie qui ont présidé à l’harmonieux arrangement
des feuillages et des arabesques. On chercherait longtemps un spécimen plus complétée
la décoration vénitienne, avec toutes ses qualités mélangées à quelques défauts, au
commencement du xvie siècle. Nous ignorons dans quel ordre étaient disposés à l’origine
tous ces bas-reliefs; il ne faut donc point porter un jugement sur l’ensemble de ce grand
panneau décoratif, mais en considérer tous les éléments un à un; alors vraiment on se
 
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