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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 7.1860

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Nr. 5
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Cantaloube, A.: Les dessins de Louis David
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https://doi.org/10.11588/diglit.17223#0295

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280 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

dans les cahiers, il s'est déjà affranchi de tout lien avec le xvme siècle.
Quelques-unes de ses compositions célèbres y sont déjà en germe, et
presque à chaque page on y remarque son goût vif pour l'antiquité. Outre
ces in-folio, il y avait un ou plusieurs cahiers de croquis par chaque ta-
bleau; le livret de la vente en désigne un bon nombre.

Au milieu de tant de dessins qui représentent le côté intime de son
œuvre., on ne tarde pas à découvrir des traits nouveaux qui ajoutent à
l'ensemble de sa physionomie. Ce regain particulier aux dessinateurs
dont l'œuvre est, en général, le résultat d'un travail réfléchi, longuement
préparé, devient à propos de David une large moisson. Sans compter les
matériaux dispersés dans les collections particulières, ce qui a été con-
servé par la famille, fière à juste titre d'un tel aïeul, est de nature à exci-
ter un vif intérêt. Généreusement admis par elle à y chercher des éléments
d'information, j'ai été de plus en plus attiré vers l'étude approfondie de
ces archives, monuments de la grande réforme qui nous a valu de si belles
pages. Dans le dépouillement de tant de cahiers, on rencontre, à côté des
qualités habituelles de David> du naturel, même de l'abandon, et, ce qui
est rare chez lui, quelques élans heureux vers la grâce. Tant d'œuvres,
pour ainsi dire nouvelles, font sentir qu'il cédait beaucoup moins qu'on
ne l!a dit aux inclinations académiques, et qu'il interprétait la nature à
la fois avec énergie et simplicité, quand il ne se préoccupait pas d'oppo-
ser son art austère aux fantaisies maniérées et lascives de ses devanciers.
Dès le début de sa réforme, David, on le sait, s'était donné pour idéal la
recherche du beau et du vrai à la façon de l'antique; en même temps,
continuateur de la tradition du Poussin, il aspirait à exprimer les idées
révélées par la philosophie, en faisant de ses tableaux autant de livres
ouverts.

L'art au xvme siècle avait subi de tristes déviations : quoiqu'il eût
trouvé beaucoup de charme et de variété dans les séductions de l'esprit
et de l'élégance, au fond il était artificiel comme un décor d'opéra. En
haine de ces écarts, David avait eu recours à un violent contraste ; dans
le but de remonter aux vrais principes, il avait accusé presque à outrance
un système contraire à l'abandon, à la facilité, au caprice. Gomment
s'étonner, dès lors, qu'il ait été inévitablement entraîné à exagérer son
système ? Si quelques-unes de ses œuvres pèchent par la roideur, par le
défaut de mouvement, c'est qu'il avait toujours en vue de détruire un
art maniéré en affirmant sans cesse la science logique du dessinateur. La
nécessité d'une mission si noble et si utile ne me parut jamais plus évi-
dente que le jour où je visitai, il y a quelques années, le pavillon de
Luciennes, séjour de madame Dubarry avant la Révolution. Avant qu'il
 
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