DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:Darcel, Alfred: Exposition d'art et d'archéologie, à Amiens [1]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.17223#0039
3/j GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
active de M. de Boyer de Sainte-Suzanne, secrétaire général de la préfec-
ture d'Amiens. Ces délibérations servent de préface au catalogue de l'ex-
position, que précède en outre une série de notices succinctes sur l'histoire
des principaux arts qui y sont représentés. Ces notices expliquent les
développements, les transformations et les progrès de la peinture, de la
sculpture, de la céramique, des émaux, de l'orfèvrerie et enfin de l'ameu-
blement. Ce sont comme des traités élémentaires à l'usage de ceux qui
devaient entrer à l'exposition sans la moindre connaissance de ce qu'ils
allaient contempler d'un œil plus ou moins distrait, et qui ont pu en sor-
tir, de cette manière, avec quelques notions exactes et précises. Pour tous,
c'est un excellent mémento. Les savants de l'industrielle cité picarde ont
montré en ceci le même sens pratique que les rédacteurs du livret qui
nous servait de guide à l'Exhibition de Manchester.
La peinture formait la division la plus importante de l'exposition
d'Amiens; non pas la peinture actuelle qui en était exclue, mais la pein-
ture ancienne et moderne, ayant un propriétaire picard : musée, église ou
amateur. Venaient ensuite les arts du moyen âge : l'orfèvrerie, l'émail,
l'ivoire, représentés par les reliquaires de plusieurs églises et par la belle
collection de M. Bouvier. Des verreries antiques, quelques bronzes, la suite
des monnaies françaises et des monnaies picardes, des émaux peints du
xviie siècle, la collection de serrurerie de M. Delaherche, de Beau vais; des
grés de Flandre; quelques majoliques; la collection complète et impor-
tante des graveurs d'Abbeville; des dessins de différentes écoles apparte-
nant à M. de Ghennevières, Bas-Normand venu de Bellesmes à Abbeville...
pour être Picard; des montres émaillées, des miniatures; une monogra-
phie de la cathédrale d'Amiens, cet autre musée admirable et toujours
admiré, monographie dessinée, coloriée, photographiée ou modelée en re-
lief; des meubles, des tentures, des broderies et des vitraux... ; tout cela
formait un pêle-mêle éclatant, dont nous parlerons un peu à l'aventure,
comme nous l'avons vu. Nous commencerons cependant par la pein-
ture.
Mais, au moment d'examiner les tableaux exposés à Amiens, un scru-
pule nous saisit, tardif il est vrai. Allons-nous accepter ou discuter les
attributions ambitieuses données à certains tableaux par leurs proprié-
taires? En discutant, nous risquons d'être désagréable à une foule de
braves gens qui pensent avoir montré un grand patriotisme provincial.
En acceptant, nous risquons dépasser pour un ignorant fieffé. Or, un igno-
rant qui se tait, étant beaucoup plus mal vu d'habitude qu'un ignorant qui
décide et qui tranche, nous allons trancher et décider, qu'on nous le par-
donne. Le livret, lui, a pris le bon parti, ou du moins le plus prudent :
active de M. de Boyer de Sainte-Suzanne, secrétaire général de la préfec-
ture d'Amiens. Ces délibérations servent de préface au catalogue de l'ex-
position, que précède en outre une série de notices succinctes sur l'histoire
des principaux arts qui y sont représentés. Ces notices expliquent les
développements, les transformations et les progrès de la peinture, de la
sculpture, de la céramique, des émaux, de l'orfèvrerie et enfin de l'ameu-
blement. Ce sont comme des traités élémentaires à l'usage de ceux qui
devaient entrer à l'exposition sans la moindre connaissance de ce qu'ils
allaient contempler d'un œil plus ou moins distrait, et qui ont pu en sor-
tir, de cette manière, avec quelques notions exactes et précises. Pour tous,
c'est un excellent mémento. Les savants de l'industrielle cité picarde ont
montré en ceci le même sens pratique que les rédacteurs du livret qui
nous servait de guide à l'Exhibition de Manchester.
La peinture formait la division la plus importante de l'exposition
d'Amiens; non pas la peinture actuelle qui en était exclue, mais la pein-
ture ancienne et moderne, ayant un propriétaire picard : musée, église ou
amateur. Venaient ensuite les arts du moyen âge : l'orfèvrerie, l'émail,
l'ivoire, représentés par les reliquaires de plusieurs églises et par la belle
collection de M. Bouvier. Des verreries antiques, quelques bronzes, la suite
des monnaies françaises et des monnaies picardes, des émaux peints du
xviie siècle, la collection de serrurerie de M. Delaherche, de Beau vais; des
grés de Flandre; quelques majoliques; la collection complète et impor-
tante des graveurs d'Abbeville; des dessins de différentes écoles apparte-
nant à M. de Ghennevières, Bas-Normand venu de Bellesmes à Abbeville...
pour être Picard; des montres émaillées, des miniatures; une monogra-
phie de la cathédrale d'Amiens, cet autre musée admirable et toujours
admiré, monographie dessinée, coloriée, photographiée ou modelée en re-
lief; des meubles, des tentures, des broderies et des vitraux... ; tout cela
formait un pêle-mêle éclatant, dont nous parlerons un peu à l'aventure,
comme nous l'avons vu. Nous commencerons cependant par la pein-
ture.
Mais, au moment d'examiner les tableaux exposés à Amiens, un scru-
pule nous saisit, tardif il est vrai. Allons-nous accepter ou discuter les
attributions ambitieuses données à certains tableaux par leurs proprié-
taires? En discutant, nous risquons d'être désagréable à une foule de
braves gens qui pensent avoir montré un grand patriotisme provincial.
En acceptant, nous risquons dépasser pour un ignorant fieffé. Or, un igno-
rant qui se tait, étant beaucoup plus mal vu d'habitude qu'un ignorant qui
décide et qui tranche, nous allons trancher et décider, qu'on nous le par-
donne. Le livret, lui, a pris le bon parti, ou du moins le plus prudent :