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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 7.1860

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Nr. 3
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Mouvement des arts et de la curiosité
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https://doi.org/10.11588/diglit.17223#0187

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180 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

M. Leber, a eu lieu les 4 et 5 juin, au domicile du défunt, rue des Pensées. Cette vente
avait attiré les amateurs du cru et quelques marchands de Paris et des villes voisines.
La bataille des enchères a révélé, parmi les Orléanais surtout, une ténacité et une stra-
tégie dignes des plus vigoureux champions de l'hôtel Drouot.

«Au moment où l'on croit que le dernier cri est poussé et que le marteau va défini-
tivement adjuger, un des prétendants se relève et bondit en faisant un effort suprême...
A la rescousse!... La palme lui reste; il s'essuie le front, et tout aussitôt un frémisse-
ment, et quelquefois même des applaudissements, retentissent dans toute la salle.

« C'est ce qui est arrivé pour un portrait de Jeanne Darc, toile assez médiocre du
xvme siècle. La pauvre pucelle, dans un costume fagoté, à peu près pareil à celui que
vous voyez dans la gravure de Léonard Gauthier, tient l'épée de Ferbois et sourit d'un
air pâle. Mais enfin on a voulu en faire une Jeanne Darc, et cela nous suffit. Gomme
peinture, elle n'a aucune valeur, et cependant elle a été adjugée à un collectionneur
d'Orléans au prix de 315 francs.

«Un émail attribué à Pénicaut III, non signé et représentant un Calvaire, d'une fort
belle conservation, et que M. Leber avait respectueusement baisé, en présence de tous
les pharisiens de la vente, il y a une quinzaine d'années, le jour où cet objet lui fut
adjugé pour 120 francs, a été disputé avec un acharnement inusité. Arrivé au prix de
590 francs, il est resté à un simple marchand d'Olivet, qui fait le commerce des farines,
mais qui n'a pas de poudre dans les yeux quand il s'agit d'examiner un beau manus-
crit, un bel émail ou un tableau de maître.

« Le musée a augmenté ses collections d'un dessin de l'école de Fontainebleau, que
M. Leber attribuait au Rosso lui-même : c'est une pièce d'orfèvrerie d'une richesse de
style et d'une originalité incontestables. On lui a disputé deux dessins de Swebach,
faits à Saint-Pétersbourg, un vase de fleurs sur vélin, de Nicolas Robert, et un petit
dessin de Watteau, qui lui sont restés cependant à des prix relativement fort élevés.
J'ai gardé pour moi deux portraits gravés par Thomas de Leu : Marie de Médicis,
« Voyci le vray portraict d'une Reyne pudique, etc. », et Henri IV sur son trône, main
de justice et sceptre dans les mains, ayant sous ses pieds les attributs de la guerre, et
couronrïé par deux anges qui soutiennent les rideaux de son pavillon. Ce sont deux
jolies pièces qui me reviennent à 30 francs.

«Vous voyez que rien ne se donne, pas plus en province qu'à Paris, quand les objets
portent un cachet de noble origine.

«On dit que les livres et la collection d'estampes de M. Leber seront vendus à Paris.
Je souhaite, pour les cohéritiers, que l'on chauffe les enchères à la vente de ces belles
et curieuses collections, comme on vient de les chauffer chez nous pour des choses de
moindre importance.

«Croiriez-vous qu'un portrait gravé par Nanteuil, l'Intendant Fouquet, de 3e état,
a été vendu 40 francs? »

On a mis sur table encore, à cette vente, un dessin attribué à J.-B. Grateloup, le gra-
veur précieux de neuf portraits fort recherchés des amateurs. Son neveu Sylvestre Gra-
teloup, qui reçut de lui des leçons de gravure et qui existe encore à Bordeaux, a été
consulté à cet égard par M. de Langalerie. J.-B. Grateloup n'a jamais fait de dessins
qu'au crayon rouge, et Sylvestre a beaucoup dessiné et même gravé à l'imitation de son
oncle, qui ne se servit jamais des procédés de l'aqua-tinte ni de la manière noire, mais
qui gravait sur des plaques d'acier fondu. Nous avons sous les yeux un petit portrait
ovale de J. Dryden, tourné vers la droite, gravé par Sylvestre Grateloup en 1810. Le
 
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