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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 19.1865

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Champfleury: Documents positifs sur la vie des frères Le Nain
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https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0049

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Douze ans plus tard, ayant amassé de nombreux matériaux, je lançai un gros
volume sur le même sujet,celui môme dont vous avez parlé; et je croyais avoir épuisé
la question, laissant à d’autres le soin de recueillir des faits nouveaux, lorsque l’intel-
ligent directeur du musée de Versailles, mon ami M. Eudore Soulié, me fit part de
pièces relatives aux Le Nain qu’il avait découvertes dans une étude de notaire.

Il s’agissait d’une succession recueillie par les trois frères ; et en lisant ces papiers,
cela me faisait autant de plaisir que si j’avais hérité moi-même.

Un jour de loisir je partis pour Laon, m’étant donné pour mission de visiter les
maisons de ville et de campagne, les champs, les prés, les bois, les vignes que les
trois frères eurent en partage. J’y allais comme dans mon domaine. Je voulais respirer
l’air qu’ils avaient respiré.

Jugez de mon étonnement, monsieur et ami.

Le même chemin que durent suivre plus d’une fois les Le Nain à la suite de leur
père et de leur mère, je l’avais également suivi avec mes parents pendant une dizaine
d’années. Sur la route de Laon à Mons-en-Laonnois s’étaient passées mes joies de jeu-
nesse, mes courses dans la montagne, mes curiosités d’enfance. A chaque buisson
étaient attachés avec mes souvenirs les souvenirs des Le Nain.

C’est donc avec mes souvenirs que j’ai écrit ceux de la jeunesse des Le Nain, sans
toutefois m’éloigner des sentiers étroits de l’école positive.

Des papiers testamentaires j’ai extrait la vie, prenant garde de me laisser entraîner
au caprice et à la fantaisie.

J'ai groupé à la fin de cette notice les matériaux qui m’ont aidé pendant mon travail,
comme un comptable qui donne les preuves après ses colonnes de chiffres. Et en ceci,
je ne crois pas m’être écarté de votre système d’études, vous, monsieur, si ami de
toutes les données caractéristiques, de toutes les circonstances précises et significa-
tives que vous prenez soin de rassembler autour de vos personnages, dans le cadre de
vos délicates et substantielles Causeries.

I.

Sur la principale porte de la ville de Laon, celle qui conduit aux
grandes voies du nord, sont sculptés les médaillons des grands hommes
du département.

Les tendances philosophiques et libérales du pays y ont fait donner
place à Condorcet et au général Foy, quoique le célèbre orateur de la
Restauration ne soit pas né dans le département.

Sur la façade opposée de la môme porte, un sculpteur a modelé
les traits de La Tour, natif de Saint-Quentin, et ceux de Berthélemy,
un nom en face duquel le voyageur doit se poser des points d’interro-
gation.

Peintre sans relief delà fin du xvme siècle, ce Berthélemy a usurpé
la place des frères Le Nain. Tel est l’espwt bourgeois de s’affoler pour
Berthélemy et de méconnaître l’austère bonhomie de peintres tels que
 
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