Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux (14.1889)

CHRONIQUE

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS & BELLES-LETTRES

Séance du 2 novembre 1888.

M. Aloïs Heiss lit un mémoire intitulé Essai
sur les monnaies frappées en Espagne par les
Suèves. Cette étude doit prochainement paraître
dans la Revue numismatique.

M. Bénédite, attaché au département égyptien
du musée du Louvre, rend compte de son explo-
ration archéologique de l’île de Philœ. Il a
particulièrement étudié un édifice qui, d’après
une inscription, fut restauré sous le règne de
Nectanébo II ; cet édifice, appelé haït en égy-
ptien, est bâti en grès de Silsileh désigné dans
l’inscription sous le nom de pierre cle Rut.
C’était, suivant M. Bénédite, un pavillon destiné
à servir d’embarcadère à la déesse His quand
elle partait pour les voyages qu’on lui faisait
faire en Ethiopie.

SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1888.

M. Hauvette-Besnault, maître des confé-
rences à la Faculté des Lettres, communique à
l’Académie des fragments d’un travail dont le
but principal est de défendre la science géogra-
phique d’Hérodote contre les critiques de plu-
sieurs savants modernes. Il démontre, par
exemple, qu’Hérodote a eu raison de rejeter les
traditions courantes de son temps sur les Hyper-
boréens, les monts Riphées et la source de
l ister. Ces traditions n’étaient point aussi justes
ni aussi précises que le disent quelques érudits
qui récemment se sont efforcés de les réhabiliter.

SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 1888.

M. Foucart donne une traduction du discours
de Néron dont le texte grec a été récemment
trouvé par M. Holleaux dans les fouilles d’A-
craephiæ. Néron prononça ce discours à Corinthe
en proclamant la liberté de la Grèce.

M. Foucart annonce en meme temps àl’Aca-
démie que des fouilles ont été entreprises au
temple des Muses, près de Thespies, et se conti-
nuent sous la direction de M. Jamot, membre

Chronique. — Année IS89

de l’Ecole française de Rome. On a déjà mis au
jour les soubassements du temple, des chapiteaux
ioniques, des fragments en bronze et diverses
inscriptions.

Séance du 30 novembre 1888.

M. de Vogué annonce à l’Académie les dé-
couvertes qui ont été faites récemment à Car-
thage, par le R. P. Delattre. Les fouilles du
savant missionnaire ont porté sur deux points,
la colline de Byrsa et la nécropole de Gamart.
A Byrsa, on a mis au jour toute une série de
sépultures qu’on peut rapporter aux premiers
temps de la Carthage punique. Il a trouvé par-
ticulièrement un tombeau analogue à celui qui
a été découvert lors de la construction de la
cathédrale de Carthage. Les cadavres y étaient
couchés sur un lit funéraire et accompagnés
de bijoux, d’armes, quelques-unes de ces der-
nières avec des fragments phéniciens. Dans la
nécropole de Gamart, les fouilles du P. Delattre
ont fourni lapreuve que cette nécropole ne
remonte qu’à l’époque postérieure à la destruc-
tion de la Carthage punique par Sc-ipion : c’est
la nécropole de la Carthage romaine et elle
avait un quartier réservé spécialement à la colo-
nie juive. M. de Vogué se propose de revenir
ultérieurement sur ces intéressantes décou-
vertes.

Séance du 7 décembre 1888.

M. J. Flach communique une notice sur
deux manuscrits de la collection Barrois, récem-
ment recouvrés par la Bibliothèque nationale.
Ces manuscrits qui portaient, dans la collection
Barrois, à Ashburnham Place, les nos 285 et
336, ne sont, en réalité, que les deux moitiés
d’un même volume, qu’on a falsifiées l’une et
l’autre pour les rendre méconnaissables. Ce volu-
me est le manuscrit latin 4.719 de la Biblio-
thèque nationale, dérobé à la Bibliothèque entre
1840 et 1848. Ce manuscrit contient le traité
intitulé : Exceptiones legum Romanorum, ou-
vrage de droit romain attribué à un certain

1