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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 19.1865

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Nr. 1
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Champfleury: Documents positifs sur la vie des frères Le Nain
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https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0062

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LES FRÈRES LE NAIN.

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peignirent la vie tranquille des laboureurs, l’honnêteté à la cam-
pagne, les charmes de la vie des champs, la satisfaction que laisse à
l’homme une vie occupée par les travaux manuels. Leur art ne fut con-
sacré qu’à peindre vos joies et vos peines ; ils aimaient les pauvres gens
et ne reculèrent pas devant les habits déguenillés, mais ils savaient
rehausser ces misères par l’épanouissement que donne la vertu.

Et le peuple qui criait, même en 1793 : Paix aux chaumières, eût
décrété d’utilité publique la modeste maison où avaient été élevés de si
braves peintres.

Pendant l’été de 1864 j’ai parcouru le Laonnois, cherchant les traces
de pas des frères Le Nain.

La maison paternelle rue des Prêtres n’existe plus à Laon.

La maison des champs de la Campignole, il n’en reste pas une pierre.

Le conseil municipal de Laon a oublié d’inscrire le nom des frères Le
Nain sur la porte où étaient gravés les traits des hommes les plus consi-
dérables du pays.

On a préféré un Berthélemy aux Le Nain.

La municipalité peut revenir sur cet oubli. Deux niches vides existent
sur la façade du Musée de la ville.

Que la personnification des trois frères y fasse pendant à un bas-
relief où seront retracées les scènes d’intérieur que les Le Nain aimaient
à reproduire.

La mémoire de peintres des sentiments domestiques du xvip siècle
vaut bien celle d’un homme de guerre du premier Empire.

Une ville voisine a élevé une statue de bronze à un simple portraitiste
en pastels. Certainement La Tour nous a conservé les airs de tête provo-
quants des femmes de son temps; mais en dehors du métier de peintre
très-remarquable chez les Le Nain il y a un sentiment de l’honnêteté,
du devoir et du travail qui en fait des artistes de premier ordre au second
rang.

Et si la ville se montrait ingrate envers des peintres dont le nom est
une gloire pour ce petit pays, l’industrie moderne, qui va mettre au jour
tant de riantes campagnes traversées jadis par les frères Le Nain, évo-
querait leur souvenir à chaque arrêt de la machine à vapeur qui sous
peu reliera le Soissonnais au Laonnois.

C II A M P F r. E U 1! Y.

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