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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 7.1860

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Nr. 5
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Baschet, Armand: Chronique vénitienne, [1]: le Musée Correr
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https://doi.org/10.11588/diglit.17223#0288

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LE Ml SÉE GORRER. 279

mations de la réclame : ce livre d'or qui lui manquait est sorti récem-
ment des presses vénitiennes; nous en devons l'œuvre au conservateur
actuel du musée, à M. Yincenzo Lazari, sous le titre de : TSotizia délie
opère (Tarie e d'antichità délia raccoltâ Gorrer di Venez)a. L'érudition et
l'étendue des notés, l'autorité des sources invoquées, la clarté et l'ordre
des divisions par genres d'objets, la sûreté des aperçus historiques pré-
cédant chacune des séries, sont les qualités premières de ce catalogue
qu'il faut regarder comme un bon livre, et de telles qualités sont assez
fortes par elles-mêmes pour valoir à l'ouvrage qu'elles distinguent, l'at-
tention des maîtres et des amis cle la curiosité.

La biographie et l'éloge du fondateur ouvrent le livre, et c'est justice;
mais elles n'ont rien d'exagéré, grâce au sens très-droit du biographe,
qui, à ce titre, ne s'est pas cru contraint à voir un demi-dieu ou un
héros des temps antiques dans le personnage qu'il n'avait, en effet, à
montrer que comme un amateur accompli et un parfait honnête homme,
capable de former une collection d'élite dans un double but de satisfac-
tion personnelle et de générosité patriotique. Teodoro Gorrer était, en
effet, un de ces hommes dont l'esprit n'est pas de nature à fournir plu-
sieurs carrières; il n'aurait assurément jamais su être général et amateur
à la fois, ou ministre et collectionneur, et sans contredit aussi il était
plutôt fait pour être amateur et collectionneur que pour être général ou
ministre : il en a donné une preuve notable lorsque, comprenant son
insuffisance ou son peu de goût pour le mouvement des affaires, comme
pour les manèges de la politique, il prit le vêtement d'abbé dans le but
de se facilement éviter tout accès aux charges d'État où l'appelait sa
naissance. La république, en effet, depuis un temps immémorial, avait
toujours exclu du traitement de ses affaires les moindres comme les plus
grands hommes d'église, leur abandonnant volontiers tout, hormis l'usage
de la politique. Or, comme une de ses lois fondamentales voulait que
tout patricien, dès l'âge de vingt-cinq ans, dût payer de sa personne et
répondre effectivement aux destins de l'élection pour l'emploi des charges,
le seul moyen d'échapper à cette volonté d'État consistait à être d'église,
prêtre, moine ou abbé. Teodoro Gorrer, dont toute l'ambition était celle du
repos, se fit donc abbé, et il en prit les insignes en 1780 : il était né
en 1750. Du jour où le patricien Gorrer fut l'abbé de ce nom, toutes ses
facultés et ses aptitudes furent au service de ses goûts favoris : il n'eut
plus qu'une idée, celle d'une collection; plus qu'un but, celui d'une col-
lection, et jusqu'à l'Age de quatre-vingts ans il voua à cette idée et à ce
but les moyens d'action et d'acquisition dont il était capable. Ainsi lut
formé le musée Gorrer, légué à la commune de Venise par son fondateur.

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