158 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
du philologue Gevaerts, leur ami commun ', il semble permis de sup-
poser que Rubens réclamait un privilège analogue en Hollande, et ce
serait alors à cette requête que ferait allusion la lettre suivante :
a A Sir Dudley Carleton2.
« Anvors, 23 mai 1019.
« Très-excellent soigneur,
« Je ne me suis nullement trompé en supposant que Votre Excellence était la seule
personne capable par son habileté de conduire à bonne fin des négociations autrement
impossibles. Rien de plus opportun certainement que le don que Votre Excellence a
fait à ces seigneurs de la chasse de ces formidables animaux et de la pèche des apôtres
qui sont réellement devenus pour nous des pêcheurs d'hommes. Comme votre Excel-
lence me l'insinue finement, il ne me paraît pas étrange que toute chose jouisse d'une
plus grande efficacité sous son propre climat. En fait, rien à obtenir sans ces moyens,
bien que la raison alléguée par les États-généraux que je ne suis ni sujet, ni résident de
leurs Étals ne mérite pas grande considération, puisque les autres princes ou républi-
ques ne l'ont jamais alléguée et qu'il leur a paru juste d'établir que leurs sujets ne
causent aucun tort ni préjudice à personne en empiétant sur les travaux d'autrui. En
outre, tous les potentats, si divisés entre eux sur de plus grandes questions, ont cou-
tume d'être d'accord pour favoriser et protéger la vertu, les sciences et les arts, ou au
moins devraient-ils l'être. J'ai envoyé l'exposé de mes prétentions à un ami qui en ren-
dra un compte fidèle à votre Excellence. En même temps, je prie votre Excellence de
prêter la main à l'entreprise jusqu'à son entière réussite. Et, finalement, je vous baise
les mains avec un millier de remercîments pour l'estime et la grande affection que vous
me témoignez, à moi, qui désire sincèrement pouvoir vous servir plus à votre goût et
au mien.
« De votre Excellence, le très-humble serviteur,
« Pietro Pauolo Rubens. »
« Il arrive souvent que dans une assemblée dont les membres ont été gagnés un par
un, plusieurs de ces seigneurs, une fois réunis, agissent cependant contrairement à
leurs promesses. Je prie donc Votre Excellence de considérer avec sa prudence habi-
tuelle si mes prétentions ne risquent pas d'échouer encore devant un nouveau refus, et
si vous prévoyez quelque résultat équivoque, je vous prie d'abandonner l'affaire sans
tenter de nouvelles démarches. Je n?ai pas changé d'idée, et je n'estimerais pas peu
d'obtenir celte faveur, mais d'autres puissants motifs me rendraient désagréable de me
montrer importun en la sollicitant. Je baise de nouveau les mains de Votre Excel-
lence. »
Au mois de juillet 1619, lord Danvers, plus tard comte de Danby,
1. Lettres inédites de Rubens, publiées par Emile Gaehet, page 1.
2. L'original en italien se trouve aux archives d'Angleterre. Voy. Sainsbury, passim, appen-
dix, page 248.
du philologue Gevaerts, leur ami commun ', il semble permis de sup-
poser que Rubens réclamait un privilège analogue en Hollande, et ce
serait alors à cette requête que ferait allusion la lettre suivante :
a A Sir Dudley Carleton2.
« Anvors, 23 mai 1019.
« Très-excellent soigneur,
« Je ne me suis nullement trompé en supposant que Votre Excellence était la seule
personne capable par son habileté de conduire à bonne fin des négociations autrement
impossibles. Rien de plus opportun certainement que le don que Votre Excellence a
fait à ces seigneurs de la chasse de ces formidables animaux et de la pèche des apôtres
qui sont réellement devenus pour nous des pêcheurs d'hommes. Comme votre Excel-
lence me l'insinue finement, il ne me paraît pas étrange que toute chose jouisse d'une
plus grande efficacité sous son propre climat. En fait, rien à obtenir sans ces moyens,
bien que la raison alléguée par les États-généraux que je ne suis ni sujet, ni résident de
leurs Étals ne mérite pas grande considération, puisque les autres princes ou républi-
ques ne l'ont jamais alléguée et qu'il leur a paru juste d'établir que leurs sujets ne
causent aucun tort ni préjudice à personne en empiétant sur les travaux d'autrui. En
outre, tous les potentats, si divisés entre eux sur de plus grandes questions, ont cou-
tume d'être d'accord pour favoriser et protéger la vertu, les sciences et les arts, ou au
moins devraient-ils l'être. J'ai envoyé l'exposé de mes prétentions à un ami qui en ren-
dra un compte fidèle à votre Excellence. En même temps, je prie votre Excellence de
prêter la main à l'entreprise jusqu'à son entière réussite. Et, finalement, je vous baise
les mains avec un millier de remercîments pour l'estime et la grande affection que vous
me témoignez, à moi, qui désire sincèrement pouvoir vous servir plus à votre goût et
au mien.
« De votre Excellence, le très-humble serviteur,
« Pietro Pauolo Rubens. »
« Il arrive souvent que dans une assemblée dont les membres ont été gagnés un par
un, plusieurs de ces seigneurs, une fois réunis, agissent cependant contrairement à
leurs promesses. Je prie donc Votre Excellence de considérer avec sa prudence habi-
tuelle si mes prétentions ne risquent pas d'échouer encore devant un nouveau refus, et
si vous prévoyez quelque résultat équivoque, je vous prie d'abandonner l'affaire sans
tenter de nouvelles démarches. Je n?ai pas changé d'idée, et je n'estimerais pas peu
d'obtenir celte faveur, mais d'autres puissants motifs me rendraient désagréable de me
montrer importun en la sollicitant. Je baise de nouveau les mains de Votre Excel-
lence. »
Au mois de juillet 1619, lord Danvers, plus tard comte de Danby,
1. Lettres inédites de Rubens, publiées par Emile Gaehet, page 1.
2. L'original en italien se trouve aux archives d'Angleterre. Voy. Sainsbury, passim, appen-
dix, page 248.