Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (7.1860)

LE CABINET DES ESTAMPES

SON ORIGINE ET SES DÉVELOPPEMENTS SUCCESSIFS

Le Cabinet des Estampes n'a pas une ori-
gine fort ancienne; ce fut en 4666, sur la pro-
position de J.-B. Colbert, alors premier ministre,
que Louis XIY institua ce précieux dépôt, en
acquérant pour l'État une première collection
de pièces gravées. Le roi comprit l'utilité de
réunir aux richesses de la Bibliothèque, déjà si
considérables à cette époque, un cabinet de gra-
vures, complément indispensable d'une collection historique. A côté
des livres dans lesquels sont consignés les faits les plus mémorables
comme les plus cachés de l'histoire, l'estampe est le plus souvent néces-
saire pour montrer aux yeux ce que le volume apprend à l'intelligence;
elle confirme la narration et l'éclaircit. La meilleure description de tel
événement, les circonstances caractéristiques de tel combat ne peuvent
être bien comprises si l'on ne connaît le pays où ce combat a eu lieu, où
cet événement s'est accompli. Comment expliquer les causes d'une vic-

1. Voulant donner un spécimen des estampes belles et précieuses que possède la
Bibliothèque impériale de Paris, nous avons cherché, dans le nombre infini des pièces
hors ligne qui y sont conservées, des planches qui n'avaient encore été reproduites
nulle part. L'école italienne se trouve donc représentée par un petit nielle, une Musc.
décrit par M. Duchesne aîné, et par le Combat de deux Centaures, estampe presque
introuvable d'Ant. Pollajuolo; le maître de 1466, avec une de ses plus belles pièces, la
Sainte Véronique, personnifie l'école d'outre-Rhin; enfin un paysage de Francisque
Millet, le Voyageur, et une charmante figure de Callot, donnent bien la physionomie
de notre école française, école souvenl grandiose et toujours spirituelle.

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