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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 19.1865

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Bulletin mensuel: Juillet 1865
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https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0195

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BULLETIN MENSUEL

JUILLET 1865

oici la lettre que nous recevons de notre collaborateur, M. Léon Lagrange.

1er ce mois-ci. C’était l'Histoire de l’architecture en France de M. Léon Chateau,
ouvrage très-bien fait et très-précieux pour nous tous ; c’était les Voyageurs français
en Italie de M. .1. Dumesnil; c’était une réimpression de Lamennais, sous le titre :
De l’Art et du Beau. Il y avait là matière à un bulletin bibliographique de quelque
intérêt peut-être. Mais, pour mon malheur, j’emportais aussi un livre qui a fait explo-
sion le mois dernier dans le ciel paisible de l’art; et ce livre, j’ai eu l’imprudence de
le lire le premier, tantôt le jetant loin de moi, tantôt le reprenant avec frénésie, si
bien que tout mon temps y a passé; si bien que, lorsque j’ai pris la plume, je n'ai
rien pu écrire qui n’eût trait à cette lecture tour à tour répulsive et attachante.

Vous devinez que je parle de l’ouvrage posthume de Proudhon : Du principe de
l’art et de sa destination sociale1. Après tout, c’est un véritable événement. Per-
mettez-moi de m’y tenir. Les autres volumes ne perdront rien pour attendre. Place au
nouveau docteur de l’esthétique révolutionnaire! En ces temps caniculaires, un peu de
fièvre chaude est de saison.

Un homme qui « ne sait rien de l’art » (c’est sa propre expression), qui juge des
œuvres d’art « par ce qu’il a appris en littérature, » qui n’a pas « l’intuition esthétique, »
qui déclare manquer « de ce sentiment prime-sautier du goût qui fait juger d’emblée si
une chose est belle ou non, » cet homme, conduit un jour devant un tableau de M. Cour-
bet (et quel tableau, le Relou ■ de la conférence !), forcé d’admirer l'œuvre d’un Franc-
Comtois et d’écouter ses plaintes, se demande de bonne foi ce que c’est qu’un art qui
produit de pareilles choses et ce qu’on en pourrait bien faire; puis, rentré chez lui, il
médite sur cette question, il lit quelques livres et quelques pamphlets, il consulte

Mon cher ami,

En quittant Paris, j’avais emporté quelques volumes dont je voulais par-

1. Paris, Garnier frères.
 
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